Décidément, la religion chrétienne, et notamment la catholique, a le don de recycler n'importe quel criminel. On l'a vu sous l'occupation et à la fin de la seconde guerre mondiale lorsque l'église en Europe s'est faite l'asile d'un certain nombre de sympathisants fascistes ou nazis, au nom de cette fraternité ambiguë découlant de la parole du Christ. Après avoir commis des crimes politiques et contribué à imposer au peuple béninois des dirigeants criminels comme Kérékou et Yayi, M. Albert Tévoédjrè, sentant le sapin, va dans les ordres, et obtient le titre de frère ; frère Melchior, se dit-il maintenant. Il en porte la livrée avec une croix épinglée sur sa poitrine, et se croit fin prêt à entrer dans le glorieux royaume de Dieu. Il se sourit à lui-même, rappelle ses titres de gloire en tant que médiateur. Il ne dit rien de sa jouissance 50 années durant aux frais de l'État, pendant que la plupart des Béninois sombraient dans la pauvreté et la misère. Le frère Melchior ne dit rien des crimes que ceux qu'il a contribué à amener au pouvoir au Bénin ont commis et commettent en toute impunité : crimes de sang, crimes économiques et financiers, crimes politiques, désordre moral et social, etc. Paradant en médiateur devant l'éternel, engoncé dans sa nouvelle identité de frère, il n'hésite pas à se masturber aux portes du paradis, en croyant y avoir un droit d'entrée : quelle obscénité ! Dans une récente déclaration publique, toute construite sur le consensus frauduleux et des évidences suborneuses, il soulève un vrai-faux problème qui est posé en termes hypocrites, sans doute séquelles de sa culture chrétienne : de la nécessité de sauver l'école et l'hôpital de leur tendance à être prises en otage par les partenaires sociaux. Il faut faire quelque chose proclame le faux illuminé, le sage putatif. Comment poser un si sérieux problème sans aller à sa source ; sans dire au préalable que la responsabilité du pouvoir était engagée pour sauver l'école et l'hôpital, empêcher l'année blanche et les morts, abréger les souffrances des malades ? En effet, la grève pouvait ne pas durer plus d'une semaine. Le vrai crime, c'est celui d'un pouvoir qui ne voulait rien entendre et qui a mis plusieurs mois pour se rendre compte que l'hôpital existait, plusieurs mois pour se rendre compte qu'il y avait des malades en souffrance ; plusieurs mois pour se rendre compte qu'il y avait des élèves qui avaient le droit d'aller à l'école dans ce pays et qui risquaient une année blanche. Le vrai problème est celui d'un système politique sans opposition, laminée par le pouvoir et où la protestation et la résistance politique contre l'autocratie sont obligés de prendre le détour malheureux de la lutte syndicale. Et qui a contribué à amener l’auteur de cet univers politique malsain, source première de tous les maux ? Qui sauvera l’hôpital de ses milliers de morts indus en temps normal, parce que l’hôpital est un mouroir institutionnel ? Et qui sauvera l’école des millions d’analphabètes, des diplômés sans emploi, de sa pauvre qualité, et de ses choix aliénés, qui ruinent l’avenir de notre jeunesse ? Frère Melchior, la sagesse ce n’est pas la malice de poser de vrais faux problèmes. La compassion des méchants est cruelle a dit la bible, et la cruauté est le fonds de commerce du diable.
Aminou Balogun
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