Je suis toujours ulcéré d'entendre dire, ou lire dans la presse que « la démocratie béninoise est en danger ». À mes yeux, cela frise une pathétique dénégation. Le seul fait de conjuguer le mot démocratie dans une phrase confère-t-il à celle-ci existence au Bénin ? La démocratie est un tout vivant. Les élections, et surtout l'élection présidentielle, sont le cœur de la démocratie dans tous les systèmes démocratiques sérieux, surtout dans un régime présidentiel. Si vous arrachez ce cœur, vous ne pouvez plus conjuguer la démocratie qu’au funèbre ou au passé.
En mars 2011, dans un silence quasi unanime typiquement béninois, et avec la complicité d'une venimeuse engeance de partis et de personnalités politiques établis, Yayi Boni a arraché le cœur de ce qu’on appelait vaille que vaille la démocratie béninoise. Tels furent en effet le sens et la conséquence de son sinistre holdup électoral qui, dans la haine de soi, a veillé à priver l'ennemi commun d'accéder au pouvoir présidentiel. Car, faut-il le rappeler, comme en 2006, l'élection de Yayi Boni découle d'une coalition autodestructrice et haineuse dont le fil conducteur tient dans le mot d'ordre « tout sauf Houngbédji ». Bien qu’on sût, et parce qu'on savait que ce dernier était le meilleur choix pour le pays. Preuve s'il en est que le progrès du Bénin et le mieux-être de ses populations restent le cadet des soucis de cette tourbe infecte de haineux. Aujourd'hui, on entend à tout bout de champ, les mêmes personnes, ou leurs victimes innocentes qu'ils ont flouées, ânonner de-ci de-là, voire crier sur les toits au secours de la démocratie, dire pince-sans-rire que « la démocratie béninoise est en danger ». Et la question qu'on a envie de poser à ce parterre de plaisantins ou d’innocents est : « ne savez-vous donc pas que la démocratie béninoise a vécu ? ». Peut-on avoir été et être encore ? Peut-on avoir arraché le cœur d'un organisme vivant et parler encore de danger à son sujet ? La démocratie béninoise est un cabri mort : elle ne craint plus le couteau de ses ennemis. Et ceux qui agitent cette menace de mort sont au nombre de ceux qui prêtèrent main-forte ou flanc à son assassinat. Et les cris d'orfraie qu'ils ont beau jeu de pousser aujourd’hui ne sont au mieux que des simagrées de dénégation.
Aminou Balogun
|
|
|
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.