On crie souvent haro sur Yayi Boni pour le régionalisme qu'il a promu et promeut depuis son arrivée au pouvoir en 2006, un régionalisme aveugle, bestial et décomplexé. Mais le régionalisme n’est que le résultat d’un vice endémique gênant, dont il n’a ni le droit d’auteur ni l’apanage ; un vice d’autant plus socialement ruineux, qu’il est souvent hypocritement refoulé. Concrètement, comment détecte-t-on ce régionalisme de Yayi ? Souvent à travers les nominations à l'emporte-pièce qui s’effectuent en dépit du bon sens et de l'option positive d'une société qui ne peut progresser qu'avec des cadres compétents où chacun est à la place qui lui revient selon ses mérites. À partir d'une représentation empirique de la structure démographique nationale sous l'angle ethnique et régionaliste, dans une liste de nomination, tout un chacun peut empiriquement savoir s'il y a équilibre ou pas, mais cela ne nous dit pas si les critères de compétence universelle et de mérite sont respectés. Dans notre pays, personne ne nie la dimension régionaliste ou ethnique des actes politiques. Encore faudrait-il que ceux-ci cadrent avec la structure démographique et le faciès de la société. En raison de l'ascendance sociologique et démographique du sud, on s'attend à voir sur une liste saine de nomination, quelque chose comme 60 % de gens du « sud », contre 40 % de gens du « nord ». Et alors surgit une question : où s'arrête le sud quand on part de Cotonou et où commence le Nord quand on veut aller à Malanville ? Avant, on appelait le pays Dahomey. Cela traduit historiquement la prépondérance politique du Danhomè qui régnait ou avait une influence historique depuis les hauteurs de Savè jusqu'à la côte. Influence plus ou moins variable, difficilement acceptée au Nord d'Abomey, notamment chez les Maxi et consorts, mais plus ou moins reconnue ou négociée dans les autres royaumes de la côte, et ce pour d'évidentes raisons de consanguinité historique et culturelle. Or donc Yayi Boni est suffisamment vicieux pour jouer, dans son régionalisme d’apothicaire, de tout ce qui est commun à ceux que par ailleurs il s'ingénie à opposer. Bref le tribalisme est une perversité et un vice surtout lorsqu’il est mis à la sauce politique, il trafique sur le même territoire et cherche à diviser un même peuple pour des motifs condamnés par l'histoire. Mais dans un contexte politique ou la démocratie n'a pas d'idée à faire valoir, cette perversité a de beaux jours devant elle. Adenifuja Bolaji
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Et voilà qui nous aide à mieux cerner la source profonde de certains maux sournois et ravageur pour la cohésion des peuples du Bénin.
L'analyse détaillée et pertinente que nous propose Adenifuja Bolaji déconstruit le népotisme et le clientélisme politique qui constituent les petits ruisseaux qui finissent par converger en régionalisme criminel et destructeur.
On voit ainsi que ce régionalisme destructeur est surtout le fait des hommes politiques véreux, clientélistes et apatrides.
Ce régionalisme manipulateur des populations n'a pas de commune mesure avec ce que l'on peut appeler abusivement le régionalisme des béninois d'en bas. Ce pseudo régionalisme est tout simplement l'expression de l'ignorance et de la mesure.
Il appartient aux hommes politiques honnêtes et patriotes de travailler à aider les béninois d'en bas véritables victimes de la manipulation des criminels qui nous gouvernent depuis plus de 50 ans, à mieux comprendre cette manipulation pour mieux la combattre dans l'intérêt de la fraternité des peuples du Bénin. Nous avons du pain sur la planche.
Un grand merci à Adenifuja Bolaji pour cette analyse instructive.
Komlan
Rédigé par : Komlan | 03 mars 2014 à 12:26
"Si bien qu'au total, le vice le plus dangereux touche à celui du népotisme. L'exigence à formuler est celle de la rationalité légale dans toutes les pratiques et actions du gouvernement. Le fait qu'aucune bonne volonté ne doit sacrifier le critère premier de la compétence universelle et du mérite. Le népotisme est un ruisseau qui n’a ni couleur ni région, mais en s’agrégeant il forme une rivière sinon un fleuve régionaliste. C’est en asséchant les mille et un ruisseaux quotidiens du népotisme que nous éliminerons le régionalisme."
Avec cela on a tout dit. Et on coupe l'herbe sous le pied de ceux qui manoeuvrent pour surfer sur le clientélisme du régionalisme aux fins d'asseoir une base électoraliste là où il n'y a effectivement qu'une somme de pratiques népotistes. Le paysan de Karimama au nord et celui de Dangbo au sud appartiennent à la même région, celle de l'Afrique des villages dont Jean-Marc Ela disait "que leur sort n'a pas évolué, réduit qu'ils sont aux mêmes pratiques ancestrales alors que volent chaque année sur leurs têtes depuis l'indépendance des centaines de milliards au titre de l'aide au développement agricole.
Rédigé par : Thomas Coffi | 01 mars 2014 à 12:00