Chaque année, Léhady Soglo, en tant que premier adjoint ou Maire de la ville de Cotonou, chaussé de ses hautes bottes et escorté par une équipe que l’on imagine technique, va visiter les grandes flaques d’eau et les étangs d’inondation. Il donne ainsi l’image de quelqu’un de proche des populations. – Et là dans cette image – de quelqu’un qui réfléchit et qui est près de trouver la solution au problème récurrent et saisonnier d’inondation de la ville. Mais les populations ou les administrés ont-ils besoin qu’on leur montre qu’on est proche d’eux ou que ceux qui sont élus pour le faire trouvent une solution à leurs problèmes, et les restituent à la dignité d’homme et de citoyen ? J’ai gardé en mémoire une image de son père Nicéphore Soglo qui, dans les années 90, alors Président de la République et au plus fort de son insolente préciosité qui, chaussé de hautes bottes, traversait une vaste étendue d’eau de pluie dans un quartier inondé de Cotonou ; histoire de montrer comment du haut de son piédestal présidentiel, il avait condescendu à se mouiller pour le peuple, à compatir à son malheur. Peut-on vraiment dire qu’une traversée de quelques minutes d’une mare d’eau dans laquelle pataugent les populations 24h/24 est une preuve de compassion à leur égard ? C’est la même sensiblerie qui est ici ramenée à l’échelle municipale. Les hommes politiques, comme l’écrivait Jérôme Carlos dans une récente chronique, sont vraiment des comédiens, des hommes de théâtre, des bêtes de scène. Et plus particulièrement en Afrique où leur inaction potentielle n’a d’égale que leur médiocrité pathétique. Alors ils s’adonnent à des simagrées. Ils donnent dans du donner à croire, du donner à voir. Le problème de l’inondation de la ville de Cotonou à ceci de parlant qu’il est cyclique. Il se fait rappeler au bon souvenir de nos soi-disant hommes politiques. Preuve que malgré leurs belles promesses, malgré leur proximité et leur compassion affichées, rien ne change dans le fond. Alors, joyeux Sisyphe, ils remettent sur le métier le même ouvrage de représentation théâtrale en lequel s’épuise leur vocation usurpée. Et ainsi passe le temps et les générations sur la scène du drame d’une nation orpheline de volonté et de vérité, peuple en déshérence, tombé aux mains d’un engeance héréditaire de saltimbanques… Adoukonou Basile |
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