Le Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin Président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche
Demain, la classe ouvrière célèbrera le 1er Mai, la Fête Internationale du Travail. Les travailleurs salariés du Bénin participeront à cette fête. Il y a deux ans le 28 avril 2012, le Parti Communiste du Bénin dans son Adresse aux travailleurs à l’occasion du Premier Mai écrivait : « Le 1er Mai n’est pas une date de bombance, mais de réflexion sur les sacrifices consentis et que consentent les travailleurs salariés, producteurs de richesses mais qui manquent du minimum vital pour vivre. » La situation actuelle de la classe ouvrière dans les pays capitalistes développés incite à cette réflexion. Face à la crise de son système, la grande bourgeoisie des pays capitalistes n’a trouvé d’autre moyen que de rejeter les effets de cette crise sur la classe ouvrière, désormais livrée à toutes sortes de misères et de précarités pendant que les patrons se taillent des millions de dollars ou d’euros de prébende par an. C’est cette même politique de misère pour les travailleurs et les peuples qui est dictée et mise en œuvre dans les pays dépendants d’Afrique à travers des programmes faussement dit de réduction de la pauvreté. Aujourd’hui, au Bénin, tous ceux qui vivent de leur travail (salariés permanents ou occasionnels, artisans et paysans, commerçants et revendeuses des marchés) plongent dans une misère plus profonde chaque jour. Le chômage des jeunes vient encore peser sur les maigres revenus, accentuant le stress quotidien et augmentant les maladies et la mortalité dans les rangs du peuple travailleur. Mais, le pouvoir en place, celui de Boni YAYI insensible aux peines des travailleurs et du peuple, sourd aux cris de désespoir et à leurs revendications, festoie. Il gouverne en dictateur, sans se soucier des lois. Il aura fallu des années de lutte pour qu’il consente à donner un coup de pouce au SMIG. Il aura fallu quinze mois de protestation et trois mois de grève pour qu’il annule un concours frauduleux sans indexer ni sanctionner aucun auteur. Il poursuit systématiquement la destruction de l’Ecole, de la production nationale ainsi que des producteurs et opérateurs économiques nationaux. Les scandales se poursuivent, sans fin, ruinant sur les plans économique, financier, physique et moral le pays et ses hommes. Il protège les criminels qui font couler le sang de manifestants pacifiques ainsi que les pilleurs qui le servent dans sa politique autocratique et mafieuse. Il maintient à l’Assemblée la loi contre les grèves et son projet de révision de la Constitution afin de se perpétuer au pouvoir. C’est contre cette gouvernance que depuis près de quatre mois, après des grèves sectorielles dans la Justice, la Santé et ailleurs, les travailleurs salariés ont déclenché une grève générale. Camarades travailleurs salariés, Le mouvement de grève générale que vous menez depuis près de quatre mois sous la direction des Responsables syndicaux nous enseigne ceci : Vos luttes ont mis en avant non seulement les meilleures conditions de vente de la force de travail, mais encore et surtout la nécessité d’une autre gouvernance. Vous avez pris en charge tous les problèmes de la société, la garantie des libertés non seulement pour vous mais pour l’artisan, le paysan, la revendeuse des marchés, le magistrat, le journaliste, le dirigeant politique, l’opérateur économique, etc contre tout arbitraire du pouvoir. Tel est le sens de l’exigence de relèvement de leurs fonctions du préfet Placide AZANDE et du commissaire Pierre AGOSSADOU. Vous avez exigé enfin l’annulation des concours frauduleux organisés au profit du Ministère des Finances et dénoncé « la mauvaise gestion des affaires du pays » par le gouvernement Et cela est très bien. Car il n’est pas normal que les principaux combattants pour les libertés ne se préoccupent pas, une fois ces libertés conquises, de leur gestion par les pouvoirs publics ; il n’est pas éthique que les travailleurs, producteurs des biens, en soient privés et ne se préoccupent pas de comment ces richesses sont gérées par les gouvernants. Dans un pays sous dépendance étroite française comme le Bénin où les entreprises françaises possèdent l’essentiel de nos outils de production, un pays qui n’a pas le droit de transformer sur place ses propres produits comme le coton, où les rares usines sont privées de matières premières pour tourner, un pays dont la monnaie et donc la politique monétaire est aux mains de la puissance colonisatrice, la France, un pays où non seulement les producteurs nationaux sont pratiquement exclus de la propriété des secteurs stratégiques mais sont encore pourchassés par les gouvernants actuels, enfin un pays à la tête duquel est placé pour pérenniser ce système de pacte colonial un pouvoir tyrannique et mafieux, capable d’assassiner pour raison politique, dans un tel pays, la classe ouvrière, les travailleurs salariés et tout le monde du travail en général doivent se battre pour : - la préservation des libertés démocratiques et la sécurité des citoyens contre toute atteinte : ce qui implique la sanction exemplaire contre tout violateur de ces libertés ; - de meilleures conditions de vie et de travail ; - la préservation de la production contre tout pillage et une meilleure distribution du produit du travail : ce qui passe par un contrôle populaire de la gestion du bien public avec élection et révocabilité des DG des entreprises et administrations publiques ; - l’accroissement des forces productives : ce qui passe par la promotion de la production nationale et la protection des producteurs nationaux. Tel est le contenu du Pouvoir des travailleurs et des peuples. Un tel pouvoir ne saurait s’instaurer par le seul effort des travailleurs salariés. Mais l’effort des travailleurs salariés est nécessaire pour l’action collective avec toutes les autres couches populaires, artisans, paysans, vendeurs et vendeuses des marchés, élèves et étudiants. Tout le monde du travail doit donc se lever pour briser l’obstacle qui empêche aujourd’hui le pays et le peuple d’aller de l’avant, à savoir le pouvoir autocratique, pilleur et corrompu de Boni YAYI. Telle est la mission révolutionnaire dévolue à la classe ouvrière et aux travailleurs en général du Bénin. Une telle mission ne saurait s’accomplir sans une lutte résolue contre l’opportunisme et les opportunistes en milieu syndical. Camarades travailleurs, L’actualité met en avant des débats où l’on voit ouvertement des responsables syndicaux tourner dos à la lutte commune - mus je ne sais par quels mobiles- allant jusqu’à menacer de répression tous ceux qui oseront poursuivre le combat émancipateur. TODJINOU Pascal a déclaré publiquement « que tous les travailleurs qui poursuivraient la grève le feraient à leurs risques et périls ». Il est apparu ainsi et au grand jour la trahison du mouvement collectif en cours par ces Responsables syndicalistes qui ont rejoint dans les faits les BAKARY et autres Emmanuel ZOUNON. Je vous dirai simplement que le phénomène de trahison n’est pas nouveau. Hier, c’était les AGBAHE Grégoire, les VILON GHEZO Romain sous le pouvoir sinistre de KEREKOU-PRPB. Avec les conquêtes démocratiques des années 1989-90, nous avons connu, plus de vingt ans de syndicalisme de participation, de syndicalisme d’Etat où des Responsables syndicaux par leur représentativité sont intégrés au système et en tirent les profits. De fait, avec la pratique de collaboration camouflée sous le vocable de « dialogue social prôné comme arme privilégiée de combat », bon nombre de Responsables syndicaux se sont bureaucratisés, c’est-à-dire qu’ils ont perdu toute fibre combative, ont coupé tout lien réel avec le travailleur et ont transformé l’activité syndicale en fonds de commerce qui leur rapporte et ceci sans aucun égard pour les préoccupations et les luttes des travailleurs. La naissance comme le développement de ce phénomène de l’opportunisme sont aussi objectifs que les luttes des travailleurs elles-mêmes. Et sans le vaincre aucune victoire n’est possible. Vous avez commencé à le vaincre. Poursuivez donc le combat pour les libertés et le mieux-être. Que chaque secteur en lutte s’intéresse aux autres et aille vers eux pour une unité et une cohésion de plus en plus serrées dans le combat de tous les travailleurs, de tout le peuple contre la Calamité qui nous gouverne et pour un autre pouvoir, le pouvoir des travailleurs et du peuple. A tous les travailleurs, je souhaite une Bonne Fête de 1er Mai, Fête internationale du Travail ! Cotonou le 30 Avril 2014 Philippe NOUDJENOUME |
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