Selon les données de l’atlas monographique des communes du Bénin, la commune d’Allada est composée de deux principaux groupes ethniques : les Aïzo (83%) et les Fon (10%). Quand on sait qu'il ne suffit pas d'être Aïzo pour parler la même langue ; et que les Aïzo sont définis négativement par rapport aux Fon --dans le plateau d’Allada, est Aïzo toute personne native qui ne parle pas la langue fon--l'histoire omet de préciser qu'il ne suffit pas d'être différent des Fon pour être la même chose. Ainsi par exemple, en Afrique du Sud les non-Blancs ne forment pas une unité homogène puisqu'on compte parmi eux aussi bien des Noirs, des Indiens, des Chinois etc. Cette approche définitionnelle n'est toutefois pas innocente. L'idée sous-jacente est que, si on définit les Aïzo négativement par rapport aux Fon, c'est qu'à un moment donné de l'histoire, comme on peut l'imaginer, les Fon ont détenu la préséance politique dans la région, surtout après la conquête du roi Agadja. Maintenant, à l’heure de la république bananière où nous faisons des listes électorales trafiquées et comptons nos populations en fonction d’arrière-pensées politiciennes, dire que le plateau d’Allada compte 83 % d'Aïzo --c'est-à-dire des descendants de populations présumées dominées et 10 % de Fon, c'est-à-dire des descendants des dominants, cela n'est pas étranger à une volonté d'amalgamer tous ceux qui, sur le territoire national, auraient des raisons de se réclamer d'un passé d'oppression. Face au bloc des Fon et assimilés qui portent le fardeau de l’oppression dans le sud du Bénin, tout ce beau monde pourrait se prévaloir de son poids majoritaire. Et, sachant que les Fon sont la première ethnie du Bénin, on a beau fait de filer la perle douteuse de tous ceux qui n’en sont pas et d’en faire une entité politique homogène. cela fait partie de la logique régionaliste souvent inhérente au recensement des populations, a priori biaisé par des stigmatisations et des identifications tendancieuses à finalité politique. Le principe de cette logique sournoise étant de faire passer pour une unité majoritaire, un ensemble parfaitement hétéroclite définie négativement par rapport à l’ethnie majoritaire.
Prof. Agnila Bertin
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