Dans l'indice de prospérité Legatum 2014, le Bénin est placé au 108e rang sur 142. Même si notre pays pouvait mieux faire, il s'agit d'une position relativement louable dans la mesure où le premier pays africain, le Botswana, se trouve à la 75e place. L'indice est divisé en quatre zones représentées par des couleurs ; la zone verte qui va de 1 à 30 est celle des bons ; la zone jaune qui va de 31 à 71 est pour les pays d'assez bonne prospérité ; et la zone orange allant de 72 à 112 est celle des pays dont la prospérité n'est pas tout à fait mauvaise ; et enfin la zone rouge, celle des pays les moins prospères, va de 113 à 142. Ainsi par comparaison en Afrique de l'Ouest, le Ghana est dans la zone orange avec 98 points ; le Burkina Faso est aussi dans la même zone avec 103 points ; vient ensuite le Sénégal toujours dans la zone orange avec 106 points. En Afrique de l'Ouest, les autres pays sont moins bien lotis. Ainsi, le Mali est le premier pays de la zone rouge avec 113 points ; le Niger occupe la 114e place, la Côte d'Ivoire est 121e et last but not least, le Nigéria notre grand voisin occupe le rang peu glorieux de 125e pays le moins prospère. Il est suivi dans notre sous-région par la Guinée et le Togo placés respectivement au 133ème et au 136ème rang. Quelques remarques rapides. Le Bénin tire son épingle du jeu, ce qui prouve une certaine performance relative malgré les difficultés auxquelles le pays est confronté. Le Bénin a même progressé puisqu'il occupait le 113e rang l'année dernière. D'une manière générale, l'Afrique est la lanterne rouge et c'est bien triste. Le premier pays africain à pointer en bonne position est le Botswana, placé au 75e rang, suivi par l'Afrique du Sud au 81e rang et par la Namibie au 88e rang. D'une manière générale les meilleures performances africaines sont en Afrique australe. Le Nigéria, qui par des tractations ardues et spécieuses a réussi cette année à occuper la place de la première économie africaine fait piètre figure en matière de prospérité, dépassé par tous les petits pays voisins de l'Afrique de l'Ouest, excepté le Togo et la Guinée. Entre 2013 et 2014, le Nigéria a certes progressé mais de très peu puisqu'il était en position 123 l'année dernière. Qu'on ne s'y trompe pas, les critères d'appréciation de la prospérité considérés ici ne sont pas les seuls critères économiques. Dans un discours en 1962, Robert Kennedy résumait avec éloquence les lacunes de l'utilisation de mesures purement économiques pour évaluer les progrès d'une nation: « ... Le Produit National Brut, disait-il, mesure la pollution de l'air et la publicité pour la cigarette, et les ambulances pour nettoyer nos routes des carnages. Il mesure les serrures spéciales de nos portes et les prisons pour les gens qui les défoncent. Il mesure la destruction de la flore et la perte de nos merveilles naturelles dans un étalement chaotique ... Pourtant, le produit national brut ne dit rien de la santé de nos enfants, de la qualité de leur éducation ou de la joie que procurent leurs jeux. Il ne prend pas en compte la beauté de notre poésie ni la solidité de nos mariages, pas davantage l'intelligence de notre débat public ni l'intégrité de nos fonctionnaires. Il ne mesure ni notre esprit ni notre courage, ni notre sagesse ni notre apprentissage, ni notre compassion ni notre dévouement à notre pays ; bref il mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue »
On comprend donc qu’à côté de l'économie, l’indice Legatum prenne en compte d'autres critères comme : la vie des entreprises et les opportunités, la gouvernance, l'éducation, la santé la sûreté et la sécurité, la liberté des personnes, et le capital social. Ainsi, si le Nigéria est 97e en économie il est 130e pour à la gouvernance, 132e pour la santé et 137e pour la sécurité ! À titre de comparaison, le Bénin en 2014 est 115e pour l'économie, 79e pour la gouvernance, 107e pour la santé mais 50e pour la sécurité ! Donc si le Bénin a battu un pays comme le Nigéria, à la fois en rang et en zone, c'est moins pour l'économie sur laquelle tout le monde focalise qu'en raison de critères comme la sécurité ou la gouvernance, qui sont souvent liés. Quelle est la morale de cette histoire ? Eh bien, on peut dire en comparant les scores par pays que l'argent ne fait pas le bonheur, qu'il ne suffit pas d'avoir des matières premières pour être prospère. Et l'autre leçon c'est que la sécurité dont jouit le Bénin est une valeur qui, comme la démocratie, est précieuse et doit être sauvegardée car, comme le dit le proverbe, on ne sent utilité des fesses que quand vient le moment de s'asseoir
Alan Basilegpo
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