Lors d’une récente visite de courtoisie au doyen Jean Roger AHOYO, je me suis enquis auprès de lui des nouvelles du Front citoyen dont je savais qu’il était l’une de figures de proue
« Le Front va bien, me dit le Doyen. » Et comme pour attester de cette vitalité, dans la foulée, M Jean Roger Ahoyo m’apprend que le Front Citoyen tenait cet après-midi-là une réunion privée pour rencontrer l’ancien Premier Ministre, Pascal Irénée KOUKPAKI. « Si cela t’intéresse, me dit le Doyen, je t’invite. » Une belle occasion, que je saisis au vol. Rendez-vous fut donc pris pour 16h30 au rond-point de Gbégamey.
La réunion ne commença effectivement que vers 17h. Y participait une vingtaine de personnes dont plusieurs anciens députés ou ministres.
En début de séance, M. Antoine DETCHENOU, le président du Front, rappela la proposition d’ordre du jour.
Après quelques brèves interventions de recadrage de la réunion et de l’ordre du jour, le secrétariat de la réunion pour la distribution de la parole et le contrôle du temps de parole fut confié à Mme Amissétou AFFO DJOBO.
Dans son introduction, le doyen DETCHENOU rappela les raisons de la présence de M. KOUKPAKI. Ce dernier devait présenter à l’assistance le fruit de ses réflexions sur la situation sociale, politique dans notre pays, parler de son livret bleu, publié récemment ainsi que de son projet de publication très prochaine d’un livre. M. DETCHENOU rappela aussi qu’à plusieurs occasions, l’ancien président ZINSOU avait présenté M. KOUKPAKI comme son candidat aux prochaines élections présidentielles. Enfin M. DETCHENOU formula le vœu que les échanges avec M. KOUKPAKI aient lieu dans la plus grande sérénité empreinte de cordialité et de fraternité.
Il va sans dire qu’en acteurs politiques chevronnés, la plupart des participants à la réunion avait déjà lu le livret bleu.
L’ordre du jour sera effectivement traité mais comme on pouvait s’y attendre, la plus grande partie de la réunion portera sur les échanges avec M. KOUKPAKI.
Le débat était riche, le niveau de conscience élevé. Les interventions des participants, hormis M. KOUKPAKI, étaient complémentaires. Les aspects les plus saillants de cet échange tout en cordialité portaient sur cinq points.
1.- On ne peut pas faire d’analyse prospective sur notre pays sans tenir grand compte du fait essentiel que notre pays était une néo-colonie, un pays dominé qu’il est indispensable de libérer pour sa marche en avant dans le développement.
2.- Réfléchir sur la situation sociale et économique de notre pays en taisant le bilan calamiteux de la présidence de Boni YAYI est difficilement compréhensible. Les participants ont montré à la quasi unanimité que M. KOUKPAKI est comptable du bilan du régime YAYI dont il a été une pièce maîtresse pendant sept ans et 4 mois. De ce fait on devrait s’attendre à tout le moins à une analyse critique de ce bilan, ce que l’on ne trouve nulle part dans le livret bleu de M. KOUKPAKI.
3.- Un syndicaliste fit une brève rétrospective des nombreuses négociations que les syndicats ont menées avec le pouvoir sous la direction de M. KOUKPAKI qui, à bien des égards, avait donné l’impression de vouloir aller dans la bonne direction. Mais il a déploré que les résultats pratiques n’aient jamais été à la hauteur des enjeux.
4.- Prôner la transformation de l’Être Béninois par la vertu et le travail pour la production revient ni plus ni moins à culpabiliser les peuples de notre pays pour les malheurs dont les gouvernants les accablent dans leur gestion calamiteuse des biens publics et le peu d’égard qu’ils ont pour le développement du pays.
5.- Enfin pourquoi M. KOUKPAKI ne dit rien sur les deux questions brulantes de l’actualité que sont la révision de la constitution que le pouvoir tient coûte que coûte à faire malgré l’opposition de la quasi-totalité du pays d’une part et la nécessité d’une refonte complète de la LEPI truquée, véritable machine de holdup électoral dans les mains de Boni YAYI ?
Les participants ont pressé M. KOUKPAKI de dire s’il est candidat aux prochaines élections présidentielles et s’il est parti demander une autorisation à Yayi Boni pour être candidat comme le dit la rumeur populaire.
M. KOUKPAKI a fini par avouer qu’il n’était pas candidat aux futures élections présidentielles. Il a aussi confirmé son projet de publier un livre sur ses réflexions.
Pour le reste il est resté évasif. Il a essayé de montrer qu’il a fait ce qu’il a pu mais que des forces puissantes de résistance étaient à l’œuvre et l’ont empêché d’aller aussi loin qu’il le souhaitait. Il ne dira rien sur les deux questions brulantes de l’actualité.
Vous l’aurez compris, l’assistance a eu droit à une intervention décevante à tous points de vue.
M. KOUKPAKI a été débordé de toutes parts. Son analyse n’est pas à la hauteur des enjeux qui préoccupent aujourd’hui les femmes et les hommes de notre pays. Le Front Citoyen pour la sauvegarde des acquis démocratiques a compris depuis bien longtemps ces enjeux.
Komlan Missinhoun
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