Comme Yayi Boni lutte pour quelque chose de personnel -- continuer à être Président -- il est persuadé que la plupart de ses opposants sinon tous sont motivés par un intérêt personnel, qui les pousse à le combattre. Sa stratégie consiste à multiplier les scandales, les violences, les provocations, les bras de fer, afin de nourrir en permanence le feu de la tension. Le but c’est de harceler, d’aiguillonner, voire de faire saigner, de tenir en haleine ses opposants jusqu’à ce qu’épuisés ils lâchent prise, abandonnent, et le laissent faire ce qu’il veut faire. Yayi Boni part de l’idée que celui qui n’a pas un intérêt personnel à défendre ne pourra pas soutenir de façon permanente le rythme et le niveau de la tension qu’il exerce et entretient selon une inclination idiote qui confine au pathologique. « Quand une personne âgée détale à travers champ, disent les Yoruba, c’est qu’il poursuit quelque chose ou quelque chose le poursuit. » Fort de cette certitude proverbiale, Yayi Boni est persuadé que ses opposants ont un intérêt personnel qui les motive dans leur combat. Et comme son intérêt personnel à lui -- rester Président de la République au-delà du second mandat -- l’emporte sur tous les autres, il est persuadé qu’il vaincra parce que la raison du plus fort est toujours la meilleure. Il a déjà mis en pratique cette stratégie au cours de son premier mandat, placé sous le signe obsessionnel de la réélection ; et cela lui a porté bonheur avec l’élimination de Me Adrien Houngbédji par K.-O. du Holdup électoral. C’est dire qu’en ce combat douteux, Yayi Boni est décidé à faire flèche de tout bois et n’entend reculer devant aucun coup bas. Ayant terrassé Houngbédji avec son obsession, son acharnement, son machiavélisme, son immoralisme, et son aveuglement frauduleux, et sûr que le président du PRD n’a plus aucun intérêt personnel à défendre, il s’attendait à ce que celui-ci baissât les bras.
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Et grande a été sa surprise de voir qu’après un temps d’abrutissement, Houngbédji, relevé de son K.-O., n’a pas baissé les bras et reste égal à lui-même dans son opposition à la bestialité politique incarnée par Yayi.
Ce démenti cinglant apporté par Me Houngbédji à l’espérance machiavélique de Yayi Boni mérite d’être généralisé. Massivement, le peuple et les têtes de pont de la lutte pour la démocratie doivent montrer que leur combat n’a aucune motivation personnelle mais vise un souverain bien : celui du pays ! C’est avec cette éthique du souverain bien dans le combat, cette abnégation collective, cette absence totale de motivation personnelle, et seulement avec elle, que tous ceux qui s’opposent aux dérives dictatoriales de Monsieur Yayi sont en mesure de soutenir sa tension. Me Houngbédji l’a prouvé ; son exemple mérite d’être suivi.
Le Bénin n’est l’apanage d’aucune personne, d’aucun groupe, ou d’aucune région. Il est une République, notre chose publique. Le Bénin de Béhanzin et de Kaba n’est pas un pays qui sert à satisfaire les fantasmes de présidence d’obscurs aventuriers de la vingt quatrième heure, pour qui le fait d’être Président est un médicament et une fin en soi.
Éloi Goutchili
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