Tous les acteurs et observateurs de la vie publique béninoise s’accordent à reconnaître que le Bénin traverse actuellement une crise sociopolitique majeure. Le point culminant de cette crise est le blocage quasi complet de l’administration générale, du secteur de la justice, de l’éducation et de la santé avec des préjudices incalculables pour les citoyens, l’économie nationale, l’image du pays, sans compter les effets collatéraux graves que sont les décès que nous pourrions enregistrer dans nos hôpitaux, et le risque d’une année scolaire et universitaire blanche. Le PRD, qui à plusieurs occasions avait, appelé à un dialogue national pour trouver des solutions inspirées du génie béninois, considère qu’il y a urgence. Pour préserver l’espoir d’un dialogue sincère, le PRD estime qu’il faut poser de part et d’autre des actes de haute portée patriotique, et qu’il faut éviter le pourrissement, la radicalisation et l’impasse qui ne profiteraient pas au peuple béninois. Toute attitude de va-t’en guerre ou de jusqu’au boutiste doit être proscrite dans un camp comme dans l’autre. Pour le PRD, les postures, paroles et actes, doivent concourir à la réalisation d’un objectif principal: la sérénité dans le pays; qui se décline en deux objectifs spécifiques ; (i) la décrispation de la situation actuelle, (ii) la tenue d’un dialogue national inclusif. La présente contribution du PRD vise d’abord l’objectif de décrispation du climat social et politique. Nul ne peut se prévaloir de détenir la vérité absolue et les problèmes de tout un peuple ne sauraient être cernés, compris et résolus par la seule entité gouvernementale : le Gouvernement doit faire preuve d’humilité. L’analyse des revendications des travailleurs, aussi bien celles qui ont précédé le 27 décembre 2013 que celles qui ont suivi, a conduit le PRD à conclure qu’elles sont légitimes. Il convient néanmoins d’éviter que la situation ne se dégrade au point de se retrouver dans l’impasse. C’est pourquoi le PRD invite, le gouvernement à concrétiser la volonté d’ouverture et la disponibilité de dialogue souvent affirmées, en mesures immédiates ci-dessous. La mise en œuvre de ces propositions devrait avoir pour résultat l’arrêt des mouvements de grève, et créer les conditions de la tenue d’un dialogue national. 1. Par rapport aux revendications des centrales syndicales1.1 Reconnaitre humblement que par rapport aux événements du 27 décembre 2013, il y a eu erreur ou faute, et par conséquent manifester de la compassion aux blessés et présenter les regrets ou excuses du gouvernement. 1.2 Suspendre provisoirement les deux fonctionnaires impliqués dans la répression aveugle du 27 décembre 2013 (en l’occurrence le préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral et le commissaire central de la ville de Cotonou), en attendant qu’une commission d’enquête situe véritablement les responsabilités des uns et des autres. 1.3 Procéder au remboursement sans délai des défalcations sur salaires en rapport avec les grèves déclenchées suite aux événements du 27 décembre 2013. 1.4 Prendre l’engagement ferme de respecter les franchises de la Bourse du travail, siège des organisations syndicales. 1.5 Prendre l’engagement de respecter les libertés publiques notamment le droit d’organiser des marches pacifiques en attendant le vote à court terme d’une loi assurant une meilleure protection des dites libertés. 1.6 Rapporter la décision du Conseil des Ministres du 04 décembre 2013 validant le concours organisé par le ministère de la fonction publique au profit du ministère de l’économie et des finances, dont le caractère frauduleux est de notoriété publique; et mettre sur pied une commission paritaire (Gouvernement et acteurs non gouvernementaux) pour réexaminer le dossier et proposer les modalités de révision. 2 Par rapport aux revendications des Magistrats2.1 Procéder sans délai à la correction des nominations à polémique prononcées par le gouvernement et s’engager à respecter à l’avenir les textes en général, et les règles de préséance et de hiérarchie en particulier. 2.2 Procéder au remboursement sans délai des défalcations sur salaire opérées en 2011 et 2014. 2.3 Prendre en urgence les mesures qui assurent une meilleure sécurité des magistrats (Ex : vidéo caméra dans les juridictions, autorisation de port d’arme… etc.,). 2.4 Protéger les libertés individuelles par le dépôt et le vote d’un projet de loi modifiant le Code de Procédure Pénale qui annule le caractère suspensif des pourvois en cassation, ou qui réduise à trois (3) mois le caractère suspensif des pourvois. 3 Par rapport à la classe politique3.1 Retirer purement et simplement l’actuel projet de révision de la constitution du 11 décembre 1990, cause majeure de la crise de confiance. 3.2 Présenter des excuses à la classe politique nationale qualifiée de médiocre par la Haute Autorité et s’engager à la considérer en partenaire responsable, même dans la contradiction. 3.3 Mettre à la disposition de COS-LEPI, les ressources conséquentes pour la réalisation de la correction et l’actualisation de la LEPI, dans les délais requis. 3.4 Fixer définitivement la date des élections locales, communales et municipales et prendre toutes les dispositions pour la respecter. 4 Par rapport aux opérateurs économiques4.1 Reprendre le dialogue avec le secteur privé en vue d’une mise en œuvre intelligente des recommandations de la table ronde sur l’économie et créer les conditions d’un véritable Partenariat Public/Privé. 4.2 Régler la crise du secteur judiciaire qui impacte négativement les activités économiques, et prendre l’engagement de créer un environnement judicaire crédible et attractif à l’investissement. |
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