Le grand parti de l'opposition au pouvoir de Jonathan a définitivement pris son envol après la fusion en 2013 de quatre grands partis jusque-là distincts. Ce parti s'appelle l’APC, à ne pas confondre avec la célèbre aspirine locale du même nom. Son logo est, incrusté sur un carré rouge, le drapeau nigérian où la deuxième bande verte est remplacée par une bande bleue turquoise, et au centre de la blanche, une main brandissant un balai. Depuis sa création, ses membres influents ne ratent jamais une occasion de brandir leur balai symbolique, comme on peut le voir ici sur cette image. En Afrique, la métaphore du ballet a souvent été utilisée par les hommes politiques. On se souvient que, au début de la tourmente politique qui allait conduire à la guerre en Côte d'Ivoire, le général Guéï, qui accéda au pouvoir par un coup d'état, prétendait au tout venant qu'il était seulement venu pour « balayer la maison ». La suite, on la connaît : il a fallu le déloger à coups d'élections calamiteuses, de ruse et de stratégie politiques de la part de Laurent Gbagbo. Dans le cas de ce grand parti d'opposition nigérian, l’APC, qui entend accéder au pouvoir dans la légalité démocratique, la question qu'on est en droit de se poser lorsqu'on voit ses éminents représentants brandir le balai est de savoir ce qu'ils veulent balayer au juste : — Est-ce pour balayer Jonathan et son parti en sérieuses difficultés politiques ? — Ou bien, est-ce pour balayer le Nigéria de la corruption, de la violence endémique quotidienne, du terrorisme de Boko Haram, des vols à main armée, bref de tout ce désordre qui "ojojumo", donne des maux de tête aux Nigérians?
Vu l'engouement avec lequel ce balai se brandit dans les réunions publiques de ce parti, vu la signification rhétorique de menaces qui est au principe de son brandissement, la sémiologie des gestes politiques nous incline à douter de sa pertinence quant à la deuxième question.
Binason Avèkes
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