Le raisonnement qu'il y a derrière les actes antinationaux et antirationnels de Yayi Boni est d'une indignité lamentable. Depuis plusieurs années, ses conséquences n'ont fait qu’installer la tension dans une société béninoise jusque-là reconnue pour ses qualités de paix, d'ouverture et de tolérance. La guerre qui est menée contre les hommes d'affaires dont Monsieur Talon est devenu la figure éponyme--sans qu'on ne doive oublier le calvaire quotidien des Ajavon et consorts--ainsi que la position du gouvernement dans les fraudes administratives en général et plus particulièrement dans la fraude au concours du MEF -- ces deux faits qui défrayent la chronique sont porteurs du raisonnement indigne, rétrograde, égoïste, malin et pour tout dire furieusement régionaliste qui est derrière les agissements de M. Yayi. Quelle est donc la substantifique moelle de ce raisonnement que nous pouvons appeler le Raisonnement "R", R comme raciste, R comme régionaliste, R comme rétrograde ! Eh bien tout est centré autour de la richesse polémique du coton, l’or blanc béninois ! L'idée de Yayi Boni et des intégristes nordistes de son entourage est que, vu que l'essentiel du coton est produit dans les régions du Nord par des cultivateurs nordiques, il est normal, voire impératif que les revenus du coton profitent en priorité aux soi-disant nordistes. À commencer par le président lui-même qui, au lieu de se contenter d'être président du Bénin, se voit comme nordiste et voué à une cause nordiste, fabriquée de toutes pièces. C'est pour cela aussi qu'en tant que nordiste et au mépris de la constitution, Yayi Boni se bat pour se maintenir au pouvoir afin de continuer à veiller que les nordistes propriétaires putatifs du coton essentiellement cultivé dans leur région continuent d'en bénéficier prioritairement. C'est pour cela qu'il faut détrôner tous ces hommes d'affaires sudistes qui, à coup de ruse et de manipulation, sous prétexte que le port par lequel transite le coton est situé au sud, en sont venus à faire main basse sur la filière et à s'en faire les patrons, raflant des dizaines de milliards par an au nez et à la barbe du président nordiste et des gens du Nord. Et, en combattant Talon, en saccageant ses entreprises, en le poussant à l'exil, en diabolisant le cercle de ses amis et relations, le président nordiste et ses acolytes espèrent s'approprier sa position et ses affaires. Et, à défaut de trouver des gens originaires du Nord capables de les remplacer au pied levé, le président lui-même n'hésite pas à montrer le chemin en faisant sa propre promotion comme étant le premier producteur de coton de son terroir ! Et de toute manière, les exigences de la guerre raciste ainsi ouverte contre les hommes d'affaires du sud ne reculent même pas devant leur substitution aveugle par des expatriés ou par des Africains du Sahel qui n’ont aucune chance de s’appeler NOUNAGNON, AGOSSOU, TOVIGNON, HOUÉMAVO, ou HOUÉYIHO… Etc.… C'est ce même raisonnement qui rend raison de la position déconcertante et consternante du gouvernement dans l'affaire de la fraude au concours du MEF officialisée à l'issue d'un conseil des ministres de sinistre mémoire. Par sa décision, le gouvernement considère que dans la dite affaire, il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Non qu’il n'y ait pas eu fraude en soi mais, celle-ci est posée comme le fait du prince, un fait sans appel. Yayi Boni considère que les victimes de la fraude, comme les défenseurs des droits sociaux et autres O.N.G. qui se font leur porte-voix, devraient en prendre leur parti et fermer leur clapet. Et le raisonnement "R" est ici est le même. Il est l’inspiration et la traduction d'une pratique massive du gouvernement en matière de nomination et de politique d'embauche dans l'Administration. Le financement de l’Administration d'État se faisant en grande partie grâce à l'argent du coton, il est normal qu'à l'arrivée, les nordistes qui sont producteurs et propriétaires de ce coton puissent y tirer leur juste part. Et, au-delà des pratiques de quotas ou de notation différenciée qui favorisent illégalement les citoyens ressortissants du Nord, eh bien le pouvoir, sous la houlette délirante et autoritaire de M. Yayi Boni se réserve le droit de déclarer reçus en lieu et place de ceux qui ont effectivement concouru, des personnes n'ayant pas concouru et dont la seule qualité est d'appartenir à une petite liste népotiste de gens originaires du Nord. Par ces coups de force dont la fraude au concours du MEF n'est que le petit bout de l'iceberg, M. Yayi est en plein dans le raisonnement "R", une idéologie aveugle pour la mise en application de laquelle, il est affligeant de voir que, stratégiquement, et instrumentalement, il parvient à bénéficier du soutien de gens qui se disent du sud, ou même attachés à la cohésion nationale. Ce raisonnement est criminel, rétrograde, et raciste et doit être combattu avec la dernière rigueur. Le moment venu, il est impératif et salutaire que son instigateur soit placé devant ses responsabilités et rende des comptes à la nation tout entière.
Abdouhramane Bagri
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