Adénifujā était un noble d’Ile Ifè. Il avait une femme belle et vertueuse nommée Morè̩mi, et un fils jeune et beau nommé Kore̩dẹ́. Une nuit, Morè̩mi fit un rêve, dans lequel elle avait été capturée par les Guidigbo, qui l’emmenèrent dans leur pays. Là-bas, elle fut mise à l’épreuve, et après avoir compris le secret des Guidigbo, elle voulut s’échapper, mais le réveil la surprit. Au révéil, Morè̩mi conçut l’idée de se laisser capturer pour de vrai par les Guidigbo, dans le seul but de percer au jour le secret de leur puissance terrifiante. Dans l’élan de sa décision courageuse, Morè̩mi ne se souciait pas de ce qui adviendrait après sa capture ; elle ne savait pas comment les Guidigbo la traiteraient, ni si elle pourrait jamais revenir au pays, comme elle l’espérait. N’écoutant que son cœur, Morè̩mi fit ses adieux à Adénifujā et à son fils Kore̩dẹ́. A la tombée de la nuit, elle s’en fut vers la rivière Osun. Face à la rivière, Morè̩mi s’agenouilla sous un arbre au clair de lune. et fit des invocations. Dans sa prière, elle promit au dieu d’Osun que si sa tentative réussissait, elle lui offrirait le plus grand sacrifice dont elle était capable. Morè̩mi profita de sa position pour réaliser son rêve. Aussi, en très peu de temps de séjour en pays Guidigbo, elle ne tarda pas à percer au jour le secret de ses ennemis. Ses découvertes l’édifièrent. Morè̩mi sut que les Guidigbo n'étaient pas des dieux, mais des hommes ordinaires. Leurs techniques et leur tactiques militaires secrètes étaient ce qui faisaient illusion. Au nombre de ces secrets figurait la tenue de leurs guerriers. Pour aller sur le champ de bataille, les guerriers Guidigbo portaient des manteaux étranges faits d'herbes et rafia. Et Morè̩mi comprit que la force des Guidigbo résidait dans cette vêture étrange que leurs ennemis tenaient pour leur apparence naturelle. A cause de ces manteaux d'herbes sèches, les Guidigbo avaient peur du feu. « Si leurs ennemis se précipitaient sur eux avec des torches allumées, se dit Morè̩mi, nul doute que ces faux esprits seraient réduits en cendre. » Avec cette idée, Morè̩mi jugea qu’elle avait le secret de la puissance des Guidigbo, et décida de s’en retourner dans son pays. Et, dès qu’elle le put, Morè̩mi trompa la vigilance de ses hôtes, s’échappa du palais ainsi que du territoire des Guidigbo et s’enfuit vers le pays Ifè. Sa fuite à travers monts et forêts fut mouvementée et jalonnée de périls divers, mais l’héroïque Morè̩mi les surmonta tous et parvint saine et sauve au pays natal. La nouvelle de son arrivée à Ilé Ifè ne tarda pas à être connue. Morè̩mi fut invitée au palais devant le conseil de guerre en présence du roi, des ministres, dont notamment Balogoun. Devant le conseil, Morè̩mi raconta sa mission en pays Gudigbo. Elle parla du secret des Guidigbo, et de leur point faible : la peur du feu. Le roi la félicita et la nomma Iyalodé. Peu de temps après les Guidigbos tentèrent un raid sur Ilé Ifè, et furent mis en déroute. L’armée d’Ifè avait appliqué le conseil de Morè̩mi. Très heureux, et en reconnaissance de son héroïque mission qui rendit possible la victoire sur les Guidigbo, le roi fit don à Morè̩mi de bétail, de volaille ainsi que de l’or et des anneaux de cauris en grande quantité. Et tout le royaume fêta la victoire du pays Ifè sur les Guidigbo Après la fête de la victoire, Morè̩mi qui n’avait pas oublié sa promesse au dieu Osun choisit une nuit de pleine lune, où elle alla sacrifier à la rivière 41 moutons, 41 bœufs, et 41 coqs blancs. Mais malgré ce sacrifice grandiose, le dieu de la rivière n'était pas satisfait ; et aussi stupéfiant que cela parût, le dieu exigea que Morè̩mi lui sacrifiât son fils Kore̩dẹ́. Morè̩mi ne fut pas la seule à pleurer le sacrifice de Kore̩dẹ́. Tout le pays Ifè pleura le sacrifice de Kore̩dẹ́. Et en compensation du geste de Morè̩mi, tout le peuple d’Ifè promit d’être pour toujours son enfant. Mais la nuit de son sacrifice, alors qu'il gisait sur le sol au bord de la rivière, Kore̩dẹ́ n’était mort qu’à moitié. Et quand les gens tournèrent le dos, Kore̩dẹ́ reprit conscience et se releva.. A l’aide d’une corde de liane, Kore̩dẹ́ monta au ciel en attendant de revenir un jour récolter les fruits du noble sacrifice de sa mère. Binason Avèkes, Conte de Kétou |
Kotopè,,, Inu mi dun pé o gbadun itan Moremi,,, le plaisir est donc partagé ...
Rédigé par : B.A. | 24 novembre 2013 à 14:41
Wow, beau conte et belle illustration de la vaste culture de celui qui l'a rapporté! Esheun gan ni!!! Adeniyi Alamou
Rédigé par : Adeniyi | 24 novembre 2013 à 10:49