Dans son enfance laborieuse et remplie de privations, personne n'aurait pu deriner que la petite fille avide de scolarité deviendrait un jour une femme cultivée engagée et militante pour les causes humanitaires. Ingénieur en Biotechnologie, diplômée en Administration et Économie de la Santé, psychologue Interculturelle, et chercheuse en Sciences Politique et Sociale, Eugénie Dossa-Quenum parcourt le monde et donne des conférences. Engagée, elle assure à « Médecins du Monde » le transfert de technologie par ses compétences en Biologie et prend également part à la défense des populations éprouvées par une injustice socio-économique et oubliées par les institutions. Membre actif de la « Ligue Internationale de Femmes pour la Liberté et la Paix », en plus de ses interventions sur l'origine ainsi que la prévention des conflits dans les pays en guerre, eue a initié un projet qui est celui de la scolarisation obligatoire et gratuite pour tous les enfants, les filles en particulier. Car, sans Éducation dit-eRe, û ne peut y avoir ni développement, ni démocratie ni paix. Son combat solitaire a déjà eu un écho favorable à {'UNESCO à Paris et aussi au Bénin, son pays d'origine. Eugénie Dossa-Quenum en publiant l'histoire de son enfance - qui se révèle être l'histoire d'une battante - entend faire de son Zivre un outil de travail aussi bien pour la jeunesse du monde que pour les parents et tous ceux qui ont en charge cette jeunesse. On ne peut pas lire « Gény petit ange sorcier du Bénin » sans verser de larmes. Du moins au tout début de l'ouvrage. Ensuite, au fil des pages l'émotion vous submerge, la colère contre les gouvernants se mêle tour à tour à la joie immense de découvrir une petite fille qui ne baisse jamais les bras. Elle n'a qu'une idée en tête : faire des études et aller le plus possible. Son leitmotiv dans la vie, c'est aider au développement des pays qui stagnent depuis 50 ans d'Indépendance, en commençant par l'émergence de la femme africaine, donc par les filles, nombreuses au Bénin et en Afrique, qui n'ont pas accès à la scolarité. Mais comment réaliser son rêve, elle qui toute petite déjà devait aider sa mère au marché pendant que les enfants de son âge allaient à l'école? Rêver de diplômes, de livres et de changement de vie pour les enfants quand on doit recourir à toutes sortes de subterfuges pour apprendre soi-même à lire et à écrire ne relève-t-il pas de l'utopie? Mais comment a-t-elle pu franchir toutes ces étapes pour atteindre son premier objectif qui était le B.E.P.C. ? Elle explique: «Ma mère était une commerçante et je vendais avec elle au marché de Cotonou très tôt comme la plupart des fillettes de mon pays. Et pourtant, mon rêve le plus ardent était d'être scolarisée et d'aller le plus loin possible dans les études. À force d'acharnement, j'ai fini par débuter l'école à l'âge de 8 ans, À l'école primaire, pourtant laïque et gratuite, la distance (trop longue] à parcourir chaque jour était un obstacle à surmonter. La faim aussi. Les uniformes et les fournitures scolaires étant à la charge des familles, je devais continuer à aider ma mère dans son commerce. Ainsi j'étais écolière le jour et petite vendeuse d'oignons et d'œufs de pintade le soir devant notre maison en revenant de l'école. Puis je contribuais aux tâches domestiques et ne me mettais à apprendre mes leçons et à faire mes devoirs que tard dans la nuit à la lueur d'un lampion, je dormais très peu et j'étais souvent fatiguée mais la motivation ainsi que l'espoir d'y arriver me soutenaient». C'est donc en connaissance de cause qu'elle a pu affirmer en mars dernier : « Le problème de la scolarisation des petites filles est un véritable fléau dont les conséquences à long terme sont désastreuses pour les pays dont il constitue un frein pour le développement». C'était à New York lors de la 55e Commission du Statut des Femmes où elle représentait la Ligue Internationale de Femmes pour la Paix et la Liberté (WILPF, en anglais). Un atelier francophone placé sous le thème de « l’Accès de toutes les filles à l'éducation y compris les filles invisibles par absence d'État civil ». Tout un programme ! Car pour Eugénie Dossa-Quenum, en plus de l'illettrisme et de l'analphabétisme, un des grands maux qui rongent les sociétés africaines, est la non-déclaration des filles à l'État civil. Ainsi, c'est par manque de moyens financiers et aussi à cause de la place négligeable réservée aux femmes dans ces sociétés que certains parents ne jugent pas utile d'inscrire leur progéniture féminine sur les registres de l'État. Un credo qui fait de son livre, récemment paru aux éditions de Broca à Paris, comme elle dit si bien « une leçon d'espoir à l'usage de toutes les fillettes d'Afrique ou d'ailleurs dans le monde, désireuses de bénéficier du droit au savoir inscrit dans la Charte des droits de l'homme ». Et pourtant Eugénie se souviendra toute sa vie que face à sa vie familiale difficile qui ne pouvait lui permettre d'obtenir d'elle-même la moyenne nécessaire pour prétendre à une bourse de l'État, sa mère dut l'inscrire dans un collège privé en classe de 6e. Une raison de plus pour continuer à l'aider à vendre au marché. Arrivée en 5e, sa mère ne pouvant plus financer ses projets scolaires, Eugénie n'avait d'autre possibilité que de passer le concours d'entrée en 4e. Elle fut la seule fille parmi les 400 candidats admis à travers tout le pays. Grâce à la bourse obtenue, elle put continuer jusqu'au BEPC. Elle saura plus tard que dans son pays, le Bénin, 10 % de filles arrivent à franchir le niveau de la classe de 6e et seulement 1 % des filles scolarisées parviennent jusqu'au BEPC Mais elle, en son temps, avait pulvérisé tous les records. Contact________________________________ Dossa-Quenum, courriel : [email protected] Tél.:+33 6 62266820
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