Yayi Boni va par monts et par vaux en prenant toute sorte de personnalités à témoin de sa décision de quitter le pouvoir en 2016. D'abord est-ce que ce genre de protestations de bonne foi a un sens, à strictement s’en référer aux contraintes constitutionnelles et au respect strict de l'esprit de la démocratie ? Il n'y a ni manifestation de probité ni expression d'une quelconque bonne volonté là où il n'y aurait pas eu en réalité de choix. Jurer qu'on ne violerait pas la veuve n'a aucun sens puisqu'on n'était ni obligé de la violer ni censé la violer. Mais en vérité, ces protestations de bonne foi sont aussi espiègles que cyniques parce qu'elles cachent à peine le piège de la duperie au détour du chemin. Considérons deux personnalités importantes à qui M. Yayi aurait promis de quitter le pouvoir en 2016 : le Pape François et le président François Hollande. Soit dit en passant pourquoi M. Yayi s'évertue-t-il à faire de telles promesses à ces grandes personnalités ? Parce que les gens à qui il fait ces promesses sont des témoins constitutionnels de la vie politique béninoise ? Parce que de telles promesses vont rassurer les Béninois ? Tout cela laisse songeur. Mais revenons et considérons les deux François célèbres à qui Yayi Boni aurait fait la promesse de partir en 2016 : le pape et le président français. Si en 2016, après avoir pris l'argent du pays pour commander marches de soutien sur marches de soutien à son honneur, M. Yayi se présentait aux élections sous prétexte qu'il ne pouvait pas ne pas répondre à la demande pressante du peuple qu’y peut contre le Pape François ? Est-ce que le Pape excommunierait Yayi Boni pour s'être présenté aux élections en dépit de sa promesse contraire ? Est-ce qu'une fois réélu à coups de fraude comme il le fait à son habitude, si Yayi Boni demandait audience au pape François pour avoir le plaisir stupide de se montrer s’agenouillant devant lui en signe de pardon pour d'obscurs pêchés, est-ce que le pape refuserait de le recevoir ? Évidemment non ! Pour ce qui est de prendre le président de la France à témoin de sa bonne volonté de respecter l'esprit de la constitution, franchement, laissez-nous rire. Qui ne sait pas qu’un complexé, un homme sans personnalité et flagorneur comme Yayi Boni est un joyau de rêve pour
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la Françafrique dans son écurie présidentielle en Afrique ? Et lorsque par chance elle a pu en avoir un, s’en séparer pour cause de fin de mandat constitutionnel est d’un déchirement auquel elle ne se résoudrait que contrainte et forcée ( comme au Sénégal). Tout le monde sait qu'à l'instar du hold-up électoral de mars 2011 assisté ouvertement par la représentante du PNUD et l'ambassadeur de France de l'époque, la France de François Hollande, pourvu que l'événement ne suscite pas beaucoup de morts et de vague, serait bien prête à jouer les sourds-muets et aveugles dans son intérêt. Dans ces conditions quel chef-d'œuvre d'hypocrisie des deux côtés que de prétendre avoir promis aux grands de ce monde de partir du pouvoir à la fin de son mandat en 2016 ? Quelle hypocrisie dès lors qu'au mieux, il n'y aurait aucune force de contrainte pour empêcher le forfait et qu'au pire ceux à qui l'on fait cette promesse sibylline, comme le prouvent les cas du Gabon avec les Bongo, du Togo avec les Eyadéma, du Burkina Faso avec le règne sans fin de Compaoré, et comme a failli le prouver le cas sénégalais avec Abdoulaye Wade, la France au premier chef, fût-elle celle de François Hollande, fermerait les yeux sur un forfait qui l’arrange et qu'elle se contenterait, le cas échéant, de condamner du bout des lèvres.
Adenifuja Bolaji |
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