La fin de l'année , par le rituel des vœux, offre l'occasion à certaines personnes de prendre des postures. Les vœux de fin d'année, les plus importants et les plus significatifs pour la nation, sont ceux du chef de l'État. Parce que nous le connaissons, il n’a pas besoin de se présenter, nous sommes censés l'avoir élu et il est le premier magistrat du pays. D'un point de vue politique et institutionnel, le chef de l'État consolide officiellement nos liens nationaux. Bien sûr, en dehors du chef de l'État et dans la mesure où le geste se veut politique, d'autres personnalités ayant des fonctions importantes liées à l'État, dans la nation, dans la république, dans la société peuvent, sans aucune nécessité collective, faire des vœux à la nation ou aux citoyens. Mais le fait de faire des vœux de façon publique ne devient une posture politique à la limite de l'imposture que lorsque celui qui les fait s’arroge une importance ou un rôle public putatif. Tel est le cas de M. Bio Tchané. M. Bio est-il un homme politique ? Avoir été ministre par le passé fait-il de lui un homme politique maintenant ? Avoir été candidat à l'élection présidentielle en 2011 fait-il de lui hic et nunc un homme politique ? Un homme politique est par définition un homme exerçant une activité professionnelle en rapport avec les affaires publiques ou l'Etat. Il s’identifie par l'appartenance à un parti et un rôle dans ce parti, des actions autres qu’électorales de ce parti au service du pays. Or, en dehors d’un club électoral éponyme dont personne ne peut soutenir sérieusement qu'il a la silhouette d'un parti politique, quel est le rôle politique de M. Bio ? Son rôle politique consiste-t-il, à la manière typiquement béninoise, à attendre à l'ombre d’un arbre politique imaginaire que le soleil des élections se lève ? Son rôle consiste-t-il à se préparer pour jouer le prochain oiseau rare, banquier international venu des hauteurs septentrionales comme l’aiment les Béninois ? Et même, à défaut de réaliser la condition sine qua non qui définit l'homme politique, quelle est la part de manifestation personnelle, de réaction constructive ou critique de cet homme dans l'agora politique au Bénin face aux tumultes et aux dérives du pouvoir actuel ?
|
|
Marcher sur des œufs, faire le mort, ne pas déranger son collègue régional au pouvoir pour que le moment venu, acculé de toutes parts, par réflexe régionaliste celui-ci vous renvoie l'ascenseur, est-ce une attitude digne de résumer la vocation politique ?
Alors, quand on lit dans les journaux que M. Bio Tchané fait des « vœux à tous les Béninois », on est révulsé à l'idée que cette afféterie n'a de sens qu'au Bénin ; pays du consensus frauduleux, où des ovnis esbroufeurs, à force de posture et de sournoises gesticulations, finissent par supplanter ceux qui sont réellement et institutionnellement sur le terrain, qui ont les mains dans le cambouis, ceux qui se mouillent, suent sang et eau.
N'importe qui peut faire des vœux aux Béninois, et ce n'est pas ce procès que nous faisons à M. Bio. La question qui est posée ici et qui fait problème c'est que dès lors que les vœux qui sont faits aux Béninois sont délibérément rendus publics en tant que tels, celui qui les fait doit d'abord commencer par nous dire qui il est, en quelle qualité il fait ces vœux : en clair, présentez-vous, M Abdoulaye Bio Tchané, c'est la moindre des politesses !
Aminou Balogoun |
Sinon, à ce rythme, on risque d'avoir 81 Millions de voeux !
Rédigé par : B.A. | 04 janvier 2014 à 10:14