Un jour un magicien traversait un bosquet dans la forêt. Tout à coup, il tomba sur un grand nombre d’oiseaux bruns qui voletaient d'arbre en arbre et faisaient entendre des chants divers et beaux. Captivé, le magicien s’assit et écouta longuement les oiseaux remplir l’air de leurs belles mélodies. Il était si subjugué qu’il en devint jaloux, car lui-même était incapable de chanter. Sa jalousie donna des ailes au magicien et il se mit à réfléchir. Après mûre réflexion, il voulut coûte que coûte se rendre maître des voix de ces oiseaux chantants. Alors, il les appela tous et leur tint ce discours : « Je suis peiné de voir que les dieux vous ont dotés de ces plumes sombres, sans éclats et laides. Je parie que vous seriez heureux si vous pouviez arborer un plumage coloré de rouge, bleu, orange et vert… pas vrai ? » Les oiseaux reconnurent que leur plumage brun n’était pas de toute beauté, et rêvaient d’avoir des plumes brillamment colorées. Profitant de l’assentiment des oiseaux, le magicien renchérit : « Eh bien mes chers amis, dit-il, savez-vous que j’ai le pouvoir de vous donner toutes les belles plumes que vous désirez en échange de vox voix ? Après tout, reconnaissez en toute honnêteté que vos voix sont de peu d’utilité dans cette forêt où il n’y a pas grand monde pour vous écouter chanter… »
Les oiseaux se consultèrent et reconnurent entre eux que l’un dans l’autre le magicien avait raison et ils trouvèrent sa proposition alléchante. Alors, ne voyant pas plus loin que le bout de leur bec, ils décidèrent de troquer leur voix contre le beau plumage promis par le magicien. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le magicien prit les voix des oiseaux et les plaça sous scellé dans une grande calebasse ; ensuite, utilisant son pouvoir, il transforma les plumes sombres des oiseaux en orange, jaune, bleu, vert et rouge. Les oiseaux étaient heureux de se voir dans leurs nouveaux atours colorés, et le magicien qui ne l’était pas moins, détala comme s’il avait un fauve affamé à ses trousses. Arrivé dans un endroit désert, loin de la vue des oiseaux, le magicien ouvrit la calebasse contenant leurs voix et en avala le contenu. Depuis ce jour, la voix du magicien était devenue douce et extrêmement mélodieuse ; et d’un peu partout, les gens venaient pour écouter ses chansons. Les oiseaux quant à eux étaient satisfaits de leurs plumes colorées. Mais depuis lors, les plus beaux oiseaux sont incapables de chanter.
Binason Avèkes, Conte de Kétou
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