Depuis son accession au pouvoir en 2006, Yayi Boni s’évertue à écraser toute expression divergente de la sienne. Il monopolise les médias et instaure une propagande partisane sur fond d’un discours monotone, dégradé et dégradant. Ce climat n'est pas sans rappeler les dictatures soviétiques qui ne tolèrent qu'une seule pensée et une seule information : la pensée unique du Comité Centrale, et l'information officielle. Dans ces conditions, pris de court par la vitalité éruptive des nouveaux média et leur indomptable ubiquité, l'autocrate se voit obligé de dénier la réalité, des lors qu'elle échappe à son contrôle. Il fait assaut d'imagination, de rouerie voire de perfidie. S'il n'avait tenu qu'à Yayi Boni et à son système de complaisance médiatique centré sur l’ORTB et la noria des journaux sous contrat, le monde n'aurait rien su de la répression sauvage de la manifestation pacifique du 27 décembre 2013 à Cotonou ; ou alors l’image fantaisiste, tronquée et aseptisée qu’en a donné les médias à sa solde. Mais dès lors que de manière inattendue, la vérité est apparue au grand jour, étalée à la face du monde, l'autocrate est obligé, dans un pathétique sursaut de dénégation, de faire appel à l’imagination pour rafistoler la réalité. Il n’y a que ceux pour qui tout est théâtre ( et qu’est-ce le holdup de mars 2011 sinon du pur théâtre ?) qui accusent les autres d’en faire.
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Piteuse trouvaille d’un menteur démenti par les faits. Dire que le sang versé des manifestants du 27 décembre 2013 à Cotonou n'est que de l’encre rouge, insinuation indigne d'un chef d'État directement responsable de la répression, c'est blesser deux fois ceux qui en ont été victimes : les blesser dans leur chair et les blesser dans leur âme. C'est le propre de l'autocratie qui ne connaît qu'une vérité, la sienne. Si le sang versé lors de la répression des manifestants de Cotonou est de l’encre rouge, alors M. Yayi Boni nous dira-t-il que Dangnivo n'est pas mort mais qu'il se la coule douce quelque part au large de l'océan Atlantique, en train de faire de la plongée sous-marine ? …
Aminou Balogun
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