Je veux être Président de la République --et le sort de la république elle-même viendra après. À vrai dire peu m’en chaut. Je veux jouir de la fierté, des honneurs, des joies, des passe-droits, du bon plaisir et de la reconnaissance publique dus à mon rang. Je passerai aux yeux du monde comme le président de telle république, de tel continent, et peu importe le poids de ce continent dans le cercle des continents et la force de cette nation dans le concert des nations. Je ferai un discours depuis la tribune des Nations Unies ; je saluerais les grands de ce monde, je serais reçu à l'Élysée. Je dormirais dans de beaux draps de beaux hôtels luxueux des plus belles capitales du monde ; je sablerai maint champagne délicieux. Je prendrai des avions pour aller à la découverte des pays de rêve. J’irai en hélicoptère de Cotonou à Lagos, mais aussi de Cotonou à Calavi. Pour quelques sous que je leur jetterai en pâture, je ferai danser les princes d'Abomey, ces descendants du grand Danhomè, jadis si célèbre pour son sens de la dignité. Je coucherai avec beaucoup de femmes, et pas seulement les opportunistes, les prostituées endimanchées ou mes ministres femmes ou les épouses ou filles de mes conseillers. Sous le rapport de la coucherie, je serai le père de la nation au vrai sens du mot. Je serai riche comme Crésus, car je détournerai beaucoup d'argent ni vu ni connu ; et même si j’étais pris la main dans le sac, je resterai intouchable comme le veut la tradition du système du Renouveau Démocratique ; mais je laisserais aussi mon entourage voler car il faut laisser faire les autres pour qu'ils nous servent de couverture dans le vice. Je serais prêt à tout instant à rendre service aux grands de ce monde pour qu'ils ferment les yeux sur mes abus, mes crimes, mes élections truquées, ou mes intrigues de pérennisation au-delà du délai constitutionnel. À l'heure fatidique du bilan, j’organiserai un charivari pour détourner l'attention ; je substituerai au bilan une diversion qui me tiendra à l'abri de tout compte rendu. Car je dois à la vérité de dire que je ne veux pas devenir Président pour améliorer le destin de quiconque, ni d’un pays ni d’aucun citoyen. Tous ceux qui font semblant de croire que le Président de la République est élu pour travailler à l'amélioration du sort d'un pays ou de ses habitants sont soit des tartuffes soit des imbéciles. Surtout dans le contexte africain où les indépendances sont un leurre et où les Blancs dominent toujours le continent. Je veux devenir président en toute lucidité et je sais que je dois service et allégeance à ceux qui ont créé nos États et continuent, malgré tout, d'avoir la haute mais sur notre destinée, dans leur intérêt. Je suis conscient que nos États ne sont que des machines à sous de ceux qui les ont créés par leurs conquêtes coloniales, conséquence de leur supériorité intellectuelle, technologique et militaire. Le signe de viol et de vol sous lequel nos états sont nés n'a pas changé d'un iota. Après l'indépendance, ce signe a seulement changé de nom mais sa fonction de vol et de viol qui lui est consubstantielle est restée intacte, et j'ai le bonheur de la poursuivre, dans l'intérêt des Blancs qui me feront passer le concours d'entrée dans le corps de leurs serviteurs locaux. Et, je me dois de respecter scrupuleusement leur volonté, leurs intérêts et le pacte de cooptation qui aura conditionné mon arrivée au pouvoir. En respectant ce pacte, je deviendrai un de leurs partenaires dans ces machins d'exploitation et de viol qui ont pour nom « états africains indépendants » bien que tout le monde sache que dans le fond, il n'y a jamais eu d’État indépendant en Afrique. Non, nous ne sommes pas un État indépendant sinon, citez-moi un seul devoir d'un État vis-à-vis de ses citoyens que nous ayons jamais eu à cœur de respecter sous nos cieux. Je ne suis pas dupe. Nous ne sommes pas un État et donc je ne serai pas un chef d'État digne de ce nom. Mais je serais Président de la République. J'ai voulu l'être parce que, cette fonction me couvrira de gloire, de joie, de richesses sans nom, d'honneur et de plaisir mais aussi d'opportunités immenses ; elle me confèrera des pouvoirs sur mes semblables ; et, pour moi, un ambitieux, un mégalo obsédé sexuel, un cupide, je ne trouverais pas meilleure fonction pour assouvir mes mille et un fantasmes, mes mille et un désirs de pouvoir, de richesse, de stupres et de domination sur mes semblables. Alors, quid du pays que je présiderai ? Quid du sort de ses habitants ? L’Histoire seule peut en témoigner. Mais a-t-on jamais idée qu’un simple individu, héritier d'une affaire pluriséculaire juteuse de domination et d’exploitation déguisée, puisse en quoi que ce soit changer le plomb de la destinée africaine en l’or d'une espérance de liberté, de progrès et de bien-être pour tous ?—Non, ègbagbé yin, èjè ka ma là'la : oublions cela, trêve de rêve. Chers compatriotes, en devenant président je ne penserai qu'à une chose : à moi, à moi et à moi seul !
Dr. Aboki Cosme
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HOURRA MONSIEUR LE PRESIDENT !
Et vous finirez comme dans PTÔSE auquel, sans le savoir, les Burkinabès ont emboîté le pas; ce faisatnt, ils ont eu le courage de dégonder et d'exiler leur dictateur corrompu qui a du sang sur les mains et levisage.
Vives congratulations !
O.B-Q
Rédigé par : Olympe BHÊLY-QUENUM | 15 décembre 2014 à 20:29