Les rangs du Bénin comme huitième pays le plus pauvre au monde et troisième pays le plus pauvre de l'Afrique ne devraient être une surprise pour personne. L'ancien président français Jacques Chirac a exprimé un avis défavorable sur la démocratie en Afrique par un propos devenu fameux: «La démocratie est un luxe pour l'Afrique». La démocratie est incompatible avec la pauvreté parce que les hommes doivent répondre à leurs besoins de base avant d'aspirer à la liberté et à la démocratie. Tant que les gens sont maintenus dans la pauvreté, il est impossible qu'ils montrent leur attachement à la démocratie. C'est ce principe machiavélique qui semble inspirer les politiciens béninois qui font de la pauvreté une alliée dans leur volonté de modifier la constitution qui interdit un troisième mandat. Une fois que la constitution sera modifiée, techniquement le Bénin deviendra une nouvelle république et l’actuel président Boni Yayi sera autorisé à se présenter pour un nouveau mandat. Contrairement à ses promesses de campagne, Boni Yayi n’a jusqu'ici rien fait pour changer les perspectives économiques du pays. Que ce soit dans l'amélioration de la compétitivité du Port de Cotonou par des mesures spécifiques, ou dans la stimulation de la production agricole du pays à travers la soi-disant révolution verte, ou le fait de coopérer avec des entrepreneurs privés pour créer des emplois pour les jeunes chômeurs, l'échec est complet. On dirait que Boni Yayi n'a pas vraiment envie de tenir ses promesses, parce que si l'économie du Bénin se portait bien, les ouvriers et les paysans des zones rurales ne pourraient pas être si facilement manipulés avec des billets qui leur sont jetés en pâture pendant les campagnes électorales. Si les villageois et les citoyens béninois ordinaires n'avaient pas faim dans leurs village natales abandonnés, ils n'auraient pas dû venir à Cotonou et d'autres villes secondaires dans la seule activité salutaire : le zemijan ; Yayi Boni et son entourage ne pourraient pas s’assurer de leurs soutiens tarifés lors des manifestations organisées pour la modification de la constitution. Boni Yayi n'hésite pas à montrer son opposition aux citoyens de la classe moyenne, aux organisations syndicales, à l'Église catholique et à l'élite des affaires qui ne sont pas prêts à soutenir son projet despotique d'amendement de la Constitution. MM. Talon et Adjavon deux milliardaires béninois que Boni Yayi connaît bien pour avoir bénéficié de leur soutien durant la campagne présidentielle de 2006, sont deux figures emblématique de cet acharnement. M. Talon a confirmé sur RFI (Radio France Internationale) l’aide financière qu’il a portée à Boni Yayi en 2006. Si Boni Yayi veut rester au pouvoir au-delà de 2016 le soutien de ces personnes lui sera très important. La plupart des Béninois pensent que c'est pourquoi les entrepreneurs qui ne soutiennent pas la volonté du président d'amender la Constitution sont persécutés. Mais de cette confrontation avec les hommes d'affaires, l'économie béninoise souffre : la production cotonnière est à la baisse, à l’instar des performances du port de Cotonou et des entreprises privées. La pauvreté est sûrement un allié de Boni Yayi parce que, comme l’a dit Machiavel le prince ne doit tenir ses promesses, que s’il en tire bénéfice. Améliorer la vie des citoyens ordinaires du Bénin n’est pas dans l’intérêt de Boni Yayi. Au contraire, il a tout intérêt à maintenir le peuple dans une pauvreté abjecte. Ceux qui ont pris Boni Yayi pour un novice en politique doivent en rester bouche bée….
amené et trad. par Binason Avèkes
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