Voici un solide axiome de la vie politique nigériane : Quand les élites nigérianes pataugent dans la « bondieuserie », il y a toujours l’anguille de l’intrigue politique sous roche. Dans l’agitation publicitaire des élections de 2011, une photographie du président Goodluck Jonathan à genoux devant le pasteur Enoch Adeboye, l'un des prédicateurs les plus influents du Nigeria, a été largement diffusée. A l’approche d'une élection vivement disputée, la posture tout en humilité du président à genoux et absorbé dans la prière donne de lui l’image d’un fervent chrétien jouissant de la bénédiction d'un prêtre très respecté. Le pédigrée incertain sinon quelconque de Jonathan aurait dû faire l’objet d’un examen plus approfondi, mais la pentecôtisation des esprits au Nigeria a renoncé à toute interrogation critique sur son curriculum. Son ascension fulgurante de l'obscurité à la présidence en l’espace d’une décennie, dopée par une outrageante fortune, était le paradigme par excellence du récit de miracle foudroyant qui fait la substance des témoignages religieux du dimanche matin. Pour des millions d'électeurs, la présidence de Jonathan était une validation de leurs propres fantasmes secrets de réussite miraculeuse et ne pouvait être que l'œuvre de Dieu. Beaucoup de chrétiens et musulmans partagent cette vision fataliste du monde. Elle est le produit d'un environnement dans lequel les chemins de mérite vers le pouvoir et le succès dans la vie publique sont extrêmement rares. En Avril 2011, l'émir de Gwandu décrivait le candidat Jonathan comme un chef de file ordonné par Dieu et l'a assuré du soutien de Dieu en disant: «Dieu a fait de vous tout ce que vous êtes et il vous donnera tout ce que vous voulez. » La théologie nigériane populaire, que ce soit dans sa manifestation chrétienne ou dans son expression islamique, désigne rétroactivement tout pouvoir et tout privilège, peu importe la façon illicite hasardeuse dont il est acquis, comme l’émanation d’un ordre divin…
continued
|
|
|
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.