ABUJA - Le parti au pouvoir au Nigeria demeure profondément divisé après la scission du mois dernier . Et tandis que certains politiciens disent qu'ils peuvent réunifier les deux parties, la scission est déjà source d’une tension qui augure de ce qui pourrait être une violente élection présidentielle en 2015. Depuis sa transition d'un régime militaire à un régime civil en 1999, tous les présidents du Nigeria, y compris l'actuel président Goodluck Jonathan, sont issus du PDP. Et même à deux ans de 2015, la saison électorale du Nigeria est déjà en plein essor . Le mois dernier, sept gouverneurs ont dans une fronde exigé une nouvelle direction du PDP, un mouvement que l'ancienne direction a qualifiée d’« égoïste et perfide ». Le parti est maintenant divisé en deux groupes populairement appelés le PDP et le «nouveau PDP. » Le «nouveau PDP » accuse le gouvernement d'incompétence, de corruption et d’incapacité à enrayer les crises sécuritaires. Il exige que Jonathan annule son intention - certes non annoncée - de se lancer dans la course électorale de 2015. Muhammad Lawal Isa, le président du « nouveau PDP » à Bauchi, dans le nord du Nigeria, a déclaré que la section locale était censée établir un plan d’action le samedi, mais quand ils sont venus à la réunion, ils ont été dispersés par des forces de l’ordre. Lors de l'inauguration du bureau d’un « nouveau PDP » le mois dernier dans l'État de Rivers dans le sud, la police a déclaré la réunion criminelle et a décroché les drapeaux du PDP et du Nigeria à la devanture du bâtiment. Depuis lors, les dirigeants des deux parties s’échangent des noms d’oiseau dans la presse locale, chacune prétendant que l'autre cherche à affaiblir la nation. Mais certains membres du PDP disent que la division est temporaire et que les deux parties ne seront pas en concurrence, mais fusionneront après des négociations qui doivent débuter le 7 Octobre. «Un comité a été crée qui va maintenant instaurer l' entente finale et, en fonction de leurs demandes, des démarches pacifiques seront prises par le Président de sorte que les frustrations seront finalement résolues une fois pour toute », a dit le porte-parole du PDP, M. Mohammed Jalo. D'autres disent que la réconciliation est impossible car aucune des deux parties n’acceptera de ne pas présenter son candidat à l’élection présidentielle de 2015. Les partisans des partis de l'opposition, qui récemment ont fusionné dans un «méga-parti » nommé APC, disent que la scission est une aubaine, car elle va également diviser l'opinion publique, ce qui donnera à l'opposition une meilleure chance de gagner en 2015. Dans son bureau dans le delta du Niger, au cœur du fief de Jonathan, Isitoah Ozoemenea , le chef du département des sciences politiques de la Faculté d'éducation à Warri, affirme que les élections au Nigeria n'ont jamais été entièrement contestées en raison de la domination du PDP. « Je suis un de ceux qui souhaitent que non seulement la question mette à nu la pourriture à l'intérieur du système, mais donne la possibilité de l'émergence d'une opposition crédible », a dit Ozoemenea. Mais au Nigeria, les élections ce n’est pas seulement une simple affaire de votes. Les politiciens sont connus pour recruter de jeunes désœuvrés pour intimider leurs opposants, et les loyautés politiques sont souvent basées sur la religion, l'ethnicité et l’invisible fracture nord-sud du Nigeria. Yusuf Arrigasiyyu, le directeur exécutif de la Ligue musulmane de la responsabilisation à Kaduna, une ville sise dans la zone dite de « ceinture centrale », où plus de 800 personnes sont mortes dans les violences post -électorales en 2011, dit que si le parti au pouvoir reste divisée, 2015 pourrait être pire. «S’ils insistent pour que Jonathan ne se présente pas aux prochaines élections selon ce que je vois des menaces de ces gens du delta du Niger, il va y avoir des problèmes. C'est pourquoi la base commence à prendre position. Et si elle commence à prendre parti, je crains le pire pour le Nigeria », a-t-il dit. La prochaine élection a-t-il dit est déjà embourbée dans la confusion et la violence postélectorale sera inévitable, peu importe les concurrents. Le «nouveau PDP », pense-t-il, n’est qu’une fracture de plus pour à alimenter les affrontements.
amené et Trad. par Binason Avèkes
|
|
|
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.