Les causes de l’arrestation rocambolesque de l’activiste du delta du Niger, Asari Dokubo, par la gendarmerie Béninoise le 26 novembre 2013 et sa détention pendant 24 heures à Cotonou commencent à s’éclaircir. Dans une interview accordée à Premium, Asari Dokubo apporte des précisions et affirme qu’il a été arrêté à la demande de Monsieur Obasanjo et certains membres de l’APC, le grand parti de l’opposition au pouvoir. Sachant que Dokubo est un grand militant de la réélection de Jonathan, on imagine que sa libération immédiate a été demandée par celui-ci. C’est dire que Yayi Boni était pris entre le marteau et l’enclume. Cette arrestation est un signe avant-coureur de la guerre épistolaire que l’ancien président et son successeur allaient se livrer, et certains propos de l’activiste corroborent les accusations portées par Obasanjo dans sa lettre.
Voici, transcrits et traduits des extraits de cette interview
« J'ai décidé de réfléchir par moi-même, et ce que je pense c'est que s'il y a une élection, qu'elle soit juste et démocratique ou pas, qu'elle soit truquée ou pas, c’est Jonathan qui l’emportera. Comment Obasanjo et les leaders APC (l'opposition) voulaient que je croupisse en prison au Bénin. Le Bénin a reçu une information à l'initiative de certaines personnes au Nigéria qui voulaient s'assurer que je ne sois pas dans le circuit en 2015. Et à la tête de ces gens là se trouvait M. Obasanjo. (…) Ils pensent que si je suis là en 2015--ce n'est pas seulement des paroles en l'air, les gens me connaissent -- ce qu'ils ont l'intention de faire, ils ne pourront pas le faire. Tout ce qu'ils font, leurs menaces, recevront une réaction égale et opposée. Donc, comme ils ne peuvent trouver aucun moyen pour me réduire au silence, chaque fois que je suis au Nigéria, ils essayent de m'intimider, ou d'envoyer mon nom à Interpol pour qu'on m’arrête ; mais le Bénin est une démocratie où il y a l'État de droit ; et la justice doit examiner les accusations qui sont portées à mon encontre. Et quand ils ont vu qu'il n'y avait rien à me reprocher (…)--oui beaucoup de personnes se sont impliquées : la communautés Ibo, les Ijaw, les gens de Rivers, beaucoup de gens ont sympathisé. Certains leaders de l’APC disaient que je devrais croupir en prison ; ils appelaient même mes avocats pour leur dire ça ; mais c'est eux qui vont croupir en prison. Parce que je suis la personne la plus persécutée au Nigéria. J'ai été détenu plus de 73 fois. J'ai été mis isolation maximum, enterré vivant par Obasanjo dans le quartier d'isolement où on ne sait pas s'il fait jour ou nuit, pendant 10 mois et 11 jours. Ils ont cru que j'en deviendrai dingue, mais je ne suis pas devenu. Donc j'ai tout vu…
Binason Avèkes
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