Le fait que la construction d'une nation exige du courage et du sacrifice est complètement perdu de vue. Comme l'a dit Thomas Jefferson « l' arbre de la liberté est arrosé par le sang des tyrans et des patriotes » . Pourtant, combien de Nigérians sont prêts à se sacrifier et à mettre en jeu leur vie et leur réputation ? Combien d'entre eux sont prêts à appeler un chat un chat ? Combien d'entre eux sont prêts à se battre et à tuer l'ennemi ? Défendre une nation exige de la force et une volonté ferme. Pourtant, combien de Nigérians ont cette force et cette détermination ferme ? Boko Haram a montré au monde que nous sommes une nation de lâches où le sens de l'honneur n’existe pas et où la juste colère face au mal absolu n'a pas sa place. Si ce n'était pas le cas, mon propos n’aurait pas été autre qu'un plaidoyer passionné pour que nous enterrions nos différences, et nous unissions comme une seule nation et un seul peuple afin de combattre Boko Haram jusqu’à extinction. Au lieu de quoi, il faut avec volonté aller de maison en maison à la recherche des partisans silencieux, des sponsors et des prophètes de Boko Haram et les abattre pour se venger de ce qu'ils ont fait à notre peuple et à notre nation. Il y a trois ans, j'ai demandé au gouvernement fédéral de raser toute ville ou communauté qui aurait accueilli, donné refuge ou soutenu Boko Haram et beaucoup ne m'ont pas seulement insulté mais on m’a aussi accusé d’être trop extrême. A cette époque, tandis que les colombes continuaient d’en appeler au dialogue et à la compréhension avec Boko Haram, moi je ne voyais en eux rien moins que des forces islamistes maléfiques bénéficiant de soutiens étrangers et qui ne faisaient pas mystère de leur programme terrible contre notre pays. J'ai aussi dit qu'ils ne s’arrêteraient jamais tant qu’ils n’auront pas accompli leur programme ou à moins d’être complètement écrasés et chacun d’eux anéanti avec toutes les traces de leur philosophie maléfique. Comme d'habitude, la plupart des Nigérians n'ont pas compris à l'époque et ils m'ont traité de tous les noms. Pourtant, j'ai continué et j'ai averti que si toutes ces choses n'étaient pas faites, la situation serait bien pire. Malheureusement, trois années après, les faits me donnent raison Pourquoi le savais-je ? En observant l’histoire et parce que ce que Boko Haram essaie de faire n’a rien de nouveau. Ce genre de situation s’est produit dans de nombreux autres pays à travers les âges et dans ces pays les gens eux-mêmes ont été forcés de faire un choix : soit combattre le mal ou y succomber et lui permettre de les submerger. Malheureusement, au Nigéria, on n’a pas encore fait ce choix difficile et, au lieu de quoi, on en est encore à se poser des questions futiles et inutiles comme : est-ce qu’on est APC ou PDP ou bien si on aime ou si on soutien ou pas le président Goodluck Jonathan. On ne parvient pas à réaliser que nous sommes maintenant au-delà de ce genre de questions. Les Nigérians ne se rendent pas compte qu’au train où vont les choses, nous ne pouvons même pas subsister en tant que Nation d’ici à 2015 sans même parler d’être en mesure d’organiser une élection à ce moment-là. Les Nigérians n'arrivent pas à voir que si les choses ne changent pas rapidement et si Boko Haram n'est pas arrêté cette démocratie ne peut même pas durer beaucoup plus longtemps. Ils ne voient pas que Boko Haram cherche à nous détruire tous et pas seulement Jonathan, le PDP, l'APC ou toute autre personne. Ceux qui encourageaient le monstre Boko et nourrissaient la bête islamiste au début et qui la soutenaient en silence et l’encourageaient dans le but de déstabiliser le gouvernement et la nation sont maintenant devenus eux-mêmes des victimes de ce monstre hideux. Les mêmes forces ont encouragé jadis la charia politique dans le but de déstabiliser le gouvernement du président Olusegun Obasanjo et de saper son leadership entre les années 2000 et 2003 . Cette bataille auraient dû alors être menée et gagnée mais Obasanjo n'a pas réussi à livrer le combat, préférant prendre des gants en considérant que le mal ferait long feu. Eh bien loin de " s'essouffler ", comme une plaie cancéreuse, dix ans plus tard, le mal est revenu nous hanter . Dix ans plus tard, il est revenu sous la forme de Boko Haram avec son cortège de violence, d'horreur et de sang. Au cours des trois dernières années pas moins de 10 000 de nos compatriotes ont été tués dans ce conflit et des centaines sont enlevés . Le drapeau islamiste et le logo blanc de Boko Haram ont été hissés ou plantés dans différentes parties de notre nation et nombre des nôtres ne semblent pas s’en soucier et croient sincèrement que ce conflit ne s’étendra jamais au sud . Qu’il sont bien candides et se trompent ! Qu'on ne s'y trompe pas : le programme de Boko Haram et de ceux qui sont derrière lui , à la fois localement et leurs bailleurs de fonds internationaux, ce programme n'est pas limité au nord du Nigéria et ne l’a jamais été. Autrement dit, ils veulent conquérir l'ensemble du pays et y établir leur propre califat. Ils veulent étendre par la force sur nous tous leurs valeurs et croyances étranges et barbares. Il y a certains dirigeants au Nigeria, soutenus par Al-Qaïda , les Taliban, Al Shabab et dopés par l'argent arabe et les philosophies salafistes, qui croient sincèrement que si le Nigeria n'est pas gouverné par un musulman du Nord, il ne peut y avoir de paix ou alors il n’y aurait pas de Nigeria du tout. Que nous voulions l'admettre ou pas, telle est l’amère vérité . Pour eux, il serait préférable d'établir un Etat fondamentaliste islamique préhistorique, comme en Afghanistan contrôlé par les Talibans , où la charia intégrale est pratiquée, et où Boko Haram est aux commandes, plutôt que d'avoir un Etat nigérian moderne et laïque dirigé par un chrétien du sud ou du nord ou un musulman modéré. La philosophie sous-jacente est que certains sont " nés pour régner " et si "ils" ne le peuvent, alors ils utiliseront «leur» religion et "leur" arsenal politique et financier considérable pour «rendre le Nigeria ingouvernable ». C'est mal et nous devons résister. Je ne peux jamais soutenir un tel programme, une telle philosophie ou ces personnes car en ce qui me concerne, ils sont inspirés par le diable. Ceux qui pensent comme cela et épousent ces points de vue sont pires que les Boers de la suprématie blanche en Afrique du Sud pendant les jours sombres de l’Apartheid ; ils sont pires que les fascistes de l'Allemagne nazie sous Hitler. Je crois, et je l'ai toujours cru, que si le Nigeria doit rester unie alors toutes ses minorités ethniques doivent être traitées comme des égaux, indépendamment de leur taille, et que la laïcité de l'Etat doit être préservée. J'ai toujours cru que nous devons garder la religion hors de la sphère politique et que la foi, étant essentiellement une affaire personnelle, ne doit jamais être utilisée comme un outil politique ou comme une arme de déstabilisation . Evidemment tout le monde n’est pas de cet avis. Certains croient que la religion et l'ethnicité peuvent et doivent être utilisées comme un moyen d'atteindre et de conserver le pouvoir politique. Pire encore, d'autres croient que le fondamentalisme islamique a sa place dans notre pays et ils croient qu'il est juste et bon de terroriser, tuer, mutiler et enlever autant de Nigérians que possible afin de l'établir ici. Certes, cette philosophie et cette aberrante vision du monde doivent être rejetées par toutes les personnes de bonne volonté. Il est temps que les Nigérians se réveillent de leur profond sommeil satanique pour faire les bons choix. Ils doivent soit combattre ce mal appelé Boko Haram ou s’y soumettre et capituler devant lui. Ils doivent soit insister sur un État laïque moderne où tous sont égaux devant la loi et sont protégés par la constitution ou accepter l'imposition violente de la forme la plus cruelle et barbare d'un État fondamentaliste islamique. . Ils doivent soit se lever et identifier le véritable ennemi ou continuer à se chamailler et discuter sur des futilités enfantines . Ils doivent soit ouvrir leurs yeux et comprendre les implications de ce qui se déroule pour leur nation, leurs enfants et petits-enfants ou continuer à se vautrer dans le déni, l'ignorance, la lâcheté et la timidité jusqu'à ce que tout soit perdu et tous soient complètement dépassés. Ils doivent soit demander que la forêt de Sambisa, où paraît-il, se terre cette venimeuse engeance de lâches nommés Boko Haram, soit bombardé au napalm et brûlé jusqu’au sol avec tout ce qui y vit, ou continuer à gémir et pleurer sous leurs lits comme des petits enfants qui demandent grâce. Au bout du compte, la balle est dans leur camp. La prière a sa place, mais ce combat n’est pas l’affaire de Dieu ; c’est la nôtre. Que Dieu bénisse le Nigeria. par Femi Fani-Kayode, in A Time To Make A Choice Trad. Binason Avèkes | | |
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