du matinN° 38 12 Mars 2014 Prix :50 francs Organe de liaison du Parti Communiste du Bénin Directeur de Publication : Philippe NOUDJENOUME -- Rédacteur en Chef : Jean Kokou ZOUNON ------------------------------------------------------------------------------------------ NEGOCIATIONS GOUVERNEMENT-CONFEDERATIOS SYNDICALES : LE VERITABLE VISAGE DE YAYI ENCORE MIS A NU. Par Xavier Le 28 février 2014, Boni YAYI, dans un discours à la Nation, diffusé sur les ondes, après avoir annoncé la restitution des sous illégalement défalqués pour fait de grève en 2014, a appelé à la reprise du travail à partir du 03 mars avec les menaces vertes contre les grévistes. Mais force est de constater qu’encore une fois, les menaces de Boni YAYI, qui a pensé clore les négociations sans satisfaire aucune des revendications à la base des grèves, n’ont pas suffi. Au contraire, Les responsables syndicaux ont protesté. Non seulement la grève s’est poursuivie, mais elle s’est élargie. Les étudiants et élèves se sont lancés plus massivement dans le mouvement en soutien aux travailleurs et aux enseignants. YAYI a échoué ; on peut dire qu’il a mordu la poussière. Alors ses émissaires, ministres et facilitateurs ont été obligés de revenir à la table de négociation. Ainsi, les négociations ont repris le vendredi 7 mars et ont accouché d’un "relevé de conclusions", à l’issue de 15 heures de négociations. Certains journalistes, soutiens du pouvoir ont voulu voir dans ce relevé des conclusions un protocole d’accord. Or il suffit de jeter un coup d’œil pour constater qu’il s’agit d’un rapport précisant les positions des deux parties au sujet de chacune des revendications. L’intérêt de ce document réside dans le fait d’une part dans la réaffirmation et la défense fermes des revendications des travailleurs, et surtout la révélation encore une fois de la nature liberticide du pouvoir d’autre part. Jusqu’à ce sixième round des négociations, le pouvoir faisait du dilatoire pour ne pas préciser ses positions à propos du limogeage des violateurs de libertés, de l’invalidation du concours frauduleux, du bénéfice des 25% aux enseignants, du sort des vacataires, etc. Acculé par les luttes, le gouvernement a dû expliciter ses positions et là, tout le monde peut se rendre compte par lui-même des intentions réelles du pouvoir. 1- En s’opposant au limogeage du préfet Placide AZANDE et le Commissaire Pierre AGOSSADOU qui contre la loi, ont fait couler le sang des responsables syndicaux et des travailleurs, Boni YAYI montre qu’il est le commanditaire de cette violation des libertés ; qu’il est parjure en ce sens qu’en tant que Président, il viole son serment de respecter la Constitution et de garantir les libertés. 2- En refusant d’invalider le concours frauduleux et en soumettant sa décision au rapport d’une nouvelle commission, le gouvernement montre que le pouvoir de Boni YAYI est un pouvoir de corruption, de fraude et de népotisme, incapable de transparence. On peut relever au passage que depuis plus d’un an que tout le monde exige l’invalidation de ce concours, YAYI avait dit qu’une commission était instituée sous la direction de son conseiller politique Amos ELEGBE. Qu’est devenue cette fameuse commission Elègbè. Ou est-ce simplement un mensonge d’Etat de plus ? 3- En refusant de restituer les défalcations opérées en 2012 sur les salaires des enseignants grévistes à qui l’on a promis d’ouvrir les négociations et qui ont œuvré, en sacrifice de leur congés, à sauver l’année scolaire, Boni YAYI indique que son pouvoir est sans foi ni loi. 4- En rejetant la satisfaction de la revendication du bénéfice des augmentations des indices de 25 % par les enseignants du primaire et du secondaire, Boni YAYI et son gouvernement violent l’esprit et la lettre des engagements signés d’accords parties avec les confédérations syndicales en 2011. Une fois encore, on découvre un pouvoir de mensonge, de roublardise. La ruine de l’Ecole et l’avenir de la jeunesse constituent le dernier de ses soucis. Sinon comment peut-on comprendre qu’en plus d’un programme inadapté dit Nouveaux programmes, plus de 75% des enseignants au secondaire est constitué de vacataires, temporaires, précaires. Comment peut assurer une instruction de qualité dans ces conditions ? En se refusant à reverser les vacataires dans des corps permanents, Boni YAYI et son pouvoir indiquent qu’ils sont des assassins de l’instruction de la jeunesse. Au total, le relevé des conclusions montre une fois encore et une fois de plus le véritable caractère du pouvoir de Boni YAYI : un pouvoir liberticide et dictatorial, de corruption, de fraude et de ruine du pays et de sa jeunesse. Un pouvoir à dégager, absolument, immédiatement.
Boni YAYI chez Bruno AMOUSSOU : POUR QUEL DIALOGUE ? Par Jean K. ZOUNON
Le lundi 10 mars 2014, Boni YAYI est allé rencontrer Bruno AMOUSSOU au domicile de ce dernier. La nouvelle aura surpris plus d’un et les journaux de la place ne tarissent pas de qualificatifs pour parler de l’humilité du geste du Président qui se sera déplacé publiquement au domicile d’un opposant politique. Tout connaisseur de la vie politique sait que Boni YAYI reçoit discrètement beaucoup de monde, y compris des opposants. La visite publique vise donc un objectif différent. Disons tout de suite qu’en politique, l’humilité d’un Chef d’Etat ou de tout dirigeant consiste fondamentalement à se rappeler à tout instant qu’il est l’élu du peuple et qu’il doit constamment être à l’écoute de ce dernier et de ses exigences. Dans le cas d’espèce, l’humilité consisterait à satisfaire les revendications toutes légitimes et soutenues par tout le peuple des Centrales syndicales : limoger le préfet Placide AZANDE et le Commissaire central Pierre AGOSSADOU, invalider le concours frauduleux sans autre commission, etc. Les salamalecs, les révérences extérieures, les proclamations tapageuses de "je vous aime", les visites de courtoisie et de civilité ne sont que des moyens et peuvent se révéler être des attitudes de ruse et d’hypocrisie de quelqu’un qui fait l’âne pour avoir du foin. Qualifier donc le seul fait de se rendre au domicile d’un opposant de geste d’humilité est donc un grand bluff destiné à duper l’opinion, les travailleurs et la jeunesse en lutte. Evidemment, Boni YAYI a intérêt à un tel bluff. Il a intérêt à faire oublier qu’il est au centre des scandales les plus scabreux : CEN/SAD, machines agricoles, ICC-Services, siège de l’Assemblée Nationale, turbine à gaz de Maria-Gléta, sans parler de la LEPI de fraude. Il a intérêt à faire oublier ses discours et propos publics fascistes et de haine tels "ils sont petits … je ferai venir les miens", "je les ai dans ma main … je vais bondir", etc. Il est aujourd’hui affaibli par une contestation sociale contre laquelle toutes ses tentatives et manœuvres sont demeurées vaines. Il a tenté le pourrissement de la situation. Echec. Il est allé le 27 janvier 2014 par la négation des faits, le mépris et les menaces. Echec. Le 28 février 2014, il a fait du dilatoire de façon à en imposer du haut de sa chaire et essayé ainsi de conclure cavalièrement les négociations. Echec. Il a essayé et grillé tous les médiateurs officiels et non officiels : le Médiateur de la République, le Haut Commissaire à la Gouvernance concertée, le Président du Conseil Economique et Social. Il a usé et abusé des Chefs religieux, catholiques, musulmans et traditionnels. Tous ces appels et menaces pour la reprise du travail sans la satisfaction des revendications essentielles ont échoué. S’entêtant dans son refus de satisfaire les revendications, YAYI est acculé et a intérêt à rechercher l’aide d’opposant, de Bruno AMOUSSOU ou autre. La publicité autour d’une visite à domicile pouvait endormir certains. Une démarche pour l’aider à ne pas satisfaire les revendications ? Mais la question qui vient à l’esprit est celle-ci. Quel intérêt Bruno AMOUSSOU, lui, vise-t-il à recevoir Boni YAYI ? Il est clair que la visite ne s’est pas faite sans son accord formel, qu’il a la liberté et la possibilité de la refuser. Il est le Président de "L’Union Fait La Nation" qui, dans une Conférence de presse le 10 décembre 2013 a déclaré : « L’Union Fait La Nation retire sa revendication de dialogue politique national, constatant que la vision et la pratique du gouvernement en place lui enlèvent toute crédibilité pour discuter et rechercher des solutions à la misère généralisée. Le gouvernement en place ne peut plus contribuer à identifier et mettre en œuvre des solutions. Ce gouvernement et son Chef font partie des problèmes de notre pays » (Cf. "Fraternité" du 11/12/2013). L’UN avait appelé à cet effet à des Assises Nationales exclusives du pouvoir de Boni YAYI. Depuis le 10 décembre, Boni YAYI a commis forfaits sur forfaits : l’injonction de la Cour Constitutionnelle au Parlement (commanditée par lui) ; la répression dans le sang des responsables syndicaux en tête de la marche du 27 décembre 2013 ; discours haineux ; LEPI truquée et rendue incorrigible, etc. Alors à quel dialogue assisterait-on entre Bruno AMOUSSOU et Boni YAYI ? A quoi doit-on s’attendre maintenant lorsque Bruno AMOUSSOU déclare que « nous sommes en état de l’aider (Boni YAYI) pour que notre pays emboîte le pas du développement, de la concorde et de la paix » ?
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