Il était une fois dans un village un vieil orfèvre nommé Ayinla et ses dix fils. A eux tous, le vieil artisan avait enseigné son métier. Et le temps passant, les dix enfants étaient devenus des artisans chevronnés. Quand le vieil homme commençait à sentir le sapin, il appela ses fils autour de lui et leur parla sans témoin. « Mes enfants, leur dit-il en toute franchise, dans ce petit village, comme vous le voyez, il n'y a pas assez de travail pour dix orfèvres. Pour cette raison, j’ai décidé que le plus habile d'entre vous prendra ma succession dans ce village, tandis que les autres devront aller tenter leur chance ailleurs dans le vaste monde. » A ces mots, les dix enfants s’exclamèrent en chœur, en approuvant la décision paternelle. Mais tout aussitôt, une question les tarauda : « qui sera l’heureux élu et comment choisir le plus habile d’entre eux ? » Ils s’en ouvrirent à leur père. « J'ai pensé à cela aussi, dit le vieux Ayinla en souriant. Je vais vous donner à tous une période d’un mois pour fabriquer un objet en or de votre choix. A l’issue de cette période, je vais pouvoir juger celui qui a été le plus habile dans l’exécution de sa création. » Les dix enfants étaient d’accord. Aussitôt, il se mirent au travail avec la ferme volonté de fabriquer un objet dont la facture et la conception rendent compte de leur talent. A la fin du mois qui leur était imparti, les enfants vinrent voir le vieux et lui présentèrent leur création. L’un avait fabriqué une chaîne d’or fin dont les maillons avaient la forme parfaite d’un éléphant ; un autre avait fabriqué un couteau magnifiquement décoré ; un autre un petit coffret, un autre une bague représentant des serpents torsadés, avec des interstices brillants, un autre une jarre dorée de forme agréable ; et ainsi de suite. Le vieil homme égrotant sourit de plaisir à voir ce que le talent de ses fils avait accompli, mais en comptant les articles posés devant lui, il se rendit compte qu’il n’y en avait que neuf. Réalisant que l’un de ses fils n’avait rien fabriqué, le vieil homme entra en colère. Il était d’autant plus attristé que celui qui s’était contenté de tourner le pouce n’était autre que son aîné, Ayo, en qui il avait déposé de tout cœur le plus pur de son art et dont il espérait secrètement qu’il le lui rendrait en retour. Après l’avoir sermonné pour sa paresse, le vieux père s’apprêtait à rendre son verdict sur le travail de ses frères, lorsqu’Ayo s'avança et demanda un répit d’une heure. « Pendant ce temps, Père, dit-il, asseyons-nous autour du feu tous ensemble pour la dernière fois, et grignotons du maïs grillé en racontant des histoires. » Comme c’en était l’habitude durant la saison des pluies, tous volontiers consentirent à la proposition d’Ayo. L’honneur lui étant réservé de se servir en premier, le père prit un épi de maïs en pleine maturité posé près de lui. Et quel ne fut son étonnement de découvrir que l’épi de maïs était fait de grains d’or ! Binason Avèkes, Conte de Kétou |
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