Cette appellation est d’ailleurs consacrée par un usage pluriséculaire et se passe de tout commentaire. Ainsi, un professeur d’université par exemple ne devrait en principe pas éprouver le besoin de se faire obligatoirement appeler “Docteur”, tout simplement parce qu’il n’y gagnerait absolument rien en termes de valorisation de sa personne, dans la mesure où l’obtention du doctorat est la condition minimale pour prétendre à l’enseignement universitaire. De même, il ne viendrait certainement à l’esprit d’aucun chercheur de haut niveau et reconnu comme tel de vouloir systématiquement se faire désigner par le titre de “Docteur”; ceci pour la simple raison que, de notoriété publique, l’une des marques distinctives du vrai chercheur est l’humilité : l’humilité devant la science, devant l’infinie complexité des innombrables phénomènes naturels et sociaux qu’il est amené à observer et à étudier au quotidien ; l’humilité tout court comme valeur d’éthique et de déontologie. Il est vrai que, dans le monde anglophone, les choses se passent tout autrement. Les usages y ayant cours veulent en effet qu’en matière de présentation, l’identité d’un professionnel du monde universitaire ou académique soit toujours accompagnée ou suivie de l’indication de son grade universitaire (PhD, MSC, MA, MBA BA, etc) Mais alors, comment expliquer cet accès subit de snobisme, cette soudaine envie de mimétisme à rebours des béninois francophones que nous sommes ? Est-ce par goût ou soif de modernité ou par simple coquetterie ? Mon avis là-dessus est clair : “à bon vin point d’enseigne”… Au demeurant, le Frère Godfrey Nzamujo, prêtre dominicain d’origine nigériane ayant de surcroît longtemps étudié et travaillé aux Etats-Unis (en des domaines aussi variés que la biologie, l’électronique et l’informatique et ce, jusqu’au niveau du prestigieux Ph.D.), donc de culture partiellement anglo-saxone, promoteur du célèbre Centre Songhaï de Porto-Novo au Bénin, apportera la clarification suivante : “Il ne s’agit pas d’être fier de son curriculum vitae ou d’entrer dans la compétition pour inscrire au Guinness des records de plus longs palmarès de doctorats, mais de reconnaître l’importance du travail intellectuel sérieux, de son ascèse. Un complexe d’infériorité marque les africains qui se gargarisent d’avoir tel ou tel diplôme, tel ou tel poste… Les études ne sont pas là pour que l’on s’en glorifie : elles donnent la capacité de diminuer les contraintes rencontrées dans les démarches humaines…. Un animateur de développement doit toujours se sentir en position d’apprentissage et d’analyse, de comparaison et d’évaluation. C’est à cette attitude de questionnement permanent qu’on reconnaît un vrai intellectuel, et pas à sa collection de diplômes gagnés en bachotant ou en répétant ce que pensent d’autres” » (sic). (Extraits de mon modeste essai intitulé : « Le meilleur est à venir : un regard critique citoyen sur la gouvernance au Bénin et en Afrique » en son chapitre 1er ayant pour titre : « Le vieux mythe du Bénin, quartier latin de l’Afrique : un stéréotype qui a la vie dure ») Roch Sosthène Nepo
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