L’Affaire concerne l’émission d’un nouveau billet de 100 Naira. En dehors du fait que le billet serait techniquement difficile à falsifier, on ne sait pas pourquoi le gouvernement a décidé d’émettre ce nouveau billet, pourquoi maintenant, à quelques mois des élections, et pourquoi Jonathan lui-même y accorde une importance démesurée à travers toute une cérémonie de lancement, etc. Mais l’opinion ne s’est pas foulé la cervelle pour s’apercevoir que le pot aux roses tourne autour de la photo d’Awolowo qui est sur une face du billet. Awolowo, le père fondateur de la politique moderne en pays yoruba, symbole fort de référence à tout un peuple. Donc mettre son image sur un billet de banque à quelques semaines des élections est payant ; d’autant plus payant que les Yoruba ont culturellement un faible pour l’argent, et en font une valeur (Owodé, Owolabi, autant de noms de personnes et de lieux qui célèbrent les bienfaits de l’argent, sans états d’âme et sans complexe). En clair, il s’agit d’une publicité électorale détournée, qui exploite le pouvoir régalien du chef de l’état et un bien commun pour atteindre des objectifs personnels. Mais le montage et l’utilisation de ce support du billet de banque à des fins de publicité électorale ne s’arrêtent pas à la seule figure du grand leader Awolowo, pas moins qu’elle ne s’adresse aux simples Yoruba ; mais, au-delà d’eux et parmi eux, aux chrétiens. C’est ainsi qu’un signe apposé sur le billet, qui se trouve en face de la photo d’Awolowo, sous prétexte d’être un signe de sécurité, figure in fine une étoile de David. Il faut dire que l’Association musulmane qui lance l’accusation et accuse Jonathan d’être un antimusulman ne manque pas de raisons à l'appui de sa défiance. En effet, en chrétien fervent, Jonathan considère Israël comme une terre de pèlerinage, pour aller aux sources de sa foi chrétienne. Il y a quelques mois, à la tête d’une forte délégation, le président Nigérian a effectué un pèlerinage fort médiatisé en terre d’Israël. Et sa campagne électorale prochaine a déjà programmé un nouveau circuit en terre d’Israël encore plus médiatisé. On comprend donc pourquoi, le MURIC, l’association musulmane qui a détecté le pot aux roses accuse Jonathan d’être antimusulman ; car en plaçant l’étoile de David devant la figure d’Awolowo qui est lui-même chrétien, il donne l’impression d’avoir choisi et de s’adresser aux Yoruba chrétiens par opposition à leurs frères musulmans. Et cette intrigue de division est perçue comme un mépris sinon une haine à leur égard. Binason Avèkes |
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