Il y a un présupposé et un soubassement irrationnels qui me révulsent dans les actes qu'on qualifie de racistes--sous-entendu lorsqu'un Blanc s'en prend à un Noir. En fait souvent, ce qui est en jeu est à mille lieues de la race qui s'en veut pourtant la justification proclamée. Par exemple, supposons que dans un bus, un Blanc s’en prenne à un Noir pour une raison ou une autre. Le Blanc va utiliser des propos « racistes » faisant référence à l'origine étrangère du Noir, au fait que celui-ci ne serait pas « chez lui », etc.--sans préjudice du fait que ce Noir pourrait être en France avant la naissance de son agresseur Blanc, ou même être un Antillais, ou un citoyen français. Or, par sa manière de poser le problème, le Blanc feint d'ignorer--je dis bien feint, car on a beau être raciste, on n'est pas complètement débile-- que ce qui est pertinent en l'occurrence, ce n'est pas la nationalité mais le fait d'avoir acheté son ticket à une société de services de transport en commun ; et que le seul droit qui vaille en l'occurrence et qui a du sens est celui des détenteurs de ticket d'entrée dans le bus, qui à ce titre sont sur le même pied d'égalité. Et que s'il y a une discrimination ou une distinction à faire c'est la distinction entre ceux qui ont leur ticket, et ceux qui ne l'ont pas, dont l'agresseur lui-même peut faire partie ; que ce qui fait marcher la RATP, ce n'est pas l’apparence physique, ni la couleur de la peau ni la nationalité mais la régularité de ses passagers au regard de leur titre de transport.
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Le raciste soi-disant sait tout cela mais brouille délibérément cette évidence simple, invente une problématique non pertinente par laquelle il consume sa haine, et voudrait que le bon sens le suive sur ce terrain irrationnel et vicieux. De toutes les façons, il y a une division du travail du racisme, et toutes les formes à travers lesquelles sa brimade irrationnelle et vicieuse s'exerce à l'égard du Noir se tiennent entre elles. Ces formes constituent une chaîne continue depuis l'esbroufe pathétique et insensée de ce voyageur hypothétique, jusqu’aux actes géopolitiques internationaux comme une intervention militaire de la France mettons en Côte d'Ivoire ou en Libye, en passant par les mille et une fleurs vénéneuses de ce mal que je nomme antinégrisme
Binason Avèkes
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