Il y a un racisme subliminal et une inadéquate conscience de soi dans le fait que les Noirs eux-mêmes sont amenés naturellement à qualifier de noir un homme ou une femme dont l'un des deux parents est noir et l'autre blanc. Cette stigmatisation à rebours n'est qu'un succédané de la «one drop rule » chère aux Américains, et qui postule que toute personne qui a une goutte de sang noir est irrémédiablement noir. C'est une approche de rejet manichéen qui n'autorise pas de terrain de conciliation entre Noirs et Blancs, et qui est entièrement centrée sur le principe de la pureté supérieure de la race blanche avec sous-jacente l'idée que tout ce qui n'est pas pur est noir.
Certes dans les sociétés africaines ou parmi les populations noires d’outremer, on qualifie souvent de blanc quelqu’un qui est métis ; mais combien de fois avons-nous vu les Blancs prendre à leur compte ce genre de désignation ? Pourquoi alors jouons-nous en retour le jeu du Blanc en endossant la vision qu’il projette sur nous ?
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Que les Blancs qui, dans l'histoire de leurs rapports avec les Noirs--de l'esclavage au néocolonialisme--n'ont été mus et ne continuent de l'être que par le racisme et l'antinégrisme, définissent l'identité du Noir de cette manière rassurante pour eux est une chose. Que les Noirs eux-mêmes reprennent incontinent à leur compte cette assignation négative, voilà qui ne fait qu'aggraver le soupçon de manque d'intelligence ou de discernement (la fameuse infériorité intellectuelle du Noir) qui est l’un des lieux communs du racisme occidental en général à l’égard des peuples non occidentaux et du racisme anti noir en particulier.
Amida Bashô |
Eh oui!
Rédigé par : Thomas Coffi | 10 janvier 2014 à 11:32