Au Bénin, les crimes pullulent, les scandales se multiplient, tous plus graves les uns que les autres mais jamais d'élucidation claire. Bizarre ! Depuis les crimes de sang crapuleux à motivation politique comme l'assassinat du juge COOVI un peu avant la prise de pouvoir de M. Yayi…, jusqu'au scandale de ICCS auquel le même Yayi n'est pas tout à fait étranger, sans compter la noria des crimes économiques qui alourdissent le passif gestionnaire et moral de son régime, aucune issue, aucun jugement, aucune élucidation n'est venue éclairer l'opinion ! Le modus operandi est invariable : les crimes se commettent, les scandales éclatent, il y a du bruit médiatique, des gesticulations politico-judiciaires et puis pschitt… plus rien. L'État et ses tenants confirment ce faisant le caractère tout-puissant des criminels d'État. Alors que les voleurs de moutons sont emprisonnés ou subissent, ce qui est plus cruel, la vindicte populaire. Cette passivité irrationnelle de l'État à réagir et punir vaut aveu de complicité. Les loups ne se mangent pas entre eux et le gentleman agreement des voleurs d'État est érigé en éthique ultime. Seule la gesticulation suborneuse répond aux révélations de crimes commis par les cadres, les ministres et les hommes politiques de haut niveau. En dehors de l'emballement judiciaire et médiatique incident, plus rien de concret ne vient éclairer l'opinion. Sur chaque crime, le peuple en perd son latin et reste sur sa faim : il ne sait pas qui a volé, quoi et pourquoi tel personne est jetée en prison sans jugement ; pourquoi tel en sort et pourquoi tel autre y reste. D'où vient cette prostration subite des pouvoirs publics et des organes spécialisés dès lors qu'il s'agit de punir les hommes de pouvoir impliqués dans des crimes ? Pourquoi tout à coup, contrairement aux crimes et délits ordinaires, la police et la justice mais aussi les pouvoirs publics perdent tout à coup leurs moyens ? Pourquoi lorsqu'un homme politique est soupçonné de corruption ou de crime économique, le pouvoir se contente au pire d'envisager sa démission--et l'opinion conditionnée s'en satisfait--comme si la déchéance administrative était la réponse légale au crime que le citoyen qu’il est a commis. C'est ainsi que le chef de l'État lui-même--sans parler des cas sans nombre où sa responsabilité personnelle peut être établie ou démontrée--qui est le responsable ultime des nombreux scandales, affaires et crimes économiques commis par ses amis politiques et collaborateurs, n'a pour sanction unique possible que l'éventualité de démissionner. Un subterfuge qui fausse le débat sur sa responsabilité légale et juridique en tant que citoyen et qui n'est qu'un leurre oiseux dans la mesure où cette menace agitée par les médias ou les hommes politiques comme un chiffon rouge, n'est jamais suivi d'effet. La meilleure façon de se défendre étant d’attaquer, au lieu de se rendre à la justice de son pays pour être jugé des crimes qu'il a commis ou dont il est responsable, le président va créer de toute pièce le problème politique de sa pérennisation au pouvoir, et dans le meilleur des cas, offrir à terme la résolution heureuse de ce problème comme |
paravent à sa responsabilité pénale ainsi subtilement éludée. Quitter le pouvoir à la fin de son mandat alors qu'on pourrait s'y accrocher est d'un héroïsme si monumental qu’il efface tous les crimes commis sous son règne. Cette sanctuarisation judiciaire du président par le chantage politique est une contribution de taille à la confirmation de l'impunité des politiques. Elle agit de façon pernicieuse comme l'envers de la corruption. Alors que l'honnêteté et la probité des premiers responsables auraient été d'une exemplarité pédagogique inestimable pour le peuple, l'impunité du président de la république et de ses amis achève de banaliser la corruption en marquant l'intouchabilité et la toute-puissance judiciaire des tenants de l'État. Au risque d'apparaître comme dictatoriale, la lutte contre la corruption doit mettre en œuvre une forte volonté et des actes positifs. Cette lutte doit être fondée sur l'exemplarité sacrée des dirigeants et des cadres de l'État ; et à défaut, sur l'exemplarité des sanctions. Dans cet ordre d'idées, il est nécessaire de séparer la responsabilité pénale d'un homme politique de sa responsabilité politique, et celle-ci ne doit pas servir de bouclier, de chantage ou de substitut à l'assomption de celle-là. Dans le cas des crimes purement économiques et financiers, il est plus qu'urgent de créer un Bureau de Saisie et de Compensation Financière des Crimes Économiques dont la mission serait de veiller au remboursement du manque à gagner, des préjudices ou des sommes détournées ou dues à l'État. Il ne suffit pas de s'acharner sur le volet constitutionnel de la lutte contre la corruption pour s'assurer de son effectivité mais mettre en jeu une volonté et une exemplarité au sommet de l'État. Ce qui est loin d'être le cas sous le régime actuel du « Docteur » Thomas Boni Yayi à qui nous devons le musée béninois de la corruption Anatɔ Bébéjèwé |
Nous devons nous empresser de revendiquer le possession du Musée universel de la corruption, patrimoine protégé par l'UNESCO.
Rédigé par : Thomas Coffi | 25 octobre 2013 à 11:35