Annoncée avec surprise par Goodluck Jonathan il y a quelques mois, la Conférence nationale du Nigeria est en préparation depuis lors, sous l’égide d’un comité consultatif national présidé par le Sénateur Femi Okurounmu de l’Etat d’Ogun. A l’issue d’un point de presse du porte parole du comité, on en sait un peu plus sur la composition des délégués qui siègeront à la conférence, et sur les modalités de ses travaux. L’objet de la Conférence est de débattre de tous les problèmes et questions qui préoccupent les Nigérians, dans le but d’améliorer le mieux vivre ensemble. Ces questions sont de tous ordres à l’exclusion des questions touchant à l’indivisibilité du pays, ont bien fait savoir le Gouvernement et le comité consultatif. Le coût de la conférence est de 21 milliards de FCA, pour 492 délégués réunis à Abuja durant trois mois, début Mars 2014. Les gouverneurs des 36 Etats du pays nommeraient 3 délégués chacun, soit 108, plus un délégué du Territoire de la capitale fédérale, ce qui fait en tout109 délégués pour les États. Beaucoup de Nigérians sont sceptiques quant à l’intérêt d’une Conférence qui a exclu d’entrée son caractère souverain, qui était la grande revendication des intellectuels et militants de la Conférence nationale. Le Grand parti de l’Opposition APC, qui ambitionne de détrôner le parti au pouvoir et qui depuis quelques mois a le vent en poupe a balayé d’un revers de main le bien fondé d’une conférence qu’elle qualifie de diversion sur fond de gaspillage de l’argent public. Il est vrai que le revirement inattendu du pouvoir, et notamment de M Jonathan sur la question de la Conférence nationale et sa décision de l’instituer semblent relever d’un calcul politique. Avec l’offensive de l’APC, la fusion de grands partis de l’opposition, la division du PDP dont des gouverneurs et sénateurs influents sont passés avec armes et bagages chez l’ennemi, il semble qui l’idée de la Conférence nationale vise avant tout à instaurer un climat de dialogue à la veille d’une élection à haut risque dans laquelle l’aveuglement du pouvoir, comme c’est souvent le cas en Afrique, pourrait ne pas tenir compte de la réalité de l’expression majoritaire. Dans ce cas de figure, quoi de mieux que la tenue anticipée d’une Conférence nationale pour exonérer le pouvoir de toute responsabilité dans l’issue tragique d’une élection aux résultats autoritairement fixés à l’avance ? Binason Avèkes |
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