Cette jeune femme fraîchement mariée se plaint d’avoir été trompée par son mari 2 jours après leur mariage.
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Comme on le voit, elle est choquée par cette trahison d’autant plus qu’ils n’ont même pas eu le temps de faire leur lune de miel, que la trahison a été rapide trop rapide. Si un homme normalement constitué est celui qui tôt ou tard finit par tromper sa femme, jadis, cette tromperie intervient normalement en moyenne 2, 5, 10 ou 20 ans après le mariage. En tout cas, pas lorsque les flonflons de la noce ont à peine le temps de s’estomper. Donc la souffrance fort compréhensible de la femme se situe dans cet aspect du temps où le vice de la nature masculine ne donne même plus le temps au temps de constituer ce qu’il va destituer par son instinct papillon et butineur. Mais quand on regarde la longueur de la déposition de la dame on est renversé par sa brièveté. On se dit que jadis une femme trompée -- et cela dans les délais normaux -- en rendait compte entre émotion, souffrance et pleurs, sur des pages et des pages. C’est d’ailleurs cette propension au déluge verbal de la souffrance amoureuse qui explique le penchant romanesque de la femme. Or ici la femme trompée se fait laconique. En trois quatre lignes, elle a déjà vidé son sac. En quelque sorte, elle est bien dans l’air du temps. Le temps qui ramène tout à la brièveté, le temps de cette époque qui après avoir renvoyé le télégramme au musée de la communication a réinventé sa place, entre SMS et Twitter, dans les pratiques quotidiennes ; ce temps où on ne prend plus temps de rien, ou tout s’expédie, ou s’échange en quelques secondes ou clics ; ce temps où tout est succinct, au point que les gens ont perdu jusqu’à la capacité d’exprimer le fond de leur pensée ; n’en ont plus ni l’aptitude, ni la patience encore moins les moyens. En quelque sorte, en se plaignant de l’attitude bestiale de son mari, par la brièveté de son expression, la jeune mariée ne fait que donner raison à son mari qui l’a trompée deux jours après leur mariage, de ce que la modernité rime avec brièveté, et que l’homme a retrouvé dans cet espace temps de l’instant son instinct profond de bête qui vit dans l’instant. De quoi se plaint-elle ? Elle voudrait avoir mangé son gâteau et l’avoir ? Elle veut que son mari la trompe 20 ans après leur mariage mais n’est apte à s’en plaindre qu’en 2 secondes ou 2 lignes ? Alan Basilegpo |
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