« Le plus long tête-à-tête que j’aie jamais eu avec le président n’a duré qu’une heure et dix minutes. Tout ce temps, le président n’a parlé de rien de ce qui était dans l'intérêt du Nigéria; au contraire, il ne faisait que stigmatiser ses ennemis supposés et diverses questions qui ne serviraient pas ses intérêts. Je ne pus m’empêcher de laisser échapper : «M. le Président, aucun Nigérian ne saurait être votre ennemi. Vous avez à vous prononcer sur eux tous, qu’ils vous aiment ou pas. S’il vous plaît, M. Le Président, vous devez être comme la pluie qui tombe indistinctement sur les bonnes, comme les mauvaises personnes ». Un vétéran qui était en relation étroite avec le président Jonathan au début de sa présidence en est venu à la conclusion qu’après six mois en fonction, le président n'avait pas ce qu'il faut pour diriger le pays. C’était le même vétéran qui, pour secouer le président, lui avait dit que le Nigeria avait cinq présidents, à savoir Mme Jonathan, la First Lady, Mme Deziani, la ministre du Pétrole, Mme Oduah, l’ex Minitre de l’Aviation, Mme Ngozi, la Ministre des Finances et de l’Economie, et le président lui-même, et qu'il était le plus faible des cinq. »
Sur la corruption: « Dans le domaine de la corruption, nous nous éloignons inexorablement de la période du début de l'administration Yar'Adua, lorsque le «chasseur» était devenu le «gibier». Mais sous Jonathan le feu cru a remplacé la poêle à frire. Si dans le passé, la corruption était dans les allées du pouvoir, il semble maintenant qu’elle s’est installée dans le salon, la salle à manger et la chambre à coucher du pouvoir. Si ce qu'on appelle «corruption» c’est voler, comme l’a insinué Goodluck Jonathan, alors le gouvernement est devenu l’instance de protection du vol qualifié légalisé (…) Avec les élections de 2011, de fortes sommes ont été versées aux dirigeants politiques de l’opposition à Lagos et dans l'Etat d'Ondo pour sécuriser le vote en faveur du président, contre l'intérêt du PDP local ... La situation où le président a invité subrepticement, M. Bola Tinubu, l’arrachant de nuit par avion présidentiel de Lagos à Abuja pour concocter avec lui un plan de soutien à sa candidature à l’élection présidentielle au détriment de tous les autres candidats PDP de n’ importe quel bureau à Lagos, cette situation abracadabrante ne peut être décrite que comme obscène, contraire à l'éthique, hautement corrompue, et un spectacle de mauvais goût ... Quelle que soit la somme d'argent versée à Bola Tinubu pour acheter des votes en 2011 à Lagos, l’opération était, pour le moins, inutile. Ce qui a rendu ce phénomène particulièrement mauvais c’est que le gouvernement avait puisé dans l'argent des transactions gouvernementales qui alimentent la corruption J’ai été averti que cette administration a tenté d'induire deux de mes filles, y compris Iyabo, à faire un sale boulot. Je les avais prévenues contre cette tentative, mais à cause de son caractère, de l'influence de sa mère et de son attitude, Iyabo a succombé; l'autre pas. »
Sur l'insurrection de Boko Haram, la crise de l'insécurité, et #BringBackOurGirls:
« J’étais en Sierra Leone le jour où Boko Haram a fait exploser une bombe dans le bâtiment de l'ONU à Abuja. Dès mon retour, j’ai appelé l'inspecteur général de la police pour entendre son point de vue sur la question. Je n’étais pas impressionné par son explication. J’ai aussi parlé au conseiller à la sécurité nationale d’alors et son explication était essentiellement concave. Je suis allé voir M. Jonathan, le président, sur la même question. Sa réaction, et son avis que Boko Haram était constitué d’«un tas de racailles » m’ont tout aussi fait froid dans le dos. Le seul incident qui a ouvertement et graphiquement exposé l'ineptie, l'inefficacité, l'inefficience, la négligence, la nullité, l’ignorance, l’insensibilité et l'égoïsme de Goodluck Jonathan était l'enlèvement d'environ 276 écolières de Chibok dans l'Etat de Borno par Boko Haram. La réaction et l'attitude de notre président et sa famille politique était l’incrédulité, à un tel point que 18 jours se sont écoulés avant qu'il ne consente à contrecœur à accepter la réalité de l'enlèvement. Si des mesures sérieuses avaient été prises dans les 48 heures, l'histoire aurait pu être différente. »
« Je n’étais pas surpris que le président soit allé danser 24 heures après l'explosion de Nyanya qui a tué soixante-quinze personnes. J’ai aussi trouvé digne de foi la déclaration mise au compte du président après les explosions de Nyanya et l’enlèvement des écolières de Chibok selon laquelle puisque certaines personnes dans le Nord avaient dit qu'ils rendraient le Nigeria ingouvernable, ils pourraient continuer à se tuer ou se kidnapper entre eux. Si les filles de Chibok ne sont pas libérées, ce sera une brèche dans la présidence de Goodluck Jonathan, et une tache sombre sur l’image et l'histoire du Nigeria; et, pendant des années et même des décennies, le Nigeria continuera à vivre avec l'angoisse et la mémoire de l'action ou de l'inaction de ses autorités en ce qui concerne les écolières de Chibok. Pire encore, ce serait un mauvais précédent. Boko Haram a goûté le sang et en voudrait toujours plus ... Qui sait, un autre groupe de terroristes retiendrait la leçon de Boko Haram. Cette fois-ci, c’est Chibok; la prochaine fois, ce pourrait être Ibogun ou Otueke. »
« Le Vice-président américain Biden avait catégoriquement dit à Jonathan lors du Sommet Afrique à Washington en Août 2014 que, compte tenu de l'état de sa gouvernance et du niveau de la destruction de l'Armée, les États-Unis n’étaient pas en mesure d'aider le Nigeria. »
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WOW ! Savoureux ! Ecrire ça au Bénin, on se fera assassiner.
"In the area of corruption, we have been going back steadily from the inception of Yar’Adua’s administration when the ‘hunter’ became the ‘hunted’," Obasanjo states. "Under Jonathan we seem to have gone from frying pan to fire. If in the past corruption was in the corridors of power, it would seem now to be in the sitting room, dining room and bedroom of power."
O.B-Q
Rédigé par : Olympe BHÊLY-QUENUM | 11 décembre 2014 à 17:50