Le mutualisme, ce n'est pas qu'une histoire de banque et d'assurance. En biologie, ce terme désigne une association équilibrée entre deux partenaires qui en tirent un bénéfice. Un accord gagnant-gagnant, pour reprendre une expression de l'époque. Un des cas les plus cités est celui de la mycorhize, une symbiose entre les racines des plantes et le mycélium des champignons, c'est-à-dire leur réseau de filaments souterrains : le champignon sert en quelque sorte d'extension aux racines de la plante et lui apporte de l'eau ou des éléments comme le phosphore tandis qu'en contrepartie, son partenaire l'alimente en sucres par exemple. Il se peut aussi que le mutualisme associe un végétal et un animal, comme dans le cas instructif de l'acacia et des fourmis. L'acacia a besoin de défenseurs, soit contre les herbivores que ses épines n'effraient pas, soit contre les plantes qui viennent pousser trop près de lui. Défenseur, c'est donc le rôle que les fourmis ont endossé en échange du gîte et du couvert. Le gîte est constitué par des épines creuses où les insectes installent leurs colonies et le couvert par du nectar sucré et de minuscules nodosités riches en protéines et en lipides. Pour leur part, les fourmis attaquent impitoyablement les herbivores qui veulent se nourrir de la plante et sont d'une efficacité si redoutable qu'en Afrique, même les éléphants se détournent d'une espèce d'acacia tant ils craignent les morsures des fourmis qui la protègent ! Le cas d'un acacia d'Amérique centrale, l'acacia corne de bœuf, semble encore plus raffiné. Son hôte, la fourmi Pseudomyrmex ferrugineus, est en effet affectée d'une petite carence digestive. Adulte, elle ne sécrète quasiment pas une enzyme, l'invertase, qui brise la molécule du saccharose (celle qui compose le sucre du commerce), en deux molécules plus petites, une de glucose et une de fructose qui, elles, sont ensuite assimilées aisément par l'organisme. Pour le dire autrement, cette fourmi ne digère pas le sucre de table. Eh bien, la plante pousse l'amabilité jusqu'à synthétiser elle-même de l'invertase et ne propose donc dans son nectar que du fructose et du glucose, que ses insectes locataires-défenseurs peuvent manger sans problème. Magnifique ? Pas si simple. Une équipe de chercheurs allemands et mexicains a été intriguée par le fait que l'évolution ait conduit cette fourmi à "perdre" l'invertase, alors qu'il lui arrive, lorsqu'elle s'en prend aux plantes voisines, d'être en contact avec du miel ou de sève sucrée. Pourquoi se priver de cette source facile de sucres ? Leurs soupçons ont été éveillés lorsqu'ils se sont aperçus que les larves de fourmis produisaient normalement de l'invertase et ils se sont posé la question suivante : et si l'acacia n'était pas aussi serviable qu'il y paraissait de prime abord ? Et s'il manipulait le métabolisme de la fourmi adulte pour l'empêcher de synthétiser l'enzyme et la retenir prisonnière ?… |
Peut-être que dans le lait maternel, il y a des choses qui font que l’enfant s'attache à la mère, pour autant on ne parlera pas d'esclavage. C'est tout le problème des dessous chimiques de l'amour qui est ainsi posé. D'où vient l'idée d'esclavage dans cette précaution d’attachement, cette assurance sur l'attachement souscrite,certes, astucieusement ? A moins de vouloir trouver une justification ou une légitimation biologique à l'esclavage...
Rédigé par : B.A. | 21 novembre 2013 à 06:45