1. Italie. Silvio BerlusconiCompte tenu de tout ce qui sépare les Africains, notamment au sud du Sahara, des Européens, toute comparaison entre eux devrait être maniée avec modération. Et pourtant, nos orateurs, nos intellectuels et nos journalistes, sur la base du fait que nous sommes des hommes comme eux, que nous appartenons à des états comme eux, et abusant du dogme universaliste de l’égalité des hommes ou des nations, s’en donnent à cœur joie de faire des comparaisons à l’emporte-pièce, sans se rendre compte que non seulement comparaison n’est pas raison, mais qu’en la matière, elle n’a qu’une validité hypothétique.Et pourtant, dans une démarche qui se veut une preuve par l’absurde de la relativité anthropologique de la comparaison, c’est à cette même comparaison que je vais me livrer : entre les hommes politiques européens et les hommes politiques africains, du point de vue de la responsabilité devant la loi. La condamnation de Silvio Berlusconi à une peine de prison en Italie donne l’occasion de faire un rapprochement avec le Bénin et ses hommes politiques comme Kérékou et Yayi Boni.Silvio Berlusconi est condamné définitivement à quatre ans de prison pour fraude fiscale. Il est poursuivi dans quatre procédures à Milan (prostitution de mineure, abus de pouvoir - qui lui valent une condamnation en première instance à 7 ans de prison - et corruption de témoins) et à Naples (corruption d'un élu). Il est exclu du Parlement italien où il ne pourra pas se représenter avant 2020, lorsqu'il aura passé 83 ans. La Cour de cassation italienne a confirmé, mardi 18 mars, l'interdiction de mandat public pendant deux ans prononcée à son égard. Cette peine dite « accessoire » prive l'ancien président du conseil de son droit de vote et de la possibilité d'être élu. Elle avait été infligée en appel, à Milan, en octobre 2013, en complément d'une condamnation à quatre ans de prison, dont trois amnistiés, prononcée dans ce procès pour fraude fiscale au travers de sa holding Fininvest. Enfin, l'ex-chef du gouvernement italien purgera sa condamnation à un an de détention sous forme de travaux d'intérêt général (TIG), a décidé mardi 15 avril le tribunal d'application des peines de Milan, selon les médias Rien que ça!2. Bénin Mathieu Kérékou. Les crimes de sang, les crimes contre les libertés, les crimes économiques dont Mathieu KEREKOU s’est rendu coupable tout au long de son règne sont légions. On pourrait citer ses ordres de tirer à vue et sans sommation sur tout manifestant et qui ont entrainé l’assassinat de l’élève Parfait ATCHAKA, ses ordres de faire arrêter des responsables étudiants en 1976, 1979, 1985, ou des travailleurs en 1981, 1988, 1989, etc. Et que dire des assassinats dans le cadre de la soi-disant lutte contre la féodalité dont les nombreuses victimes demeurent inconnues de même que reste inconnu le nombre des hommes et femmes tués lors des soulèvements à Cotonou, Abomey, Bohicon suite à l’assassinat de Michel AIKPE. En bref, KEREKOU a semé la terreur, remplissant les prisons où nombre de détenus politiques sont morts faute de soins, poussant des gens à l’exil ou à la clandestinité. Rappelons également certains crimes économiques tels Affaire Kovacs, Vons de Cotonou, Moutons Mérinos etc. L’immunité qui lui a été accordée à la conférence nationale n’a servi qu’à le renforcer dans sa nature d’homme cynique comme osent le dire maintenant certains de ses anciens collaborateurs...Ainsi, à son retour au pouvoir, il renoue avec ses amours. On a encore connu de 1996 à 2006 des élections truquées avec une Cour Constitutionnelle aux ordres (mars 2001), des assassinats crapuleux non élucidés (inspecteur Koundé, les magistrats Dossou-Yovo et Coovi), le dépeçage et pillage du pays jusqu’à la faillite (affaire Défi emploi jeune, Bell Bénin, Béta, Hamani, Sonacop, Avion présidentiel, etc., ). Ses exploits de déprédateur de l’économie nationale figurent dans le livre de Adoun et Awoudo (édité à la Fondation Friedrich Ebert, Cotonou). 3. Bénin Yayi Boni. Venu au pouvoir en 2006 par un plébiscite qui, au regard de la nature manipulateur de l’homme qui se révèlera par la suite, incite rétrospectivement à la méfiance quant à son exemption de toute fraude, Yayi Boni n’a fait que surprendre et décevoir, révolter et scandaliser les Béninois par sa gestion calamiteuse, sa violation permanente de la constitution, ses scandales et crimes en tous genres dont l’économique n’est pas le moindre, et enfin son régionalisme décomplexé. La liste des affaires er des crimes qui découlent de son régime calamiteux est longue : 1. Disparition de Dangnivo 2. Affaire Censad 3. Machine Agricoles 4. ICCS 7. Le scandale des licences GSM 8. Le scandale de la SONAPRA 9. Le scandale de la SBEE 10. Construction en rade du siège de l’Assemblée nationale 11. Centrale de Maria Gléta 12. Achat de conscience au frais de l’Etat 13. Holdup électoral de mars 2011 14. Répression de la liberté d’expression 15. Monopolisation de la presse 16. Construction du Port Sec d’Allada 17. Instrumentalisation des Institution de la République 18. La Fraude aux Concours 19. Les Actes régionalistes flagrants 20. Le scandale des 2 Milliards de la SBEE Et la liste n’est pas exhaustive, pour les faits passés, comme pour les faits à venir. Et pourtant loin de se constituer prisonnier ou de démissionner, l’homme qui a fait un holdup pour se maintenir au pouvoir compte bien récidiver dans une de ces subversions théâtrales des formes constitutionnelles, qui résume sa conception cynique de la démocratie. A l’instar de son prédécesseur et mentor Kérékou, Yayi Boni se sent intouchable ; il a la haute main sur les institutions, il ne craint pas un coup d’Etat, car c’est lui qui nomme, honore, et paie les militaires. Il a la main légère quant aux initiatives de corruption, d’achat de conscience et de prévarication délibérée. Dans le pire des cas pour lui, si ses efforts diaboliques pour se maintenir n’atteignaient pas leur but, il changerait son fusil d’épaule et passerait pour un héros de la démocratie, qui a bien voulu quitter le pouvoir, et dans une frénésie d’amnésie collective pour le moins complaisante, les médias, et les personnalités autorisées dont il a installé, stipendié et promu la plupart chanteront ses louanges et travestiront l’histoire en faisant passer pour vraie la fable de son héroïsme démocratique, et, à l’instar de Kérékou, il entrera dans l’histoire à court terme auréolé de cette gloire pétrie dans le mensonge et la manipulation. Pourquoi cette distorsion de la réalité ? Pourquoi se régime d’impunité scandaleux ? Pourquoi ce laisser faire, cette complaisance et cette amnésie bestiale ? Eh bien la réponse est simple : nous sommes en Afrique, et en Afrique, l’indépendance de nos états se résume en gros à l’impunité des dirigeants avec la bénédiction des milieux néocoloniaux, qui ne s’émeuvent de rien nous concernant, encouragent nos dirigeants aux crimes politiques et économiques les plus abjects, tant qu’ils n’attentent pas à leurs intérêts… Voilà pourquoi bien que les scandales de Berlusconi ne soient qu’une broutille à côté des crimes immondes d’un Mathieu Kérékou ou d’un Yayi Boni, l’un sera condamné jusques et y compris à une peine d’emprisonnement tandis que les autres se la couleront douce, rouleront carrosse, et continueront de jouir de leur fortune mal acquis en toute liberté, et en toute injustice à l’égard du peuple qu’ils ont lésés, et de leurs victimes immédiates renvoyées à leur solitude. Décidément, il vaut mieux être Béninois qu’Italien, quand on appartient à la classe politique de son pays… Binason Avèkes |
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.