Dans une interview fort édifiante, CANDIDE AZANNAÏ se montre combatif contre la perpétuation au pouvoir de Yayi Boni, dont l'un des moyens et des artifices--certes pas les seuls--est la révision opportuniste de la constitution. Le trublion du landerneau politique béninois, l'homme qui sait tirer à hue et à dia, fait croire, la main sur le cœur, que sa motivation principale est ancrée dans son éthique démocratique, son attachement viscéral à la démocratie. Il se fait fort de faire remonter cette éthique à sa biographie, ses combats de jeunesse et le rôle qu'il a joué durant la conférence nationale, où son action était placée sous le signe de la démocratie. CANDIDE AZANNAÏ parle aussi de la fidélité aux engagements, et de sa liberté d'action dès lors que ceux-ci ne sont pas respectés. Il livre de lui-même le portrait d'un croisé de la démocratie qui n'a pas peur des contradictions apparentes, et qui n’hésite pas à faire feu de tout bois, pourvu que brûle la flamme de la démocratie. Mais dans cet élan lyrique passablement rationalisant, un gros point noir est perceptible : comment un démocrate digne de ce nom peut-il avoir été du côté de ceux qui, en 2011, ont éreinté la démocratie à travers la confection d'une Lépi truquée et le K.-O. électoral subséquent ? Y aurait-il deux poids et deux mesures dans sa passion pour la démocratie ? D'où vient cette cécité sélective qui ne voit pas la nuisance démocratique du K.-O. électoral dont il fait partie des
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bénéficiaires politiques, distorsion frauduleuse qui continue d'étendre sa malédiction sur la Lépi, alors que tout à coup, dans une de ces résurrections éthiques miraculeuses dont il a le secret, plus prophétique que lui des dessous secrets de la révision tu meurs ? Malgré la satisfaction que peut éprouver tout démocrate de voir l’adepte du zig-zag politique rentrer dans le giron éthique de la continuité démocratique qu’il n'a pas toujours habité, on reste perplexe devant ce qui est devenu chez CANDIDE AZANNAÏ une habitude et une méthode : la rationalisation médiatisée de prises de positions paradoxales, justifiée par la revendication de la vérité, au risque de faire des actes d'hier de troublants mensonges d'aujourd'hui.
Adenifuja Bolaji
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