Tout cela est exact mais peut-être que pour lutter efficacement contre l'injustice du terrorisme, faudrait-il commencer par mettre fin à l'injustice que trahit le discours sous-jacent à la sélectivité des réactions aux crimes terroristes. Ce sentiment de deux-poids-deux-mesures. Quand un crime terroriste est commis en Europe, les Européens réagissent massivement, dramatisent cela, et, à voir la réaction qui en résulte comparée à leur silence ou à leur condamnation du seul bout des lèvres des crimes autrement plus monstrueux que commettent les mêmes terroristes ailleurs, on a le sentiment que les uns sont des êtres humains et les autres autre chose que des êtres humains ; on a le sentiment que l'être humain commence seulement avec les Blancs, les Occidentaux, les Européens, les enrichis au détriment des appauvris depuis plusieurs siècles : de l'esclavage au néocolonialisme en passant par le colonialisme. Les choses qui arrivent à un individu et pour lesquelles l’Occident mobilise le monde entier et remue ciel et terre, ces mêmes choses disons-nous arrivent chaque jour à des dizaines d’individus en Afrique -- Nigeria, Centrafrique, Kenya, Somalie, etc. -- et dans d'autres parties du monde -- Irak, Libye --, dans le silence et l'indifférence généraux. Prenez le cas du Nigeria ou Boko haram sévit, et le Bénin qui en est un pays voisin et frère. Combien de fois le président du Bénin, M. Yayi Boni, est-il parti au Nigeria pleurer les victimes de Boko haram ? Mais, à l'instar d'une brochette de ses semblables qui semblent n’avoir aucune conscience claire de ce qu'ils sont et font, le voilà répondant à l’appel de Paris, à manifester son soutien à la France, au besoin en appuyant son geste d’une idiotie lacrymale des plus affligeantes, alors que pareille idée ne lui a jamais traversé l'esprit en faveur de nos frères Nigérians qui meurent par dizaines chaque jour de la même cause. Et l'exemple du Nigeria et du Bénin choisi ici n'est qu'un cas parmi tant d'autres de l'indifférence générale des Africains vis-à-vis d'autres Africains ; de l’attentisme bestial qui les pousse à ne donner importance aux choses que lorsque que les occidentaux en ont décidé ainsi. Oui il faut être Charlie et refuser le terrorisme ; mais il faut l’être partout où il frappe ; et surtout en Afrique ne pas attendre que l’ordre de commisération vienne d'ailleurs avant de la ressentir comme telle. Car quand un dirigeant africain manifeste sa commisération pour 17 morts français tués à Paris par des terroristes, qui leur reprochent de blasphémer le prophète Mohamed, et ne fait rien lorsque d’autres terroristes tuent aveuglément autant d’innocents en deux jours au Nigeria, alors un tel dirigeant n'est rien moins que le roi des aliénés, le lider maximo des zombies. Et c'est pitoyable pour notre race… Dr Aboki Cosme |
Il est vrai aussi que même dans le pays voisin, le chef d'Etat concerné n'est pas moins indifférent que lui, et que même si c'est une comédie de flagornerie que Yayi Boni fait en versant je ne sais quelle larme de crocodile à Paris, cela indique d'abord et avant tout l'importance que les Français et leur président ont accordé à la mort des leurs sous les balles des terroristes. Si vous voulez que les gens compatissent avec vous, commencez d'abord par pâtir. Car dans compatir, il y a pâtir
Rédigé par : B.A. | 18 janvier 2015 à 20:45
On a encore plus mal au cœur quand on voit son chef d'Etat pleurer pour 17 Charlie pendant qu'il reste indifférent au massacre de plus de 2000 citoyens du pays voisin
Rédigé par : Christophe Dossouvi | 18 janvier 2015 à 16:53