Monsieur Houngbédji, merci de bien vouloir vous prêter à cet exercice de la conjugaison au conditionnel de votre action politique. En supposant que vous n’ayez pas été volé de votre élection qu'est-ce que le président de la république que vous auriez été aurait fait que l'actuel président n'a pas fait ? Ou qu'est-ce qu'il n'aurait pas fait que l'actuel président a fait ou est en train de faire ? Certes il est plus facile d’énoncer ses intentions au conditionnel que de les conjuguer au présent mais au regard de la situation politique actuelle du Bénin, votre position nous intéresse Dix choses que le Président Adrien Hungbéji aurait Faites que Yayi n'a pas faites Eh bien cher Monsieur un simple observateur objectif ou bienveillant de la vie politique de notre pays aurait certainement énuméré les décision suivantes : 1. La construction du siège de l'Assemblée Nationale Et si vous aviez demandé à un sympathisant du PRD, peut-être qu’il vous aurait répondu que : a) Au titre des choses que je n’aurais pas fait et que M. Yayi a faites.
1. Je n’aurais pas cherché à caporaliser les institutions de la République 2. Je n’aurais pas encouragé le non accès des courants politiques différents du mien aux médias publiques 3. Je n’aurais pas mis tant de ressources, d’énergie et de temps des ministres et cadres au service d’une seule filière agricole (coton) 4. Tout en respectant le secteur privé, je n’aurais pas fait preuve de tant de collusions 5. Je n’aurais pas fait preuve de tant de confiscations des libertés. 6. Je n’aurais pas mis la charrue avant les bœufs en de nombreuses occasions, notamment dans la soi-disant mécanisation de l’agriculture b). Au titre des choses que j’aurais faites et que M. Yayi n'a pas faites. 1. J’aurais pris les dispositions urgentes pour la correction de la LEPI (vu les conditions qui ont précédé les élections) 2. J’aurais pris les dispositions pour que les élections communales aient lieu à bonne date 3. J’aurais initié un dialogue social franc et sincère 4. J’aurais lancé les audits des organisations publiques, rendu publics les résultats et pris les mesures qui s’imposent 5. J’aurais laissé chaque ministre gérer son ministère en mettant l’accent sur la reddition effective des comptes (avec des dispositions concrètes) et non être le Président omniprésent (le matin dans les champs de coton, à midi au port avec les dockers, l’agrès midi à l’inauguration d’une petite usine de jus de fruit, le soir à la salle du peuple du palais de la république avec les zemidjans) 6. J’aurais commencé à donner à chaque étudiant un ordinateur et pris les dispositions pour faire effectivement du Bénin, un quartier numérique 7. J’aurais donné la preuve d’une véritable lutte contre la corruption 8. J’aurais allégé le palais de la république des « budgétivores » Pour ma part, je pourrais vous dire que 1. De par l’ampleur des forces politiques qui ont soutenu ma candidature j’aurais composé un gouvernement qui aurait, de par les compétences et le souci de l’équilibre régional, l’assentiment de la majorité de nos concitoyens. 2. J’aurais pris rapidement un décret d’application de la chartre de l’opposition qui permettrait à l’opposition de jouir de ses prérogatives constitutionnelles afin de bien jouer son rôle et favoriser le dialogue politique. 3. J’aurais œuvré sans délai pour que les institutions de l’État recouvrent leur crédibilité par un dialogue politique franc dans le respect des prérogatives de chacune d’elle. 4. J’aurais revisité les états généraux sur les différents secteurs de la vie publique, mis en place des commissions chargées de faire le point de chacun d’eux, de les mettre à jour et de proposer un ordre de priorité des recommandations. 5. J’aurais proposé rapidement à l’opinion publique un programme d’actions pour traduire en réalité mon projet de société en conformité avec le projet Bénin Alafia 2025. 6. J’aurais convoqué une table ronde des bailleurs de fonds pour leur expliquer mon projet de société en vue de susciter leur accompagnement. 7. J’aurais proposé un plan de développement harmonieux des régions du Bénin. 8. J’aurais créé un climat de confiance, promu les libertés individuelles, celle de la presse et donc la pluralité des opinions et assaini le climat des affaires. 9. J’aurais consulté chaque fois qu’il sera nécessaire les forces sociales en vue de la paix sociale. 10. J’aurais présidé les Conseil des ministres et veillé scrupuleusement à l’exécutions des décisions qui en sortiront. Cette conjugaison de Me Adrien Hungbéji au conditionnel de présidence est fort édifiante. Comme, nous l’avons dit plus haut, il est plus aisé d’énoncer ses intentions au conditionnel que de les conjuguer au présent. Mais avec l’expérience de l’homme, son désintéressement et sa pondération que personne ne peut mettre en doute, il est fort à parier que si le Bénin n’aurait pas été transformé en l’espace d’une demi-douzaine d’années en un dragon de l’Afrique comme le promettaient certains, les choses n’auraient pas été sur le plan socioéconomique aussi funestes qu’elles le sont maintenant. Sur le plan politique, on voit mal Me Adrien Hungbéji en train de faire une fixation sur la révision de la constitution dont le peuple ne veut pas, et qui est source de tension. Mais ce que cette conjugaison nous apprend par ricochet, c’est que hormis les défauts et les idiosyncrasies ou les qualités de ses prétendus ou possibles présidents, le Bénin est surtout confronté à des obstacles d’ordre éthiques qui rendent raison de sa difficulté à progresser en dépit de ses nombreux atouts. Bien que Yayi Boni soit indéniablement source de problèmes, le véritable problème du Bénin ce n’est pas Yayi Boni, mais nous-mêmes, dans nos pratiques, nos mœurs et notre mentalité, qu’il nous tarde de changer. Ceux qui ont passionnément contribué à écarter Me Adrien Hungbéji de la présidence doivent aujourd’hui méditer les implications de leurs actes. Cette méditation exprimée et partagée peut ouvrir la voie à une éthique de la responsabilité dont notre pays a besoin pour avancer. Atinpahun Basile |
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