Il y a toujours un point qui me chiffonne dans la problématique de l'aide aux pays africains. En fait, c'est sa nature foncièrement absurde. Cette absurdité est foncière dans la mesure où l'Afrique est riche et les Africains sont pauvres. Si les Africains se prenaient en main, s'ils retroussaient les manches et faisaient un tant soit peu fonctionner leurs méninges, la question de l'aide ne se poserait même pas. Les Africains mettraient en valeur leurs pays ainsi que les immenses richesses dont regorgent leur sol, leurs terres et leurs populations. L’absurdité a priori de la problématique de l'aide c'est que l'Afrique a d'immenses richesses et vit dans la pauvreté. Mais l’absurdité de la problématique de l’aide est aussi a posteriori ou empirique. Un aspect de cette empiricité réside dans le rapport souvent incommensurable entre ce que les Africains gaspillent ou ce que quelques-uns soustraient des caisses de l'État, comparé à ce que d'autres pays prétendument généreux ou bienveillants leur donnent pour financer tel projet ou telle action régalienne ou vitale, que l'incurie et l'irrationalité gestionnaire empêchent de réaliser de façon autonome et sur fonds propres. Prenons un exemple d'actualité. On peut lire dans la presse que les États-Unis envisagent de donner 15 millions de dollars au Nigéria pour contribuer au financement des élections de 2015 qui se préparent dans ce pays. Mais 15 millions de dollars qu'est-ce que c'est au regard des gaspillages et détournements monstrueux dont sont responsables les acteurs politico-économiques de ce pays ? Entre autres orgies de détournement et de gaspillage, la polémique fait toujours rage sur la disparition des caisses de l'État Fédéral de la bagatelle de 20 milliards de dollars de revenus pétroliers.
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20 milliards de dollars c'est quasiment 1350 fois les 15 millions que les États-Unis envisagent de contribuer aux élections nigérianes en 2015 !
Ce qui veut dire que si les Nigérians devaient sérieusement balayer devant leur porte, ils se passeraient de l'aide américaine pour 1350 élections à venir ! Et comme les élections arrivent tous les cinq ans, eh bien c’est pendant 6750 ans que le Nigéria pourrait se passer d'une contribution américaine à l'organisation de leurs élections, un événement qui, il faut le dire est suffisamment intime pour une nation digne de ce nom pour que d'autres ne s'y immiscent pas. Sachant que l'aide, surtout en matière de financement des élections, n'est jamais dénuée d'arrière-pensées politiques et géopolitiques. Mais telle est l'absurdité de la gestion politique, et de la vie collective en Afrique, héritée de la colonisation, que nous laissons arbitrairement assécher un océan pour nous voir proposer quelques gouttes d’eau sous forme d'aide ! Pendant combien de temps continuerons-nous à barboter dans cette boue absurde et infantile ?
Éloi Goutchili
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Gouttes d'eau qui reviennent pour l'essentiel dans les puits, pardon dans les banques des "donateurs"...
Rédigé par : Thomas Coffi | 13 mars 2014 à 22:01