Chaque fois que je parcours vite fait—car, je l’avoue, je n'ai pas le temps de m'infliger ces borborygmes répétitifs d'une année sur l'autre—le discours sur l'état de la nation de Yayi Boni, cela n'est pas sans me rappeler telle ou telle décision de la cour constitutionnelle sous son règne autocratique--décisions dont là aussi, j'évite autant que faire se peut de m’infliger la lecture exhaustive. En effet la vérité est que les décisions de la cour constitutionnelle sous Yayi Boni sont des concoctions rhétoriques pour justifier a posteriori des décisions politiquement et idéologiquement arrêtées a priori. C'est-à-dire des décisions douteuses et dont le degré d'objectivité juridique est sujet à caution. C'est là même impression que j'éprouve en parcourant les discours sur l'état de la nation de notre bon docteur Yayi. Et celui de cette année ne déroge pas à l'habitude : à l'instar des précédents, il se donne à lire et à entendre comme un long catalogue d'exploits, de réussites éclatantes, de décisions judicieuses et d'une heureuse intelligence. Si les cordonniers sont les plus mal chaussés, avec Yayi Boni, il est tout à fait clair que la charité bien ordonnée commence par soi-même. Et comme l'exercice du discours sur l'état de la nation consiste au président à parler non pas de la nation telle qu’elle est, mais de lui-même et de ce qu'il a fait, eh bien Monsieur Yayi, le ci-devant Président des Béninois ne se gêne pas : il parle de lui même et de ses actions supposées en bien, exclusivement en bien, à la limite de la fiction et de l’ennui. Et la première question qui vient à l’esprit est : quelle est la vérité de ces propos ? La vérité étant définie ici comme la correspondance des affirmations avec les faits. En effet qui croira ce discours unilatéral, biaisé, complaisant et aveugle de soi et sur soi ? Enfilade de platitudes rabâchées à prétentions pseudo-économistes et faussement programmatiques. Une description objective de l'état de la nation, qui--pardonnez-moi l'expression--ne se fout pas de la gueule des citoyens qui ne prennent pas les trois repas par jour, aurait sûrement fait la part des échecs et des réussites, collé à la réalité comme toute action humaine. Mais non, ici, avec Yayi, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, de l'homme infaillible qui conçoit les choses comme d’une fontaine intarissable de bonnes intentions. On traficote quelques indices, on leur ajoute des valeurs douteuses, on les prend par les pieds au lieu de les prendre par la tête puis on arrive à leur faire dire ce que l'on veut, moyennant si possible la caution douteuse de soi-disant organisations internationales spécialisées dont on a souvent auparavant assuré l'obligeance de certains agents ou représentants opportunistes. Mais le problème des peuples ce n'est pas les chiffres fussent-ils ceux de la Banque Mondiale ou du FMI. Le vrai problème des peuples se sont les trois repas, la santé, l'éducation des enfants, la sécurité des personnes et des biens. Or sur ces points concrets, mesurables au quotidien, l'État du peuple en dit plus long qu’un discours creux sur l'état de la nation.
Dr Aboki Cosme
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