La Ministre de l’économie du Nigeria est prise la main dans le sac d’un double délit de conflit d’intérêt et de trafic de tutelle à des fins de manipulation. Mme Okonnjo-Iweala a crée depuis plusieurs mois un institut d’étude qui publie régulièrement des sondages sur l’action du gouvernement nigérian et l’image du Président Goodluck. Se réclamant d’une association avec l’institut de sondage américain Gallup, bien connu dans le monde, l’institut d’étude de Mme Okonnjo-Iweala nommé N°1Polls, n’a cessé au fil des mois de cracher des sondages élogieux à l’endroit de Jonathan et de son gouvernement avec des 65% et plus d’opinion favorable en toute saison : que les Nigérians puissent joindre de plus en plus difficilement les deux bouts ou pas, que Jonathan ait multiplié des bévues les unes après les autres, qu’il ait échoué à libérer les filles de Chibok, ou que Boko haram ait saisi une partie du territoire nigérian ou pas, les sondages sont imperturbablement favorables au gouvernement et à son chef. Seulement voilà : l’institut Gallup dont la réputation sert à légitimer le sérieux de ces enquêtes vient de dénoncer la manip, en s’inscrivant en faux contre l’utilisation abusive de son image dans des études consacrées à l’image de Jonathan auxquelles il dit n’être associé ni de près ni de loin… Ce scandale est fâcheux dans la mesure où il allie une initiative d’inspiration incestueuse -- l’évaluation d’un gouvernement par un institut appartenant à un membre de celui-ci -- à une fausse légitimation par détournement ou abus de l’image d’un institut mondialement connu. Ce qui est grave dans ces basses manœuvres c’est que sous leurs dehors naïfs de larcin risible et ridicule, elles préparent à des complots autrement graves et aux conséquences immenses : la fraude électorale. Le principe éprouvé des fraudes électorales en Afrique c’est toujours d’être précédées par la préparation de l’opinion à la vraisemblance de leur issue. Si Jonathan est en permanence, qu’il pleuve ou qu’il vente, crédité d’une très bonne opinion, alors au jour J de la proclamation des résultats de l’élection, cela ne devrait pas apparaître comme une énorme incongruité de le proclamer vainqueur. Longtemps préparés à l’avance, l’opinion ou même les médias diront en chœur : « no wonder, il avait toujours eu une opinion favorable ». Or la gravité de ces manœuvres réside dans le fait que dans le cas des élections à venir, même exemptes de fraudes et conduites dans la transparence la plus totale, elles avaient toute chance d’être violemment contestées, quel qu’en soit le vainqueur. Dans ces conditions, quelle irresponsabilité serait-ce d’y ajouter l’élément de la fraude ! Quelle stupidité cynique de la part d’une ministre soi-disant docteur d’y préparer les esprits en douce ! Ayodele Bolakale, Correspondant à Abuja |
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