du matinN° 36 25 février 2014 Prix :50 francs Organe de liaison du Parti Communiste du Bénin Directeur de Publication : Philippe NOUDJENOUME -- Rédacteur en Chef : Jean Kokou ZOUNON ------------------------------------------------------------------------------------------ COMME LA DICTATURE DU PRPB OU DE EYADEMA PERE ! Par Jean Kokou ZOUNON
Le lundi 24 février, à l’ouverture des débats de négociations Gouvernement-Centrales syndicales, le gouvernement a, en premier lieu, avancé que la grève lancée (et en cours) par les Centrales Syndicales depuis le 07 janvier 2014 est "illégale car il n’y aurait pas de rapport constatant un désaccord sur les motifs de la grève". Pour tout être censé, il s’agit encore là non seulement de dilatoire, mais plus grave de provocation cynique du tortionnaire qui se plaît à remuer le couteau dans la plaie de sa victime. Le dilatoire vient de ce qu’il s’agit là du quatrième round de négociation ! Et c’est seulement après huit semaines de grève et à la quatrième occasion de négociations que le gouvernement sort un tel argument farfelu ! On savait que le gouvernement avait tenté de faire déclarer la grève illégale par la Cour Constitutionnelle de Holo et la Cour Suprême de Batoko. La dénonciation de ce complot dans la presse (cf. CDN n°35) et par les Secrétaires Généraux des Centrales Syndicales le 15 février 2014 à une Asssemblée Générale avec les Travailleurs a fait reculer Boni YAYI et son équipe. Le lundi 24 février, le gouvernement lui-même avance l’argutie. Les Centrales syndicales ont évidemment pulvérisé et ridiculisé Messieurs ABIOLA et autres Alassane Djemba. Mais, au-delà du dilatoire, avancer que les grèves actuelles seraient illégales parce qu’il n’y aurait pas de rapport constatant un désaccord sur les motifs relève du cynisme du dictateur, tortionnaire qui se plaît à remuer le couteau dans la plaie du torturé. Voyons les faits. Le 27 décembre 2013, les responsables syndicaux organisent une marche, après toutes les formalités légales, pour la sécurité des citoyens, l’invalidation de concours frauduleux, la garantie des libertés. De façon brutale, le gouvernement manifeste son désaccord avec tous ces sujets en bloquant et en réprimant dans le sang cette manifestation légale et pacifique. Quel autre rapport, quel autre constat des désaccords est plus clair, plus net, plus parlant que les tirs de grenades, le sang des responsables et militants syndicaux que l’on fait couler ?! Au total, il faut être un dictateur cynique de la nature de Kérékou, de Ben Ali ou de Eyadema père pour demander, après avoir tiré sur la victime, un rapport constatant un désaccord. Ainsi est Boni YAYI. Et la réponse définitive à cette dictature est la mobilisation générale pour une riposte populaire, tel indiqué par Philippe NOUDJENOUME, 1er Secrétaire du PCB, Président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche. A bas le pouvoir dictatorial de Boni YAYI ! Vive le pouvoir des travailleurs et des peuples ! ================== A PROPOS DES TENTATIVES DE DIVISION ET DE DIVERSION DES TRAVAILLEURS par Xavier Les journaux ont rapporté que le pouvoir a rencontré les Responsables du Front des Trois Ordres d’Enseignement le dimanche 23 février 2014. Selon les reportages, il aurait été question des revendications spécifiques aux Enseignants, à savoir : l’augmentation de 25%, les défalcations pour fait de grève y compris celles de 2012, la "sédentarisation" des vacataires, les reclassements. Il est vrai et juste que les enseignants tiennent à leurs revendications. Mais il est clair également que le gouvernement en tentant de rencontrer le Front des Trois Ordres autour de leurs revendications spécifiques cherche à les faire désolidariser du mouvement général et à diviser ainsi les rangs des travailleurs. D’où la nécessité de vigilance. Il faut observer que nous sommes en face d’un pouvoir de mensonge qui ne tient ses engagements que lorsqu’il y a pression. Le cas des médecins hospitalo-praticiens est là patent : des engagements pris par le gouvernement depuis 2008, il y a six ans, sont demeurés non satisfaits. C’est après près de trois mois de grève, avec la menace de journées " Hôpitaux morts" que le gouvernement s’est décidé à prendre en février 2014 un décret. Et il reste encore les arrêtés d’applications et ensuite l’application elle-même. C’est dire qu’il faut absolument sauvegarder les possibilités de pression : le droit de manifestation et le droit de grève. Sans ces droits, tout engagement d’un gouvernement qui va jusqu’à déclarer qu’il n’y a pas de droits acquis, serait illusoire. Or c’est la garantie de ces droits qui motive les deux revendications de rétrocession des défalcations et surtout de limogeage du Préfet AZANDE et du Commissaire Pierre AGOSSADOU. La défense de ces deux revendications, rétrocession des défalcations et limogeage des violateurs des libertés, constitue la garantie aux mains des travailleurs pour le respect et la jouissance de tout engagement, la garantie pour l’avenir. Si une marche conduite par les Secrétaires Généraux des Centrales Syndicales est réprimée dans le sang et cela impunément, qu’en sera-t-il des cas des simples militants et citoyens. Si le bois vert est ainsi brûlé, qu’en sera-t-il du bois sec ?! Si le concours frauduleux n’est pas invalidé, alors vive la fraude. Alors détacher aujourd’hui les revendications spécifiques de ces deux revendications générales, parler de la satisfaction de revendications spécifiques sans rappeler et exiger la satisfaction sans condition des revendications démocratiques reviendrait à jeter les travailleurs dans la gueule du loup et à faire le jeu de division des travailleurs par le pouvoir corrompu et liberticide de Boni YAYI. Alors vigilance ! Placide AZANDE et Pierre AGOSSADOU doivent être dégagés ! Toutes les défalcations pour grève doivent être rétrocédées ! Le concours frauduleux doit être invalidé ! XAVIER ================== LU POUR VOUS BENIN : L’HEURE INSURRECTIONNELLE A SONNE !!! Edito de « L’Evénement précis » du 24 février 2014 par Olivier Allocheme Le renversement du Président ukrainien ce samedi est une alerte pour le pouvoir béninois. On a beau croire que la distance entre l’Ukraine et le Bénin est bien grande, que les faits reprochés par le peuple de Kiev à Viktor Ianoukovitch diffèrent profondément des motifs pour lesquels l’on se révolte à Cotonou, il n’en demeure pas moins que la similitude entre les motifs de la révolte dans la capitale ukrainienne ne sont pas bien loin de ceux qui provoquent indignation et colère chez les travailleurs béninois. Il s’agit de la dictature rampante. C’est en multipliant les provocations contre l’opposition que l’ex-président ukrainien est parvenu à déclencher les mouvements d’humeur ayant eu raison de son fauteuil. Le contrôle du pouvoir d’Etat l’a singulièrement aveuglé, au point de se croire invulnérable à toute forme de remise en cause populaire. On a vu ce samedi comment les manipulations grossières d’un pouvoir sont capables de constituer le carburant nécessaire à le renverser. Ce qui s’est passé à Kiev interroge ce qui se passe à Cotonou. Ici, les grèves qui durent depuis deux mois, voire plus pour le secteur de la justice, ne manquent pas de créer une atmosphère insurrectionnelle. Mais le régime Yayi y perçoit la manipulation de Talon, en feignant de ne pas y voir la contestation de ses pratiques. Mais là aussi, il est évident que Boni Yayi reconnait, même inconsciemment, la légitimité douteuse de son pouvoir passé par les mailles troubles des élections de 2011. Même légal, ce régime est perclus d’illégitimité dans une frange importante de la population. Ce qui accroit le sentiment d’insécurité du Chef de l’Etat. Ce sentiment se cristallise surtout à chaque crise et lui fait commettre plus d’erreurs qu’il n’en faut. Mais, il y a aussi la compréhension qu’il a de la démocratie. Les actes posés par le président béninois révèlent qu’il a une compréhension autocratique du pouvoir d’Etat et qu’il ne conçoit de démocratie que dans la dictature d’un élu. Il y a évidemment une dissonance cognitive entre cette conception et celle des forces en lutte pour la sauvegarde des libertés. Cette seule dissonance peut engendrer des révolutions et l’on voit quelles étincelles elle provoque aujourd’hui.(…) Mais personne ne peut prévoir ce qui se passerait en cas d’aggravation de la situation actuelle. Personne. L’utilisation folklorique de la télévision nationale pour distiller de fausses informations émanant directement du palais, sur les prétendus exploits du Chef de l’Etat, est censée servir à atténuer la révolte populaire qui couve. Comme d’ailleurs les marches et prières prépayées, perçues partout comme des signes de la dégradation morale du régime. Je fais partie de ceux qui ont peur qu’un jour les Béninois descendent spontanément sur la télévision nationale et la saccagent en signe de protestation contre les inepties sans nombre que lui reprochent tant de citoyens. Et ce jour de colère risque d’arriver si la crise actuelle s’aggrave, c’est-à-dire si Boni Yayi ne descend pas de sa tour d’ivoire pour répondre favorablement aux aspirations populaires. Oui, l’armée et la police ont été massivement mises à contribution ces dernières années pour prévenir tout débordement. Les libertés publiques ont été bâillonnées pour les besoins de la prévention. Cependant, le sang qui coule dans les veines du Béninois ordinaire est le même qui fait frémir le cœur des soldats du régime. Comme en Ukraine, l’accumulation des inepties ne pourrait qu’engendrer le sentiment qu’il y a trop de médiocrité pour que la conscience nationale laisse faire un pouvoir ivre. (Source : L’Evénement Précis)
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