Menaces de Mort, Tentative d’Assassinat de M. Martin Assogba : le Juge Angelo Houssou Parle
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Le juge Angelo Houssou qui le premier a rendu une ordonnance de non-lieu dans l’Affaire Talon et qui a fini par gagner les Etats-Unis, vient de faire une interview au site Afrika7. Dans cette interview, il parle de l’évolution positive de sa situation de demandeur d’exil aux Etats-Unis et des raisons sécuritaires qui ont motivé sa fuite du Bénin. S’il a fui du Bénin, dit-il en substance, c’est qu’il craignait pour sa vie, recevant sans arrêt des menaces de mort de la part « du Chef de l’État et de ses valets. » « J’ai fait l’objet de menaces de mort de la part du chef de l’Etat et de ses valets. Mais il ne s’agit pas de menaces ouvertes. C’est dans les états-majors fermés du palais de la République que la question est sérieusement discutée. Le problème qu’ils ont, c’est comment trouver un caractère déguisé à mon assassinat. C’est cela qui leur a posé problème. Je suis au parfum de tout ceci. Quand on a l’information, il faut anticiper. C’est ainsi que j’ai devancé mes détracteurs, en prenant la fuite.» A plusieurs reprises et malgré l’insistance de son interlocuteur, le juge a nié avoir quelque accointance avec Monsieur Talon, qu’il ne connaîtrait ni d’Adam ni d’Eve, et plaidé pour l’indépendance de sa décision basée, à l'en croire, sur le droit et sa seule conscience. Chose nouvelle, le juge a établi un lien possible entre l’affaire Talon et la tentative de meurtre sur M Assogba : « (…) La tentative d’assassinat du mari de ma tante, Martin Assogba, le lundi 9 décembre 2013, ne vient que corroborer une petite partie de tout ce qui se tramait sur ma personne (…) J’étais déjà aux Etats-Unis, retenu au centre de rétention, quand la presse a fait état d’informations faisant état de ce que j’étais retenu à l’aéroport JFK de New York et qu’on ignorait ma destination finale. Les populations, qui me supportent massivement à Cotonou, ont commencé à s’inquiéter par rapport à mon sort. Certains sont montés au créneau, pour menacer le gouvernement. M. Martin Assogba, qui est le président d’une ONG, faisait précisément partie de ces personnes. Il est donc monté aussi au créneau pour mettre en garde le gouvernement, au sujet de ma sécurité. Trois jours après, il a été criblé de balles par des inconnus, alors qu’il rentrait chez lui à la maison. Il se trouve aujourd’hui encore en France, où il suit des soins intensifs en rapport avec les séquelles de cette agression. Une enquête a été ouverte pour connaitre des conditions dans lesquelles cette attaque est intervenue et en déterminer les auteurs. Un simulacre de procès-verbal a été fait et transmis au procureur d’Abomey-Calavi à qui on a confié des personnes identifiées comme les agresseurs de M. Martin Assogba, qui est un bagarreur, un défenseur de la cause des droits de l’Homme. Mais le procureur, après avoir pris connaissance du PV, a pu constater que c’était un document monté de toutes pièces et a immédiatement ordonné la libération des intéressés. Depuis lors, ce collègue, Apollinaire Dassi, a des problèmes avec le gouvernement, parce que son acte est interprété comme de la défiance à l’égard du gouvernement. » |
Où le Juge Angelo Houssou prend des accents de politique Le mémorandum du juge Le juge Houssou a tenu à rédiger un mémorandum sur les raisons qui ont motivé son départ du Bénin. Ces raisons sont pour la plupart connues du grand public : harcèlement, menaces, intimidation. Mais il livre aussi les grandes lignes de sa vie, depuis sa décision du 17 mai 2013. GRANDES LIGNES ● Le gouvernement béninois a bel et bien exercé des pressions psychologiques sur la personne du juge Houssou ● Le juge a écrit à plusieurs personnalités de premier plan, dont le chef de l’Etat, pour réclamer une protection rapprochée, mais ses demandes n’ont pas connu de suite ● Le juge dénonce des tentatives de division des magistrats, notamment à travers le lancement de syndicats parallèles ● Angelo Houssou déplore aussi l’acharnement médiatique à son encontre et dit avoir «éprouvé la traîtrise, la trahison, l’ingratitude et les crocs de tant de gens » ● Le juge assure enfin qu’il reviendra très bientôt car dans ce Bénin, il a sa place à occuper, sa destinée à accomplir. ● Evoquant ses enfants, il estime que « le délibéré de leur cri de détresse est assurément pour avril 2016. » Le juge parle de population qui le soutiennent massivement et donne rendez-vous pour 2016. Tout cela trahit un accent politique, dans une affaire qui après tout est politique. Plane-t-l ? Dans tous les cas, souhaitons lui bon atterrissage pour 2016… Adesire Bimpe. |
Deux ou trois choses laissent percer les ambitions politiques qui animent la geste mouvementée du juge Angelo.
D'abord, juge dans une affaire politique au sommet, sa position n'est pas sans rappeler celle du juge Houngbédji dans l'affaire Kovacs sous le GMR, qui a en quelque sorte enclenché le destin politique du président du PRD.
Deuxièmement, quand on voit que le juge Angelo fait dépendre son avenir de la fin du régime de M. Yayi, on comprend qu'il se condamne du même coup à agir autant qu'il peut pour que cette fin se concrétise sans coup de théâtre politique comme on peut le craindre. Son espérance de ce point de vue est parallèle à celle de M. Talon lui-même.
Enfin, on peut douter que le juge, comme il l'affirme, n'ait aucun rapport avec M. Talon, un homme qui comme lui, n'aspire qu'à une chose : la fin du règne de M. Yayi. Le nombre d’imbéciles qui croirait cette affirmation angélique peut se compter sur les doigts d’une main de lépreux. Est-ce pour sauvegarder sa virginité morale et continuer à n’avoir rien avec M. Talon qu’il est apparu assez clair depuis le début que le juge Angelo a jeté son dévolu sur l'Amérique, au lieu de l'Europe ou de la France qui sont quand même la destination naturelle de la dissidence politique béninoise ?
L'art de la dénégation mensongère, le « n'avouez jamais » auquel on a de bonnes raisons de penser que le juge a recours, l'assimile déjà aux hommes politiques pour qui le mensonge est une seconde nature
Rédigé par : B.A. | 26 décembre 2013 à 15:10