Pendant que le peuple burkinabé est sous l’extase du renversement de son dictateur assassin, qui va s'indigner que le dirigeant criminel ait été exfiltré grâce à l'intervention bienveillante de la France, qui lui épargne, se faisant, le risque d’un jugement en direct de l'histoire ? Cette haute main obsédante que la France se taille dans les affaires africaines et qui est la négation de notre autonomie, est l'une des plaies existentielles de nos États soi-disant indépendants. Le fait qu'ils aient conquis ou entourloupé nos ancêtres et nos anciens royaumes, le fait qu'ils les aient organisés en colonie d’exploitation féroce ne doit pas faire de la soumission à la violence symbolique du colonialisme notre destin et notre éternelle vocation. Cet état de choses inadmissibles doit cesser. Débarrassons-nous des séquelles du colonialisme français sur le continent africain ; et de cet autre racisme qui considère les Africains comme de grands enfants, des gens incapables de s'occuper de leurs propres affaires. Privons la France de son obsession géopolitique centrée exclusivement sur l'infantilisation des Noirs d'Afrique--manipulation et domination qu'elle n'ose pas intenter à l’endroit de ses anciens colonies ou protectorats arabes, férocement jaloux de leur indépendance--et l'immixtion scandaleuse dans nos affaires. Pour y parvenir, deux idées simples, l'une politique--s'unir vite entre pays africains qu’ils soient francophones ou anglophones comme la préconisé notre illustre guide visionnaire Kwame Nkrumah, et comme l’appliquait avec intelligence et passion le Colonel Kadhafi avant d’être renversé et assassiné par l’occident aux abois.
|
|
L'autre idée simple est symbolique : cessons de parler principalement leurs langues, et choisissons pour l'Afrique et nos enfants deux ou trois langues continentales autour desquelles nous bâtirons notre identité culturelle et intellectuelle afin d’assurer la clôture de notre intimité symbolique ; car la langue de ceux qui nous ont vaincu et qui nous tiennent encore sous leur joug n'est pas un objet neutre ; elle véhicule tous les mots d'ordre et le mode d’emploi de notre sujétion. Unissions-nous mentalement et unissons nous symboliquement ; s'il le faut, créons un système idéographique à la chinoise pour que tous les Africains se comprennent graphiquement au-delà de la diversité de leurs langues. Ainsi, nous aurions construit autour de nous une grande muraille symbolique que ceux qui aujourd'hui nous prennent pour des jouets géopolitiques ne peuvent plus franchir allègrement.
Aminou Balogun
|
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.