Le fils de Abdoulaye Wade, Karim Wade est sous le coup d'une accusation de détournement de 7 milliards de francs CFA ; somme colossale et pour le moins faramineuse dans un petit pays comme le Sénégal qui est parmi les plus pauvres de la planète. Le fils de Sarkozy ou le fils de Hollande ne pourra jamais faire l'objet d'une telle accusation. Pour la simple raison qu'il ne pourra bénéficier d'aucun abus de biens sociaux qui l'amènerait à amasser une telle fortune illégalement. Le même fils Abdoulaye Wade, lorsque son père était politiquement vivant et président de la république, a pu faire partie du gouvernement et pas à n'importe quel poste : il était ministre d'État ! Quel président français oserait nommer son fils secrétaire d'État dans son propre gouvernement, sans même parler d'un positionnement aussi éminent que celui de ministre d'État ? Enfin, M. Wade, après avoir fraudé pour se faire réélire, malgré ses 86 ans voulait encore y aller pour un troisième mandat par la voie devenue royale en Afrique du tripatouillage de la constitution… Quel président français peut frauder impunément les élections en France ? Tout le monde a vu comment Sarkozy a échoué aux portes de la réélection en 2012, et ce n'est pas faute d'en vouloir ! Quel président français sortant, à 86 ans passés, ferait de la participation à la compétition présidentielle un casus belli? Quel président français oserait tripatouiller la constitution pour en tirer ensuite une interprétation fantaisiste lui permettant de se représenter aux élections si la constitution limitait le nombre de mandats ? Et, a-t-on jamais entendu qu’en France le fait pour un président sortant de se représenter aux élections signifie automatiquement y être élu ? En somme, les pays africains francophones et plus précisément les hommes politiques africains francophones se permettent de faire, peuvent faire et n'hésitent pas à faire des choses monstrueuses que la France ou les dirigeants politiques français ne peuvent pas faire et ne font pas. L’ironie de la situation est que, souvent, ces monstruosités, ces perversités inénarrables, les dirigeants africains en reçoivent l’aval, le mot d'ordre, les incitations de cette même France--ou du moins d'un système néocolonialiste à l'œuvre en dehors de la volonté et à l'insu du peuple français-- ce qu'on appelle la Françafrique. Le droit de se livrer à ces monstruosités, la capacité de les perpétrer tranquillement sans avoir de comptes à rendre à personne est ce qu'on appelle en Afrique indépendance. Car hormis cette autocratie obscure et abusive, hormis, ces abus de pouvoir, ce mépris de la démocratie, du peuple, de la justice et de la loi, hormis cet autoritarisme pervers, extravagant et malhonnête, à quoi l'indépendance a servi de bon en Afrique depuis bientôt 60 ans ? | | |
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