du matinN° 39 14 Mars 2014 Prix :50 francs Organe de liaison du Parti Communiste du Bénin Directeur de Publication : Philippe NOUDJENOUME -- Rédacteur en Chef : Jean Kokou ZOUNON ------------------------------------------------------------------------------------------
LE GOUVERNEMENT ET LE FMI Par Xavier La rencontre entre le Chef de l’Etat et les Secrétaires Généraux des Centrales Syndicales le 12 mars a ramené encore au grand jour les relations entre le gouvernement et le FMI. En effet dans le relevé des décisions à l’issue de cette rencontre, on lit ce qui suit : "Au sujet des défalcations de 2012, en raison de ce que les enseignants ont rattrapé les temps de grève en sacrifiant leurs congés, le Chef de l’Etat a instruit le Ministre de l’Economie et des Finances pour en évaluer le coût et proposer les conditions de leur restitution au titre de compensation en tenant compte de la nécessité du respect du cadre macro-économique retenu avec la Mission du Fonds Monétaire International (FMI) lors de la dernière revue." Ainsi donc en clair, la satisfaction d’une revendication reconnue légitime, en occurrence la restitution de défalcations illégales de 2012, est subordonnée au respect du plafond des dépenses retenu avec le FMI. L’irresponsabilité d’un pouvoir souverain apparait verte, déshonorante. Mais, au-delà de cet aspect il y a lieu de souligner que la rigueur du FMI est à géométrie variable. En effet, on ne connait pas le montant total de ces défalcations à restituer. Mais, est-ce que les pillages et gaspillages par le pouvoir de Boni YAYI qui se font au vu et au su de tous sont également subordonnés à la « nécessité du respect du cadre macro-économique retenu avec le FMI » ? Les milliards engloutis et pillés à l’occasion des projets de construction du siège du Parlement, de la Centrale électrique de Maria-Gléta, de l’acquisition des machines agricoles, de l’élaboration de la LEPI truquée etc.…tiennent-ils compte du respect du cadre macro-économique négocié avec le FMI ? Le FMI est évoqué et soulevé comme une épée de Damoclès lorsqu’il s’agit des mesures en faveur des travailleurs. Mais lorsque le Chef de l’Etat se permet de dire que l’on peut raser le siège du Parlement, où plus de 14 milliards de francs sont déjà engloutis, pas de référence au FMI. On imagine déjà ce que dira le pouvoir à propos du bénéfice des 25% d’augmentation des points d’indice au profit des enseignants. Le FMI admet, autorise, couvre le pillage des ressources au profit des dirigeants. Mais, il interdit, bloque le minimum pour l’amélioration des conditions de vie, de survie des travailleurs et de la jeunesse. L’argument de Boni YAYI contre la restitution maintenant même des défalcations de 12 est donc irresponsable, fallacieux, inacceptable. Qui a dit que FMI signifie Fonds de Misère Instantanée pour les travailleurs. ?
A PROPOS DE LA RENCONTRE BONI YAYI-RESPONSABLES SYNDICAUX : LE PARDON ET LA REPARATION Par Jean K. ZOUNON
Boni YAYI, après avoir méprisé les grévistes et leurs responsables, après les avoir vilipendés et calomniés (le 27 janvier 2014), après avoir intimé l’ordre de reprendre sans la satisfaction des revendications (le 28 février), a dû se résoudre à rencontrer les Secrétaires Généraux des Centrales, le mercredi 12 mars. A l’issue de la rencontre, un relevé signé du Ministre d’Etat François ABIOLA, et de celui de la Fonction Publique, Martial SOUNTON retrace les positions de Boni YAYI et de son Gouvernement. Comme tout le monde peut le constater à la lecture de ce relevé, rien n’a fondamentalement changé dans les positions du Gouvernement, et on sait désormais que Boni YAYI est l’obstacle à la jouissance des libertés, de la démocratie et du bien-être des travailleurs et de la jeunesse. Mais ici, je voudrais m’appesantir sur un point. C’est celui relatif au pardon et la réparation. On lit dans le relevé ce qui suit : « Sur les questions de libertés publiques, le Président de la République, tout en prenant note des déclarations des syndicalistes victimes auxquels il a présenté les excuses de la République, a rassuré les Syndicats que des dispositions sont prises afin que les évènements du genre du ceux du 27 décembre 2013 ne se reproduisent plus. Au sujet du relèvement du Préfet de l’Atlantique Littoral et du Commissaire Central de Cotonou, le Président de la République a indiqué, tout en prenant note des doléances des syndicats, que les éléments à sa disposition à l’étape actuelle ne lui permettent pas de prendre une décision conséquente et qu’il est souhaitable de laisser poursuivre la procédure en cours devant les juridictions compétentes ». Le sens de toutes ces phrases est celui-ci : " Je présente les excuses ; pardonnez " Voilà ce que dit Boni YAYI aux travailleurs et au peuple à propos du limogeage de son préfet Placide AZANDE et du Commissaire AGOSSADOU qui ont violé la loi et fait couler le sang de manifestants pacifiques. En effet, en acceptant (enfin) de présenter des excuses de la République, Boni YAYI reconnait que "sur les questions des libertés publiques", des syndicalistes et manifestants pacifiques, ont été victimes de violations des libertés publiques ! Mais aussitôt, il dit "que des éléments à sa disposition ne lui permettent pas de prendre une décision" de relèvement des auteurs de cette violation des libertés. Or, normalement, logiquement, la présentation des excuses de la République, devrait être suivie de la réparation par la République avec des dispositions concrètes à l’intention de tous. Ici, la procédure en cours devant les juridictions compétentes ne constitue pas un élément suspensif de sanction administrative. Au contraire ! Pas plus que la poursuite devant les tribunaux d’un fonctionnaire convaincu de détournement n’empêche son limogeage immédiat, de même, on devrait au contraire suspendre aussitôt de leurs fonctions le Préfet Placide AZANDE et le Commissaire AGOSSADOU pour aller répondre devant la justice. C’est le minimum. Si une faute avouée est à moitié pardonnée, il faut la réparation pour effacer la moitié restante. La réparation consistant à sanctionner le fautif et à réhabiliter, (consoler, indemniser) la victime. Autrement, c’est le règne de l’impunité. L’impunité qui depuis bientôt 25 ans permet tous les abus, les détournements, les fraudes de la part des dirigeants et qui ont entrainé la ruine du pays et le blocage de son développement. |
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