Aujourd'hui, 492 délégués venus de tout le pays ont été accueillis à Abuja, à l’ouverture de « la Conférence nationale sur l'avenir du Nigeria ». Le gouvernement fédéral, selon le Livre blanc qu’il a publié à cet effet, a nommé 20 délégués dont au moins six femmes, alors que les gouverneurs des États ont désigné 109 délégués, à raison de trois par état, plus un du Territoire Fédéral d’Abuja. Avant et avec ce démarrage des travaux de la conférence, les opinions sont partagés sur le sens et l’issue de l’exercice. Entre le gouvernement et l’opposition, d’une part, et entre la classe politique dans son ensemble et le peuple d’autre part règne un mélange d’espoir et de scepticisme. Dans l’opinion publique, il y a la conviction que la conférence est une distraction nationale. Beaucoup de gens et d'organisations, en particulier l'opposition, la voient comme une foire mise en place par le président pour faciliter sa voie vers un second mandat en 2015. Certains vont jusqu’à critiquer la somme de 21 milliards de francs CFA que coûtera la conférence, et qu’ils considèrent comme un pur gaspillage de fonds publics. Malgré tout, nombre de Nigérians rêvent d’une conférence nationale qui discutera de questions clés et incitera à une renégociation des fondements de l’unité du pays. Ces questions touchent à la structure du pays, la décentralisation des pouvoirs, le fédéralisme fiscal et le système de gouvernement à opérer, entre autres. La plupart des zones géopolitiques vont à la conférence armées d'une demande pour un retour au gouvernement régional, en vigueur au Nigeria avant le premier coup d'État militaire en 1966. Ils croient que le retour au système de gouvernement régional pourrait aider à réduire le coût de la gouvernance ainsi que la tension associée à la lutte désespérée pour le pouvoir central. Un autre problème important est le système de gouvernement à mettre en place en rapport avec le choix du gouvernement régional. Certains, par exemple, sont en faveur d'un système parlementaire où les députés et sénateurs servent à mi-temps. Ce qui pourrait selon eux contribuer à réduire le coût de la gouvernance. Allant de pair avec la question du fédéralisme budgétaire, est la clameur pour la dévolution de pouvoirs aux régions ou états. La croyance générale est qu'il y a trop de concentration des ressources au centre ce qui rend le gouvernement fédéral indûment et inutilement attractif aux gros bonnets de la politiques. Ceux qui partagent cette croyance estiment que davantage de ressources devraient être allouées aux unités fédérées de manière à rendre le centre moins attractif. Enfin la question qui trotte dans tous les esprits est le sort qui sera réservé aux résultats de la conférence ? Monsieur Jonathan a déclaré que le document final produit par les délégués sera transmis à l'Assemblée nationale ainsi que plusieurs autres documents en attente pour examen dans le processus de modification constitutionnelle. Certains, cependant, sont d'avis que les résultats de la conférence devraient impliquer (et servir de base à) l’élaboration d’une une nouvelle constitution. Quoiqu’il en soit, le Nigeria fait l'histoire aujourd'hui avec l'ouverture de la Conférence nationale. Le gouvernement a prévu de faire tout son possible pour que les négociations se déroulent dans une atmosphère qui permette une véritable discussion sans pression ni influence indue. Beaucoup de Nigérians souhaitent que les résultats de la conférence soient soumis à référendum, sinon tout l'exercice reviendrait à un gaspillage de temps et de ressources, comme le craignent les sceptiques.
Binason Avèkes source
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