Le peuple béninois vient de vivre dans sa chair et dans son âme la violence atroce du régime de Yayi, par la répression du 27 décembre à Cotonou. Cette répression brutale de manifestants pacifiques par les forces de l'ordre a fait couler du sang et des manifestants ont essuyé des tirs à balles réelles ; certains ont été grièvement blessés. Cette escalade de la violence dans un pays qui, il y a peu, se disait démocratique est inadmissible, inacceptable. Dans ce même mois de décembre où nous venons de rendre hommage à Nelson Mandela qui nous a quittés et dont le message le plus fort est celui de la paix, de la démocratie et de la réconciliation en Afrique, on comprend mal qu'au Bénin on régresse à une telle barbarie. Si la barbarie et la dictature s'installent à visage découvert au Bénin c'est que leurs promoteurs sont assurés d'une certaine impunité. Or la source de l'impunité au Bénin depuis deux décennies réside dans le sort qui a été réservé à M. Mathieu Kérékou, un chef d'État qui a gouverné près de 30 ans et commis des crimes monstrueux dont aucun ne lui a valu d'être placé devant ses responsabilités. Au lieu de quoi, l'homme a été érigé par certains en héros de la démocratie pour avoir été obligé de quitter le pouvoir en 2006. Dans un monde qui révise l’impunité et où des hommes politiques comme Pinochet ont rendu compte de leurs crimes devant l'histoire, le silence perpétré autour de Kérékou et surtout la scandaleuse subornation visant à le faire passer pour un héros sont la source même de la résurgence de la barbarie au Bénin. Donc la seule solution pour mettre fin aux violences dictatoriales de Yayi Boni c'est de mettre fin à l'impunité dont jouit M. Kérékou. Parce que cette impunité est un appel d’air qui rassure Yayi Boni de sa propre impunité. Il se dit qu'un ancien président ne pourra jamais être inquiété, mis en prison, et c'est pour cela qu'il n'hésite pas à pousser le pays vers la violence. Si on inculpait M. Kérékou des crimes qu'il a commis, et s’il retrouvait sa place dans les geôles comme il le mérite, les yeux de Yayi Boni consentiront à voir son nez. Car outre le fait que Yayi Boni est le continuateur de l'œuvre régionaliste de Kérékou qui l’inspire et le soutien en sous-main, c'est l'assurance d'impunité de celui-ci qui lui donne l'audace d'assassiner la démocratie, de réprimer les manifestations pacifiques et de faire couler le sang des Béninois innocents. Aminou Balogoun |
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