En observant l’actualité politique, qu’observons-nous ? Au-delà des marches dont celles mémorables des 29 octobre et 11 décembre 2014, on observe des recompositions et repositionnements des groupes politiques, ponctués de proclamations diverses, regroupements politiques dont la plupart sont à base régionale à l’image de l’Alliance Nationale pour la Démocratie de Houdé, ou de la dernière née, l’Alliance Soleil regroupant des partis dits du nord tels, l’UDS, l’UPS, Force Espoir ou du parti du Président de l’Assemblée nationale; tout cela se reflétant à l’Assemblée nationale. On observe quoi ? Des conciliabules souterrains, des complots de toutes sortes en dehors (et à l’insu) du peuple avec des forces extérieures au pays pour la continuation du système actuel. Cela se traduit notamment par des déplacements et rencontres à l’extérieur du pays de candidats potentiels ou déclarés à la présidentielle, notamment de généraux-candidats dans le style évident de recherche d’un adoubement par les autorités de l’ancienne puissance coloniale pour la continuité du pacte colonial. Le Béninois lambda a besoin de savoir ces choses pour ne pas encore se retrouver le dindon de la farce. Et le Parti Communiste et la Convention patriotique des Forces de Gauche comme à leur habitude se font le devoir de l’éclairer, de lui indiquer les complots dont ils sont informés et qui se traduisent par le renforcement de l’exploitation et de la domination impérialistes.
Prenons certains des regroupements dont il est question et qui pour l’essentiel se font à l’encontre des intérêts du peuple. Il faut préciser ici que ce qu’on appelle « La Plate-forme » des organisations pour des élections crédibles n’est pas à proprement parler un regroupement politique. C’est un ensemble hétéroclite de partis ou regroupement de partis et organisations politiques et sociales qui se sont entendus sur une unité d’actions tendant à contrer les manœuvres frauduleuses et dilatoires de YAYI pour se perpétuer au pouvoir soit lui-même soit par personne interposée. Le seul lien entre eux est le départ de Yayi Boni au plus tard en avril 2016.
Je prends les deux regroupements que sont l’Alliance Nationale pour la Démocratie de Houdé, ou de la dernière née, l’Alliance Soleil. La première remarque est que ces regroupements sont tous à base régionale avec des relents régionalistes. La deuxième remarque et la plus importante est que ces regroupements sont tous composés des gens du sérail de YAYI Boni ; de gens qui l’ont servi fidèlement pendant au moins huit ans et qui au regard de sa fin prochaine cherchent à se repositionner ailleurs. Le cas de l’Alliance Soleil est à traiter avec attention. De quelle opposition à YAYI peut-on créditer un regroupement où se trouvent Sacca Lafia ou Débourou Djibril, les godillots ou « boxeurs » acharnés pour la cause de YAYI Boni ? Sacca Lafia, le président du COS-LEPI devant Dieu et devant l’Eternel ne doit son poste et sa couverture politique jusqu’à une période récente qu’à YAYI Boni. Le regroupement dit Alliance Soleil est visiblement monté pour servir d’échelle à un candidat du nord en l’occurrence le général Robert GBIAN. Ce n’est pas pour rien qu’il lui a été fait cette place d’honneur pour prononcer son premier discours officiel de candidat à la présidentielle. A ce propos, l’on parle de l’opposition de YAYI à GBIAN et par voie de conséquence de tous les partisans de Gbian comme des opposants à YAYI Boni. Encore un leurre à la manière de la fameuse opposition de KEREKOU à la candidature de YAYI en 2005 ! On sait après ce qu’il en a été. Nous pouvons dire que l’on est aujourd’hui sûrement encore dans ce schéma. On parle dans le langage footballistique de « feinte de corps » où le porteur de la balle devant l’adversaire balance son corps à gauche pour le tromper et passe avec la balle à droite. De toutes les façons si l’on sait que n’importe quel candidat aujourd’hui officiellement soutenu par YAYI est irrémédiablement condamné à l’échec, on peut facilement comprendre le sens de la tactique de victimisation de Robert Gbian qui du reste a été pendant des années directeur du Cabinet militaire de YAYI Boni et donc en connaît moult secrets.
A propos de candidats militaires aux élections présidentielles qui ne se sont pas fait connaître auparavant comme militants de proue d’un parti politique, je reprends ici ce que j’ai dit dans une déclaration récente « Le retour à la tête de notre pays d’un militaire (qui n’aura fait ses armes dans aucun parti politique connu d’avance) quelle que soit l’étiquette ou la voie qu’il aura choisie, aura constitué un grand recul pour notre démocratie et notre pays. Car ce sont là des aventuriers mus par des forces étrangères et qui répondront à leurs instructions. Ils nous conduiront tout droit à la dictature et le peuple béninois ne l’acceptera pas ». Cela est aussi vrai de civil (qui n’aura fait ses armes dans aucun parti politique connu d’avance) qu’il soit parachuté d’institutions financières ou autres. Pour être un Président de ce peuple qui souffre qui halète de misère, il faut avoir dans un parti politique préalablement pris fait et cause pour ce peuple et en avoir subi les conséquences). En clair, notre peuple a trop souffert « d’oiseaux rares » ou sortis de nulle part pour en accepter d’autres expériences. En effet la plupart de ces candidats surtout militaires brillent par la viduité de programme et de perspectives claires et libératrices pour notre pays. Ils hantent – comme des spectres- les quartiers de nos villes et les villages avec comme seuls arguments l’argent qu’ils ont indûment pillé lors de leur passage à la tête de l’armée et dont ils font un étalage arrogant.
I- A PROPOS DE LA LISTE ELECTORALE ET DU COS-LEPI.
Le COS-LEPI est une formation de YAYI Boni au Parlement où la mouvance détient la majorité écrasante.
De report en report, nous nous retrouvons aujourd’hui avec la dernière déclaration du Président COS-LEPI, Sacca Lafia parlant de disponibilité de liste provisoire au mieux à la mi-février, dans l’impasse totale. Et pourtant ce COS-LEPI prévu pour durer six mois en fait aujourd’hui plus du triple. Un COS-LEPI qui a contribué à ruiner le trésor public par ses demandes incessantes de rallonge budgétaire sous menace - à défaut- de priver le pays de liste électorale alors que Sacca Lafia sait pertinemment qu’il ne pourra rien faire, ce COS-LEPI ne mérite qu’un nom : « arnaqueur » des fonds publics». Dès le 28 octobre 2014 dans notre déclaration intitulée « Proposition pour une liste alternative ad hoc » nous disions ceci «- L’unanimité se fait de plus en plus - au regard des déclarations- que la tentative de correction de cette fameuse LEPI par le COS-Lépi se révèle aussi comme une opération impossible, trompe-œil, une arnaque de haute volée dont le peuple est seul victime. D’une part, elle se découvre ouvertement comme un exercice permettant à des partis et députés (mouvance et opposition parlementaire confondus) qui la conduisent à travers le Cos-Lépi, de constituer des trésors de guerre pour faire face aux prochaines échéances électorales, d’où la surenchère continue du COS-LEPI à propos d’un budget, adopté nulle part, mais extensible à l’infini. D’autre part, de permettre à ces députés et partis (mouvance et opposition parlementaire confondus) de se constituer chacun dans son fief des réserves de listes frauduleuses pour les prochaines échéances notamment législatives. Ce qui montre ouvertement l’incongruité de confier la confection de listes électorales pour l’élection des députés à des députés en cours de mandat parlementaire et en plus candidats à réélection parlementaire. Ce qui fait d’eux, des juges et parties, des concurrents déloyaux ».
Et au vu de ces analyses, nous avons formulé la proposition suivante : « Il faut refaire une liste en dehors de celle du Cos-Lépi. Notre proposition consiste à confectionner une liste ad ‘hoc, une nouvelle liste à partir des villages et quartiers de ville, sous la responsabilité de la CENA en concertation avec les représentants de partis politiques toutes tendances confondues représentés ou non au parlement. »
Nous nous opposons résolument à la proposition de loi dite Amoussou Bruno, loi qui n’est qu’une consécration de la fraude et de l’imposture. Nous disons et répétons que les déclarations faites dans les Conférences de presse au nom de la Plate-forme dont nous sommes membres qui consiste à prendre pour base « La version optimale de la Liste électorale permanente informatisée » réalisée par le COS-LEPI « pour l’organisation des élections municipales, communales, locales et législatives en 2015 » liste dont serait extraits les « citoyens en âge de voter en 2015 et en 2016 », cette déclaration n’engage point la Convention Patriotique des Forces de gauche et ne saurait faire partie des éléments à présenter en son nom pour le Dialogue politique.
. Les faits ont entièrement confirmé notre position et notre rejet de la liste du COS-LEPI comme frappée de suspicion légitime. Le dernier regroupement opéré par Sacca LAFIA au nord sous l’appellation de « Alliance Soleil » révèle le caractère monstrueux de ce que nous disions. Sacca Lafia, Président de COS-LEPI non seulement n’a présenté aucune excuse au peuple pour ses hauts faits criminels, mais va se couvrir d’un regroupement politique pour présenter des listes communes aux prochaines élections. Autrement dit Sacca Lafia, Président de la structure en charge de faire la liste électorale en même temps chef de parti et de regroupement de partis allant aux élections ne peut faire qu’une liste taillée à ses intérêts. Quel crédit peut-on alors accorder à la liste d’une région faite par quelqu’un qui lui-même et en regroupement va aux élections dans cette région ? Si ce n’est qu’une liste frauduleuse.
Au regard de tout le tort que ce COS-LEPI a causé au peuple, nous formulons les exigences suivantes :
1°- Il faut disperser le COS-LEPI et ceci au plus tard le 31 Décembre 2014. Ceci nous le savons, relève de la compétence des députés et donc de la majorité aux mains de YAYI Boni.
2° Il faut prendre les dispositions immédiates pour faire rendre gorge aux membres de COS-LEPI des milliards qu’ils ont extorqués au peuple.
3°- Il faut recourir par voie dérogatoire à une liste électorale ad-hoc qui ne peut à ce jour qu’être manuelle ; n’est-ce pas elle qui néanmoins a permis l’élection de YAYI Boni en 2006 ?
Mais alors que devons-nous faire des délais constitutionnels des mandats (communaux et locaux) échus depuis près de deux ans et à échoir dans quelques mois des députés à l’Assemblée nationale ? C’est là que se pose la nécessité pour les travailleurs et l’ensemble du peuple à travers toutes ses multiples organisations combattantes de se « revoir » en une Assise pour définir de nouvelles bases de gestion du pays après les neuf années de chaos du pouvoir de YAYI Boni.
En dehors notamment du point de désaccord sur la liste électorale, (liste électorale ou liste COS-LEPI) je dois préciser ici que les autres points retenus comme contenu de la Plate-forme au dialogue politique ont notre accord. Nous les considérons comme des points minima avec lesquels nous pouvons aller ensemble sans préjudice des positions particulières que chaque parti doit pouvoir développer conformément à sa ligne politique.
II- LA QUESTION DU DIALOGUE POLITIQUE.
Dans une déclaration récente en date du 19 décembre et intitulée « Un dialogue national, pour quoi faire ? », nous avons donné notre position sur la question. Mais il y a lieu de repréciser certaines choses.
La première est que nous à la Convention patriotique des forces de Gauche n’avons jamais appelé à un dialogue avec YAYI Boni parce qu’incapable de dialoguer avec qui que ce soit. Les neuf années de ce pouvoir nous l’ont appris éloquemment. A chaque fois que les secteurs sociaux ou politiques ont exprimé des positions nécessitant un dialogue, YAYI Boni s’y est systématiquement opposé et a toujours usé de la force de l’Etat pour réprimer. Il en a été ainsi avec des opérateurs économiques comme Talon, Ajavon et autres ; avec les douaniers qui lui reprochaient d’avoir confié le monopole de l’activité douanière à un privé, en l’occurrence à Talon, Yayi a préféré user de sa force et arracher le droit de grève aux douaniers ; avec les magistrats, il n’a pas dialogué; il a fallu leur résistance avec le soutien populaire pour qu’ils maintiennent encore leur droit à la grève ; avec les paysans producteurs du coton, il n’a pas dialogué ; il a imposé le prix d’achat du coton au rabais et augmenté le prix des intrants.au rabais
L’appel au dialogue politique par ce pouvoir ne peut être interprété que comme une manœuvre tendant à gagner du temps face à l’impasse qu’il a créée lui- même.
La deuxième chose est que, comme il parle de « dialogue politique », nous acceptons d’y prendre part avec nos propositions sur différentes questions inscrites au programme ainsi définies.
-Sur les élections futures et le processus devant y conduire nous disons ceci. Depuis son arrivée au pouvoir, YAYI BONI n’a jamais organisé d’élections crédibles. Les élections communales et municipales de 2008 sont là pour illustrer cette vérité que le k-o des présidentielles de 2011 vient renforcer. Actuellement les tribulations honteuses du Cos-LEPI en sont un exemple palpable. YAYI Boni vient ainsi de plonger le pays dans une impasse indescriptible.
La condition pour des élections crédibles et transparentes au Bénin est le départ de YAYI Boni du pouvoir
Et si on ajoute à cela sa gouvernance qui a ruiné le pays avec ses hommes, sa dignité, je dis
« Si YAYI Boni veut et peut encore rendre un service au Bénin, s’il pense qu’il peut encore être utile à quelque chose, c’est de partir tout de suite afin d’abréger les souffrances du peuple béninois en lui faisant grâce du reste du mandat présidentiel qu’il a usurpé avec sa LEPI frauduleuse.
Le dialogue dont il est question ne peut porter que sur les conditions d’un départ immédiat de YAYI du pouvoir en vue de l’instauration d’une nouvelle gouvernance qui rompe avec celle actuelle de corruption, d’irresponsabilité, et surtout d’impunité généralisée imposée à notre peuple depuis 25 ans. »
Voilà la substance de notre position sur les questions brûlantes.
Je vous remercie tout en vous souhaitant et à tout le peuple, bonne fête de Noël malgré la misère actuelle.
Cotonou le 24 Décembre 2014
Philippe NOUDJENOUME
Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin
Président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche.
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